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Port-Louis, 15 décembre : Les résultats des élections sont tombés comme une bourrasque jeudi dernier avec la victoire de la coalition de l’opposition, l’alliance Lepep, menée par l’ancien président sir Anerood Jugnauth. Celle-ci a remporté la majorité des sièges. Alors que les vents de changements sont porteurs de célébrations par rapport Á la première femme qui sera nommée présidente de la République, en l’occurrence la professeure Ameenah Gurib-Fakim, ces mêmes vents ont emporté toute chance pour plus d’égalité du genre au Parlement.
L’alliance Lepep a remporté 47 sièges, l’alliance PTr/MMM a perdu tous les sièges dans 11 circonscriptions du pays, incluant celle de l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam, Á savoir Pamplemousses-Triolet. L’alliance PTr/MMM n’a remporté que 13 sièges sur un total de 60 dans les neuf autres constitutions. De ce fait, les 12 femmes alignées par l’alliance PTr/MMM ne sont pas éligibles pour un siège au Parlement. Huit des neuf femmes alignées par l’alliance Lepep ont été élues et seront Á l’Assemblée nationale.
Sur les 15 pays de la SADC, Maurice a régressé en termes de pourcentage de représentativité des femmes au Parlement. Le pays occupait la 10e place avec 19% de femmes parlementaires mais il est maintenant relégué Á la 12e position avec seulement 13% de femmes au Parlement (huit femmes sur 60 parlementaires). Cependant, le samedi 13 décembre, ce pourcentage a encore été ramené Á peau de chagrin lorsque l’identité des sept Best Losers a été connue. Depuis, la représentation féminine au Parlement a reculé Á 12% (huit femmes sur 69 sièges Á l’Assemblée nationale). Maurice se trouve désormais Á la traîne avec quatre autres pays de l’Afrique australe ayant la plus faible représentation féminine au Parlement, Á savoir le Malawi, la Zambie, la République Démocratique du Congo et le Botswana.
Il est malheureux qu’Á part Sheila Bappoo, ancienne ministre de la Sécurité sociale et de la solidarité nationale, Kalyanee Juggoo, secrétaire générale du PTr et Nita Deerpalsing, leader de l’aile jeune, les candidates de l’alliance PTr/MMM, ont été alignées dans des circonscriptions qu’elles n’avaient jamais labourées auparavant. C’est honteux car au moins une ou deux auraient pu avoir été nommées Best Losers. Parmi les perdantes au sein de l’alliance PTr/MMM, il y a quatre anciennes femmes ministres de la Femme et de l’Egalité du Genre, Á savoir Arianne Navarre Marie, Sheila Bappoo, Indranee Seebun et Mireille Martin.
Maya Hanoomanjee, ancienne ministre de la Santé et de la Qualité de la Vie, a été la seule femme candidate de l’alliance Lepep Á ne pas être élue. Elle figurait dans l’unique circonscription où le PTr/MMM a remporté les trois sièges. On se souviendra néanmoins d’elle comme la première femme Á Maurice qui a brisé les stéréotypes et accepté un poste dominé par les hommes, Á savoir le maroquin de la Santé. En tant que ministre, elle a travaillé avec les gens et pour les gens, visitant chaque hôpital pour mettre en place des systèmes et s’assurer que les services de santé offerts soient efficaces et efficients.
L’article 12 du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement demande que les « Etats membres mettent tout en Å“uvre d’ici 2015 pour que la parité soit effective dans tous les postes de décision des secteurs publics et privés, y compris par le biais de mesures de discrimination positive comme stipulé dans l’article 5 ». Maurice n’a pas signé ce Protocole en raison de la clause Á propos de la discrimination positive.
Mais lorsque la volonté politique est présente, on peut y arriver. Car Á la suite de l’application d’une approche neutre du genre dans la nouvelle loi sur les collectivités locales, en une seule élection, le nombre de femmes conseillères a quadruplé, passant de 6% Á 24%. Les espoirs des femmes étaient grands après la présentation de l’ébauche du Livre Blanc sur la réforme électorale. Cette ébauche s’appuie sur la loi sur les collectivités locales avec l’objectif de légiférer et avoir un quota du genre au niveau national. Malheureusement, ce texte de loi n’a pas été présenté au Parlement avant les élections générales. Si cette législation avait été votée et promulguée, la représentation des femmes au Parlement aurait atteint au moins 33%.
Les femmes apportent des perspectives importantes et des intérêts différents dans les processus de prises de décision qui sont souvent négligés en raison de leur faible représentation en politique. Les 13 pays de la SADC signataires du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement travaillent de façon proactive pour atteindre une représentation égale de femmes et d’hommes dans tous les postes de décisions. Les observateurs électoraux de la SADC, de l’Union Africaine et du Marché Commun pour l’Afrique de l’Est et australe (COMESA) parmi d’autres, ont parlé d’une seule voix et ont critiqué Maurice pour le faible pourcentage de femmes élues et ont appelé Á un redressement rapide de la situation.
Nous ne pouvons qu’espérer que le nouveau gouvernement élu sous le leadership du Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, et du vice Premier ministre, Xavier-Luc Duval, accorderont une plus grande place aux femmes. Une façon de le faire est de nommer Maya Hanoomanjee, Speaker de l’Assemblée nationale, de même qu’augmenter le nombre de femmes au Conseil des ministres.
A l’approche du Nouvel An, souhaitons que les vents du changement soufflent Á nouveau mais cette fois en direction des femmes, de l’égalité du genre et de la justice.
Loga Virahsawmy est l’ancienne directrice du bureau francophone de Gender Links et membre du conseil d’administration de cette organisation non gouvernementale de l’Afrique australe. Cet article fait partie du service d’information de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á l’actualité quotidienne.
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— Gender Links (@GenderLinks) March 5, 2025
Comment on Maurice: Les femmes dans les vents des changements politiques