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Antananarivo, 29 septembre: La promotion de la démocratie se féminise de plus en plus Á Madagascar. Que ce soit des jeunes ou des adultes, les femmes prennent la tête d’associations Å“uvrant pour la démocratie. Elles sont pétries de la conviction de pouvoir changer un jour leur pays et de le reconstruire Á travers une autre démarche: celle d’entendre et de faire entendre la voix du peuple malgache pour que la Grande Ile soit pleine d’espoir et d’avenir. Des femmes analysent ce nouveau phénomène.
En effet, selon Ketakandriana Rafitoson, coordonateur de la Women and Youth’s League for Democracy (WYLD), depuis longtemps les femmes avaient pris leurs responsabilités mais si elles s’étaient limitées au niveau socioéconomique, c’est Á cause de la conjoncture nationale. La cherté de la vie les a empêchées d’exploiter d’autres potentialités comme le combat pour les droits civils et politiques. Et c’était sans compter le machisme ambiant qui les a obligées Á se taire.
La situation a beaucoup évolué aujourd’hui. La libération et l’autonomisation de la femme malgache par le biais de divers programmes de formation axés sur le genre commencent Á porter leurs fruits. La plupart des associations de femmes ont inscrit dans leurs principales activités la promotion de la démocratie, en sus d’autres activités routinières de promotion des droits de la femme.
«Il y a aussi le fait que le bénévolat attire de plus en plus de femmes Á Madagascar, quelque soit le domaine de sollicitation. C’est lÁ une preuve supplémentaire de l’engagement de la femme envers des causes qui touchent son pays », explique Ketakandriana Rafitoson.
De son côté, le message martelé par Helinoro Rakotomalala de l’équipe nationale des éclaireuses malgaches est que voir des femmes Á la tête d’associations pour la démocratie est une bonne chose, en sus d’être une nécessité. «Les femmes sont conscientes qu’il y a beaucoup Á faire dans ce domaine de promotion de la démocratie, qu’elles peuvent et doivent agir pour améliorer la situation, et elles sont de plus en plus outillées pour prendre de telles responsabilités », explique-t-elle.
Récemment, des femmes malgaches ont pris l’initiative de revendiquer le droit du peuple malgache Á la paix et Á la démocratie. Le réseau d’associations de femmes de Madagascar, en collaboration avec le système des Nations Unies, a organisé le 20 septembre une marche pour la paix, suivie d’une session marathon de «zumba » dans la capitale Antananarivo et dans la ville de Toliary dans la partie sud de Madagascar.
«Ce que femme veut, Dieu veut, dit l’adage et nous les femmes de Madagascar, nous voulons que la paix et la démocratie règnent ». Ce slogan a été entonné par les associations de femmes pour clôturer la semaine de la célébration des Journées internationales de la démocratie et de la paix.
Josiane Robiarivony, organisatrice et militante membre du réseau des Femmes Artisanes de la Paix, pense que « c’est au peuple malgache de façonner la démocratie Á travers la promotion de la paix. Le pays en a besoin pour se développer. A travers la marche et la zumba, les femmes apportent un regain de dynamisme pour que le peuple malgache puisse s’investir et travailler de manière sportive Á la consolidation de la paix ».
A Toliary, autre ville dans le sud de Madagascar, c’est l’organisation Bel Avenir, composée de jeunes filles, qui fait la promotion de la démocratie.
Les instances internationales donnent aussi un coup de pouce Á la promotion de la démocratie. L’ambassade des Etats-Unis Á Madagascar a par exemple financé un nouveau projet de promotion de la démocratie qui est mené par Lala Harivony. Celle-ci est persuadée qu’avec cette aide, elle pourra non seulement promouvoir la démocratie mais aussi le genre.
Madagascar a certes signé et ratifié le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement et s’est également engagé Á appliquer les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Mais même s’il est clair que le pays n’atteindra pas la parité d’ici 2015 comme insiste le Protocole, ni tous les OMD qu’il s’était pourtant fixés, cet engagement de l’Etat a au moins eu le mérite de booster la participation des femmes Á la vie citoyenne. Et c’est déjÁ pas mal.
Fanja Razafimahatratra est journaliste en freelance Á Madagascar. Cet article fait partie du service d’information de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á l’actualité quotidienne.
Comment on Madagascar : la promotion de la démocratie se féminise