Maurice: Enfin une femme Á  la vice-présidence de la République!

Gender Links se joint au concert de félicitations Á  l’égard de Monique Oh San Bellepeau, première femme dans l’Histoire de Maurice Á  avoir été nommée vice-présidente de la République. Après presque quarante ans d’indépendance et deux décennies de République, une femme occupe désormais un cinq des plus importants postes du pays.

Plusieurs personnes pourraient arguer que le poste de vice-présidente est inutile. D’autres ont été aussi loin que de dire qu’un pays aussi petit que Maurice n’a pas besoin d’un vice-président alors que quelques autres ont tergiversé Á  propos du salaire et des allocations extra-salariales attachés Á  ce poste. Mais la nomination de Monique Oh San Bellepeau n’est pas qu’un symbole fort confirmant que l’égalité du genre figure en bonne place sur l’agenda du gouvernement mais c’est aussi une victoire pour les activistes du genre et les Mauriciennes dans leur ensemble, de même que pour les femmes de la région. Elle remplace actuellement le président de la République qui est Á  l’étranger et ceci est en vérité une première.

Le succès de Monique Oh San Bellepeau fait partie du processus démocratique de justice envers le genre et de donner la voix aux sans voix. Monique Oh San Bellepeau a une longue histoire d’activisme social et a une bonne maîtrise des médias du fait qu’elle ait travaillé Á  la Mauritius Broadcasting Corporation durant les années 60. Elle a aussi été secrétaire d’Etat au ministère du Développement rural et urbain de 1995 Á  l’an 2000. En 2009, elle a été décorée par la République, obtenant la distinction de Grand Officier de l’Ordre de l’Etoile et de la Clé de l’Océan Indien, pour services rendus dans les domaines politique et social.

Cette nomination cadre avec la section 16 de la Constitution de Maurice qui garantit l’égalité du genre, de même qu’avec les dispositions 12-13 du Protocole de la Communauté de Développement de l’Afrique australe (SADC) qui stipule que «les Etats membres doivent tout mettre en Å“uvre pour que d’ici 2015 au moins 50% des postes de décision dans les secteurs public et privé soient occupés par des femmes ».

Répondant aux questions de la presse, la nouvelle vice-présidente a déclaré que «Le Premier ministre croit dans la capacité des femmes et veut que les femmes aillent de l’avant ». De son côté, le Premier ministre a fait le commentaire suivant: «Je crois en l’égalité du genre et c’est ainsi que je le montre ».

Nous souhaitons sincèrement que Monique Oh San Bellepeau montrera Á  ses détracteurs qu’elle n’est pas inutile et qu’elle est capable de prendre des mesures décisives pour l’avancement des questions du genre.

Invitée Á  remettre les certificats de participation Á  l’issue d’une formation de Gender Links sur les femmes et la politique, Monique Oh San Bellepeau avait eu ceci Á  dire: «Gender Links aurait dÁ» m’avoir invitée Á  suivre cette formation. Mais il n’est jamais trop tard. Je peux me joindre au prochain groupe ».

Maintenant qu’elle occupe ce poste, la première femme vice-présidente n’aura pas le loisir de suivre un cours de Gender Links mais nous lui faisons confiance pour inspirer les autres femmes Á  entrer en politique et Á  les aider Á  prendre les mesures appropriées pour qu’elles soient candidates aux prochaines élections des collectivités locales.

Depuis les élections de mai 2010, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a réalisé des premières en matière de genre. Pour la première fois, Maurice a eu une femme ministre de la Santé. L’appellation du ministère de la Femme a été modifiée en ministère de l’Egalité du Genre. Un ministère de l’Intégration sociale a été créé. Et 30% des secrétaires parlementaires privés sont des femmes. Nous avons toutes les raisons de croire que Maurice fera d’autres avancées positives en la matière lors des prochaines élections des collectivités locales et que nous nous éloignerons définitivement du chiffre de 6.4% de femmes dans ces instances comme c’est le cas actuellement.

Loga Virahsawmy est la directrice du bureau francophone de Gender Links. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.