Musique régionale: les femmes artistes ont le vent en poupe Á  Maurice et ailleurs


Date: October 25, 2010
  • SHARE:

2010 a été l’année de la reconnaissance de plusieurs artistes masculins de talent qui sont Á  l’origine de la culture musicale Á  Maurice. Fanfan, Serge Lebrasse ou encore Michel Legris qui font du séga, la danse locale, comptent plusieurs décennies de carrière. Néanmoins, depuis l’an dernier, et 2010 le confirme également, les femmes artistes prennent le relai et cartonnent même dans la plupart des styles musicaux.

En séga par exemple, genre qui a toujours été dominé par les hommes, de nouvelles chanteuses ont émergé et ont brillamment su conquérir le public mauricien dans son ensemble. On pense Á  Sandra Mayotte et son tube Kayambo, sacré disque de l’année 2009 par la station de radio nationale. Sandra Mayotte, qui après une longue pause musicale, est revenue en force.

Idem pour sa collègue animatrice de radio, Linzy Bacbotte, qui a changé complètement de style mais dont la beauté de la voix est restée la même, faisant le public être amoureux de son tube intitulé «Amoureuse ».

Linzy Bacbotte et Sandra Mayotte ont non seulement brillé avec leur album mais ont fait de magnifiques concerts dans la plus grande salle de spectacles de Maurice, Á  savoir le Swami Vivekananada de Pailles, région périphérique de Port-Louis.

Si autrefois, les artistes femmes ne pouvaient Á  elles seules organiser des concerts, les données ont changé avec la maturité des Mauriciens sur le plan de la connaissance musicale et du divertissement. La foule était au rendez-vous quand Linzy Bacbotte a présenté son album et Sandra Mayotte a bénéficié du même soutien.

A ces deux belles voix féminines s’ajoute celle de Laura Beg qui vient d’épouser une autre personnalité du séga, en l’occurrence Alain Ramanisum. Laura Beg, qui a été formée Á  la Réunion a apporté un nouveau souffle au séga mauricien en reprenant des tubes anglophones et en les convertissant en séga et cette tactique a payé avec son tube «Sentiman ».

Laura Beg a eu la même reconnaissance en se présentant sur scène et a rejoint le trio de femmes musiciennes devenues incontournables sur le plan local et même régional. Laura Beg, Sandra Mayotte et Linzy Bacbotte sont très connues et aimées dans les iles de l’Océan Indien.

Un autre style, peu connu celui-lÁ  Á  Maurice mais qui prend de l’ampleur est le gospel. Il y a quelques années, un chanteur appelé King, avait révèle ce type de musique pop qui fait bouger et dont les textes visent avant tout Á  faire connaître aux gens l’amour de Dieu pour eux.

Plusieurs groupes, avec comme principales voix des femmes, ont vu le jour, Á  l’instar de El Shaadai, Chosen ou encore Kerusso. Kerusso, qui a pour principale chanteuse, Pascale Christome, a connu un grand succès cette année avec son album «La vérité ».

Sur les dix titres de cet album, Pascale Christome en interprète quatre. «L’album a été bien accueilli et j’en suis ravie et satisfaite. Le gospel prend de l’ampleur. On apporte un message de paix et d’amour dans ce monde plein de conflits. J’écris mes propres chansons et j’avoue que ce n’est pas difficile. On n’a qu’Á  regarder le monde où l’on vit et la mélodie vient d’elle-même. Dans mes chansons, je mets l’accent sur Dieu qui nous aime malgré tout. Je pense tirer un autre album l’an prochain », explique la chanteuse de Kerusso.

Autres styles qui existent depuis des lustres mais qui n’étaient certes pas le premier choix des Mauriciens sont l’opéra et la musique classique. LÁ  encore, les femmes sont Á  l’origine de la propagation musicale et culturelle de ces styles de musique. On note ici la détermination et la persévérance de Veronique Zuel-Bungaroo pour que les Mauriciens s’intéressent Á  l’opéra.

Pour cette chanteuse, la raison pour laquelle l’opéra est encore méconnu Á  Maurice est que ce style n’est pas assez exposé aux Mauriciens Á  travers les médias et en particulier la radio. Et pourtant, elle souhaite qu’ils puissent apprécier l’opéra. « Il y a dans l’opéra de grandes sensations et d’immenses émotions capable de toucher chaque individu ».

En septembre, elle sera la «Carmen » des Mauriciens et espère apporter la diversité au public. «J’aurais tellement souhaité qu’il n’y ait pas qu’un type de public pour l’opéra. L’opéra devrait être accessible Á  tous les Mauriciens. Le plus important, c’est d’être réceptif Á  la musique et aux émotions qu’elle déchaîne. C’est une expression d’émotions et aussi de puissance. On oublie toujours que nous utilisons toutes nos ressources pour projeter notre voix et porter la puissance musicale ».

Interpréter le personnage de Carmen n’est pas une mince affaire mais pour la cantatrice, c’est avant tout avec passion qu’elle le fait. «Carmen, c’est une Å“uvre contemporaine. C’est une histoire d’actualité. Que ne ferait-on pas par passion? Toutes les femmes peuvent se reconnaître dans ce personnage ».

Et Véronique Zuel-Bungaroo aura Á  ses cotés la sublime soprane, Natacha Finette Constantin. Évoluant dans les plus grandes salles de France, c’est toujours un plaisir pour elle de monter sur scène dans son pays natal. Travailleuse, Natacha s’est toujours donnée Á  fond. «La voix exige de l’attention. Le travail est le maitre mot parce que, comme un sportif, le corps doit être entrainé quotidiennement. Autrement, il ne réagit pas assez vite » soutient-elle.

A Madagascar, les femmes cartonnent également. Même le groupe le plus populaire malgache, Mahaleo, fondé dans les années 70 et composé d’hommes uniquement, invitent des femmes chanteuses Á  les accompagner pendant leurs concerts, dont Bodo et Poopy, deux voix irrésistibles dans la Grande Ile.

Les meilleures chanteuses malgaches ont le vent en poupe depuis ces cinq dernières années. On pense Á  Ounja de groupe Tinondia, voix venue de sud de la Grande Ile, soit de Tulear, mais qui a su contre vents et marées conquérir tout Madagascar.

Melky fait toujours forte impression avec son tube «Faut pas compliquer ». Les autres grands noms de la musique malgache, tous des hommes, se font souvent accompagner par une sublime voix féminine. C’est le cas pour Babaique qui a fait un tabac en compagnie de Cynthia avec sa chanson « Anao Tiako » qui veut dire «C’est toi que j’aime ».

En Afrique du Sud, même si c’est Shakira qui a interprété la chanson officielle de la Coupe du Monde 2010, une Sud-Africaine a chanté avec elle et c’est une des plus belles voix du moment, Á  savoir, Zolani du groupe Freshlyground. On serait donc tenté de dire que les plus belles voix musicales demeurent les femmes.

Paul Sophonie est journaliste Á  Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


0 thoughts on “Musique régionale: les femmes artistes ont le vent en poupe Á  Maurice et ailleurs”

juanalbertollanos says:

sandra mayotte-kayambo-excelent.(argentine).

Comment on Musique régionale: les femmes artistes ont le vent en poupe Á  Maurice et ailleurs

Your email address will not be published. Required fields are marked *