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Lilongwe, 5 février: Au cours du mois de janvier, le président Peter Mutharika a déclaré le Malawi zone sinistrée après que des inondations ont frappé 15 des 28 districts du pays, faisant plus de 200 morts ou portés disparus et déplaçant 174 000 personnes Á travers le pays. Le département de gestion des désastres affirme que 638 000 personnes sont affectées alors que le rapport de la situation d’Oxfam indique que bien que les données ne soient pas décomposées par sexe, les femmes et les enfants sont affectés de façon disproportionnée par ces inondations. Dans tous les camps, les femmes et les filles dépassent les garçons et les hommes.
Charity Manyela, une des victimes de ces inondations qui a trouvé refuge dans un des camps de secours temporaire dans le district de Mulanje, déclare que les signes d’une autre averse sont aigre doux. « Lorsqu’il pleut, je n’ai pas besoin de m’embarquer dans le long et fastidieux processus de purifier l’eau boueuse et sale. Mais quand il pleut des cordes, les inondations obligent le camp Á se déplacer ».
Cette femme de 28 ans, mère de trois enfants, déclare que quand il ne pleut pas, elle est obligée d’être sur pied Á 4h pour aller puiser de l’eau des puits peu profonds parce que les eaux des puits de forage sont chargés de sédiments. De plus, parce que les drains sont bouchés et les facilités d’ablution détruites, le risque de contamination d’eau est élevé, de même que l’apparition d’une épidémie de choléra.
Comme c’est risqué de boire de l’eau et en l’absence de tablettes de purification, la seule façon de la purifier est de la faire bouillir. Charity Manyela doit ensuite parcourir de longues distances Á pied pour ramasser du bois de chauffage sec qui est difficile Á trouver. Les inondations ne tuent pas seulement les gens mais étouffent aussi l’accès aux autres ressources et aux cultures nécessaires Á la survie.
Les gouvernements et les bailleurs de fond internationaux doivent reconnaître le rôle central joué par les femmes dont la responsabilité, en raison de la division sexo-spécifique du travail, comprend la subsistance et la production alimentaire, les besoins domestiques en eau et en énergie. Les femmes dépendent grandement sur les ressources naturelles et l’environnement.
Il est indéniable que les hommes et les femmes sont et continueront Á être affectées de façon disproportionnée par les inondations et les autres catastrophes naturelles. De ce fait, la réaction au désastre en cours doit tenir compte des besoins spécifiques des femmes et des filles, en particulier de celles qui sont Á la tête des foyers. Une approche tenant compte du genre est cruciale pour améliorer la reprise des activités après ce désastre.
Le Malawi a accueilli l’aide internationale et le soutien rapide des pays riverains. Selon le bureau du vice-président, le pays a recueilli l’équivalent de deux millions de dollars américains en donations et aides. Selon un rapport de la BBC, le pays a reçu 86 tonnes métriques de maÁ¯s, 190 tonnes métriques de farine de maÁ¯s, 304 tonnes métriques de haricots, 300 sacs de petits pois, 10 tonnes de porridge instantané et de Likuni Phala et 800 kilos de sucre.
Alors que la fourniture d’aliments, de vêtements et d’abris figurent en priorité sur l’agenda, une des préoccupations majeures est la sécurité des femmes et des filles dans les camps de secours. Il y a déjÁ eu des rapports Á l’effet que des hommes prennent avantage de la vulnérabilité de ces dernières et les abusent sexuellement. Dans des moments de désastre et de désespoir, les femmes sont souvent vulnérables, facilement contraintes et forcées Á troquer un rapport sexuel pour de l’aide. Cela met l’accent sur la nécessité pour le gouvernement et les secours aux désastres Á mettre en place des mesures garantissant la sécurité aux femmes et aux filles.
Pour pouvoir le faire efficacement, il est nécessaire d’avoir des données décomposées par sexe sur les personnes affectées. Cela fait plus de deux semaines depuis que les inondations ont frappé le pays et seuls quelques camps de réfugiés ont fait le décompte du nombre d’hommes et de femmes qu’ils abritent temporairement.
Une gestion uniforme des désastres n’est simplement pas sensible au genre. Il appartient au département de la gestion des désastres d’intégrer concrètement le genre et de s’assurer du décompte par sexe afin de garantir que tous les besoins des citoyens soient remplis. Alors que la pression monte pour que le gouvernement adopte une politique de gestion de risques des désastres dont l’ébauche est prête depuis six ans, une pression plus ciblée doit être dirigée vers l’assurance que cette politique soit amendée et que le genre soit intégré dans ce document.
Les organisations non gouvernementales, tout comme le gouvernement, doivent s’assurer que toutes les interventions soient sensibles au genre et que toutes les femmes comme Charity Manyela ne soient pas mises en marge des plans de progrès. Si rien n’est fait, le redémarrage des activités nationales seront calées, la vulnérabilité des femmes exacerbées et le pays sera plongé dans une plus grande pauvreté. A l’approche de la finalisation de l’agenda du développement international, les dirigeants du Malawi, de l’Afrique australe et du monde doivent s’engager Á intégrer le genre dans leurs budgets nationaux, avec un accent spécifique sur le changement climatique. Les besoins et les rôles des femmes doivent être fermement ancrés dans tous les plans relatifs au changement climatique et au développement durable.
Daud Kayisi est coordonnateur des médias et de la communication Á Oxfam du Malawi. Cet article fait partie du service d’information de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á l’actualité quotidienne.
📝Read the emotional article by @nokwe_mnomiya, with a personal plea: 🇿🇦Breaking the cycle of violence!https://t.co/6kPcu2Whwm pic.twitter.com/d60tsBqJwx
— Gender Links (@GenderLinks) December 17, 2024
Comment on Malawi: les secours aux inondations doivent tenir compte du genre