SHARE:
Madagascar : Vers l’inclusion participative des femmes handicapées
Par Fanja Razafimahatratra
De nos jours, des milliers de personnes handicapées de par le monde luttent encore pour le respect de leurs droits, en particulier les femmes qui sont dans ce cas. A Madagascar, elles sont parfois exclues de tout ce qui est projet de développement. Cependant, un pas pour la promotion des droits des personnes handicapées a été fait lors de la Journée mondiale des personnes handicapées, célébrée au début de décembre.
Ce jour-lÁ est Á marquer d’une pierre blanche pour les femmes malgaches handicapées avec le lancement d’un nouveau projet portant sur l’inclusion participative de ces dernières par le centre Sembana Mijoro, centre fondé par une handicapée physique, refuge pour plusieurs personnes handicapées, notamment des femmes, Á travers une école pour les handicapées.
Le centre Sembana Mijoro octroie des bourses d’études aux handicapées et se penche sur leur insertion professionnelle. Jusqu’Á présent, 20 personnes handicapées occupent actuellement des postes dans différentes entreprises et ce, grâce Á l’initiative de réinsertion du centre.
«L’objectif du projet consiste Á responsabiliser les femmes handicapées afin qu’elles prennent en main leur destin et puissent démontrer de quoi elles sont capables dans leur communauté », explique Fela Razafinjatovo, directrice du centre Sembana Mijoro.
En d’autres termes, le centre veut encourager les femmes Á prendre leurs responsabilités dans la vie quotidienne. L’enquête menée par le centre Sembana Mijoro en 2009 a démontré que la majorité des femmes handicapées reste dépendante et sans emploi. De plus, elles ont peur de prendre des responsabilités.
Si certaines élèvent seules leurs enfants, d’autres sont contraintes par leurs parents Á se faire ligaturer les trompes de Fallope après qu’elles aient accouché de leur premier bébé. «La plupart des femmes handicapées sont mal considérées, voire négligées par leurs familles et par la société », explique Fela Razafinjato, directrice du centre.
«De nombreuses femmes handicapées sont victimes de la marginalisation par rapport aux hommes handicapés. C’est toujours par rapport Á leur santé sexuelle et reproductive qu’elles ont des problèmes », annonce Arivony Lala Razafindrakoto, une des responsables du centre. Beaucoup aspirent Á fonder une famille mais leur handicap est un facteur qui les empêche de réaliser ce rêve.
«J’ai été contrainte de renoncer Á mon mariage. La famille de mon fiancé n’a pas accepté que son fils épouse une femme handicapée », se désole Anjatiana Ranaivosoa, une handicapée physique depuis la naissance. Elle se souvient encore du jour où son ancien compagnon l’a quittée pour une femme ‘normale’.
Elle n’est pas la seule dans cette situation car toujours selon l’enquête, 70% des femmes handicapées sont mères célibataires tandis que certaines sont victimes d’abandon conjugal. Une situation que l’association Sembana Mijoro veut changer avec l’appui de la Fondation Mama Cash des Pays-Bas, qui lui a octroyé un financement pour mener Á bien ce projet d’inclusion participative des femmes handicapées et ce, d’ici 2011.
«Plusieurs étapes seront franchies dont une enquête sur la vie quotidienne des handicapées physiques et les résultats serviront de feuille de route pour établir les démarches Á entreprendre, la formation des femmes handicapées, la tenue d’un forum national. Mais la finalité sera la création d’une fédération des femmes handicapées comme cela existe dans d’autres pays développés », souligne Fela Razafinjatovo.
Cette fédération sera une garantie pour ces personnes marginalisées. Elles pourront enfin élaborer et mettre en Å“uvre divers projets qui les responsabiliseront, » ajoute Fela Razafinjato.
Lors du lancement du projet du centre Sembana Mijoro, la ministre de la Population de la Haute Autorité de la Transition, Nadine Ramaroson, qui était présente, a profité de l’occasion pour lancer un appel Á toutes les plateformes et associations intervenant en faveur des personnes handicapées pour Å“uvrer ensemble pour le bien de ces personnes.
Pour les personnes handicapées, cette journée mondiale annuelle est une occasion de plus pour attirer l’attention sur eux afin qu’ils obtiennent le respect mais aussi des soutiens pour qu’ils puissent se prendre en charge par voie d’éducation et de formation.
Fanja Razafimahatratra est journaliste en free lance. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on Madagascar: Vers l’inclusion participative des femmes handicapées