Nathalie Razafindehibe : promouvoir le genre coÁ»te que coÁ»te

Nathalie Razafindehibe : promouvoir le genre coÁ»te que coÁ»te


Date: April 9, 2012
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Le parcours de cette Malgache est exemplaire. Malgré une route semée d’embÁ»ches, Nathalie Razafindehibe a tout fait pour valoriser la femme. Gender Links a reconnu ses efforts et c’est pour cela qu’elle a été désignée lauréate lors du premier sommet national sur la justice du genre au sein des collectivités locales organisé entre les 12 et 14 mars dernier dans la capitale malgache. Elle fait partie des 12 lauréats qui s’envoleront pour Johannesburg en Afrique du Sud pour participer au Sommet régional sur la justice du genre au sein des collectivités locales en avril prochain.

Le nom de Nathalie Razafindehibe n’est pas méconnu des activistes du genre car elle a beaucoup Å“uvré pour la promotion du genre Á  Madagascar. Mieux, son nom est de plus en plus dans la bouche des politiciens grâce au dynamisme qu’elle a démontré dans la mise en application de la feuille de route des projets du genre.

Si Nathalie Razafindehibe est aussi attachée Á  la défense du genre, c’est qu’elle a eu un parcours difficile en tant que fille et femmes. En sus d’avoir vécu le divorce de ses parents, elle a subi la violence dans son foyer. C’est lÁ  qu’elle s’est mise Á  se préoccuper du sort de la femme. «Je me suis dit qu’un jour, il fallait que j’apporte ma contribution en faveur de la femme afin qu’elle puisse jouir d’une paix intérieure et extérieure, », souligne-t-elle.

Nathalie Razafindehibe a été en mesure d’apporter sa pierre Á  l’édifice du genre Á  partir de 1994 quand elle a créé l’Association des Femmes pour le Développement. C’était pendant qu’elle fréquentait l’université de Toamasina, ville portuaire Á  l’est de Madagascar. A l’époque, les activités de l’association consistaient Á  appuyer les femmes rurales et les autonomiser par le biais de l’alphabétisation.

Soucieuse de toujours aider la femme du mieux qu’elle peut, Nathalie Razafindehibe a orienté dès 2002 ses activités dans la lutte contre la violence Á  l’égard des femmes. Aux côtés de Mathilde Rabary, présidente de l’association des victimes de non violence, une autre figure de proue dans la promotion de la femme Á  Madagascar, elle a réussi Á  mettre en place un réseau pour combattre la violence Á  l’égard de la femme dans les 21 régions de la Grande Ile.

Après avoir agi auprès des communautés de base, Nathalie Razafindehibe a voulu toucher les sphères les plus élevées. Ainsi, lorsque la crise sociopolitique a débouché sur le coup d’Etat de 2009 Á  Madagascar, elle a intégré une organisation de la société civile et a plaidé pour la participation des femmes dans la recherche de solutions pour sortir de la crise.

Son désir de faire de la politique ne date pas d’hier. Il a été déclenché par l’emprisonnement de son père, opposant de gauche, en 2002. Avant cela, son grand-père avait également été arrêté en raison de ses choix politiques. C’est en 2010 qu’elle a pu concrétiser cette envie, Á  travers la plateforme de l’Union pour l’Avenir de Madagascar (UAMAD). «J’ai été proposée par ce parti comme membre signataire pour la mise en Å“uvre de la feuille de route du genre. Je voudrais montrer aux politiciens hommes que les femmes sont aussi capables qu’eux. Il est temps que les femmes prennent leurs responsabilités dans la politique pour mieux avancer et faire avancer la cause de leurs consÅ“urs », souligne-t-elle.

Si autrefois, les politiciens malgaches n’avaient pas l’habitude de voir des femmes intégrer des partis politiques, ils commencent Á  réaliser que les femmes sont en train de se faire leur place comme c’est le cas pour Nathalie Razafindehibe, qui sait faire entendre sa voix et ses opinions.

Non seulement elles trouvent leurs marques en politique mais aussi dans des postes de décision où elles sont de plus en plus nombreuses. Par exemple, 20% des sièges au sein du conseil supérieur de la transition (CST) sont occupés par les femmes contre 16% pour l’ancien conseil de la transition (CT).

Pour la première fois dans l’histoire de Madagascar, le gouvernement compte beaucoup de femmes ministres. Elles sont au nombre de neuf sur 28 et deux secrétaires d’Etat, soit 27%. Il reste toutefois 3% Á  aller pour atteindre l’objectif que le pays s’est fixé d’ici 2013, soit 30% de femmes Á  des postes décisionnels. Toutefois, aucune femme n’a été nommée chef sur les 22 régions existantes. Seulement 4,5% des communes sont dirigées par des femmes et 2,5% d’entre elles sont Á  la tête des fokontany, comités de quartiers.

La route est encore longue pour les femmes au niveau de la base. Nathalie Razafindehibe en est consciente et ne s’avoue pas vaincue. «Nos prochains efforts iront vers l’organisation d’un mouvement pour nommer des femmes au niveau du comité électoral de chaque district. »

En attendant leur réalisation, elle est heureuse de représenter Madagascar au troisième sommet régional de Gender Links sur la justice du genre et les collectivités locales et Á  la remise des trophées récompensant les meilleures pratiques. Manifestation qui aura lieu entre les 23 et 25 avril 2012 Á  Johannesburg, Afrique du Sud.

Pour elle, c’est une sorte de reconnaissance envers ses 18 années d’interventions en faveur de la promotion du genre Á  Madagascar. «C’est une sorte d’encouragement Á  promouvoir non seulement la valeur du pays mais aussi celle des femmes », conclut Nathalie Razafindehibe.

Fanja Razafimahatratra est journaliste freelance Á  Madagascar. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 

 


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