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Les membres du neuvième parlement ougandais ont récemment prêté serment, avec une représentation féminine jamais obtenue jusqu’ici. En effet, les femmes parlementaires ougandaises occupent désormais 35% des 375 sièges disponibles alors que jusqu’Á tout récemment, ce pourcentage était de 30%.
Cette augmentation de la représentation féminine en Ouganda est arrivée Á un moment où l’Afrique du Sud va vraisemblablement enregistrer une baisse dans la représentation féminine au niveau de ses collectivités locales. D’autres pays de l’Afrique australe ont aussi récemment enregistré un recul incitant plusieurs activistes Á réclamer des quotas pour protéger les droits des femmes.
Ce bond en Ouganda est grandement dÁ» Á l’augmentation du nombre de districts, décision controversée. Les observateurs les plus critiques avancent que cette création continue de nouveaux districts par le Mouvement National de Résistance (MNR), soit plus de 60 durant la dernière décennie, favorise un système de patronage et entraînent des coÁ»ts inutilement élevés pour la gestion des affaires du pays.
Indépendamment des désavantages potentiels, l’ancienne parlementaire Jane Alisemera, présidente sortante de la Uganda Women’s Parliamentary Association (UWOPA), estime que ce système est bénéfique aux femmes. « Il fonctionne et nous, les femmes parlementaires faisons avancer les choses ».
Les femmes parlementaires directement élues ont la garantie d’obtenir un poste dans les districts d’Ouganda mais en sus de cela, elles peuvent aussi représenter les circonscriptions. Sans le facteur district, le nombre de femmes en politique aurait été nettement inférieur en raison des tendances patriarcales et des inégalités économiques encore très présentes.
Dans la Tanzanie voisine, qui réserve 30% des sièges parlementaires aux femmes et les autorise aussi Á briguer d’autres sièges – la représentation des femmes est passé de 30.3% en 2005 Á 35% lors des dernières élections de 2010.
Cependant, le nombre de femmes parlementaires a chuté de 31% Á 22% en Namibie après les élections de 2009 et le Botswana est le pire élève de la région en termes de représentativité des femmes au Parlement, tombant Á 6.5% en 2009 alors que ce pourcentage était de 18% cinq ans plus tôt. Aucun de ces deux pays ne fait appel au système de quotas pour s’assurer de l’élection des femmes.
L’Afrique du Sud est le pays qui se rapproche le plus des dispositions du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement qui demande Á ce qu’il y ait une représentation équitable de 50% de femmes et 50% d’hommes dans les instances de décision d’ici 2015 avec 45% de femmes parlementaires. Cependant, elles sont toujours Á la traîne au sein des collectivités locales avec seulement 37% de candidates femmes sur les 53 000 candidats Á s’aligner.
Face Á ces reculs dans plusieurs autres parties de l’Afrique, les activistes du genre en Ouganda exultent. D’autres sont plus prudents, soucieux qu’ils du fait que si ces augmentations dans la participation féminine dans toutes les instances de décision ne sont pas protégées, la même situation risque de s’appliquer dans leur pays.
Au début du mois de mai, le chef de la commission électorale, Pansy Tlakula, a fait un appel pour l’imposition d’un système de quotas afin d’améliorer la représentativité féminine aussi bien dans le secteur public que privé.
En dépit des pas positifs en Ouganda, l’efficacité de la discrimination positive est encore discutée. Certains pensent qu’accorder des sièges réservés aux femmes au niveau des districts rehausse leur image et responsabilités mais ne leur fournit pas le financement correspondant.
Le Tanzania Gender Networking Programme déclare que les quotas doivent être remplis avec la même volonté politique, le même soutien financier pour les femmes que pour les ailes féminines indépendantes ou les comités de femmes. Les succès de l’UWOP le confirment. Sa structure initiale positionnait les femmes avec les ressources et les contacts de réseaux, qui ont Á leur tour établi des partenariats avec la société civile et les hommes sensibles au genre, précise Jane Alisemera.
Le système de quotas garanti par la Constitution a initialement boosté l’UWOPA qui n’a eu besoin que de cela pour réclamer et obtenir des législations en faveur du genre. Des lois contre la violence domestique, la mutilation génitale féminine et le trafic humain ont été votées avec la bénédiction de l’UWOPA durant ces dernières années.
La loi sur la violence domestique était la plus controversée car beaucoup de traditionnalistes disaient que le Parlement n’est pas le lieu voulu pour débattre de questions domestiques. Et ceci, en dépit du fait que les statistiques nationales de démographie et de santé indiquaient que trois quarts des Ougandaises étaient victimes de violence domestique.
Plusieurs personnes se disaient d’avis que cette question devait être réglée au niveau de la famille et des tribus. Cependant, un lobbying intense de l’UWOPA et de groupes d’activistes femmes a permis Á cette loi d’être votée et elle a été proclamée l’an dernier par le président Yoweri Museveni.
De tels exemples soulignent la nécessité d’avoir une représentation égale et plurielle dans les parlements, au niveau des collectivités locales et de tous les secteurs. Augmenter le nombre de femmes élues est un premier pas de fait. Les maintenir Á leurs postes devrait être le prochain. Ces deux étapes donnent généralement lieu Á des résultats réels et tangibles pour tous.
Philippa Croome est une journaliste canadienne basée en Ouganda. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on Ouganda: la représentation féminine en hausse