Pourquoi faire tant d’histoires maintenant?


Date: September 18, 2012
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Maurice, 14 septembre 2012. Par rapport aux autres pays de la Communauté de Développement de l’Afrique australe (SADC), la représentation féminine au sein des collectivités locales Á  Maurice est pathétique. Elles ne sont que 12.7% de femmes dans les conseils municipaux, 3.2% dans ceux de districts et 5.8% dans les conseils de villages. Certains conseils de districts ne comprennent que des hommes. Et pourtant, Maurice ose se considérer comme un modèle de démocratie.

Le vote en novembre 2011 d’une nouvelle législation sur les collectivités locales, connue comme la Local Government Act, a ouvert la voie et permis Á  Maurice d’affirmer qu’elle arrêtera de reléguer en touche 51% de sa population et qu’elle est vraiment le modèle de démocratie qu’elle se vante d’être.

Pourquoi donc Á  la veille de l’élection, l’opposition demande un amendement Á  cette loi afin de sanctionner ceux qui ne respecteraient pas le quota neutre au niveau du genre ? Les politiciens de l’opposition veulent-ils simplement gagner du temps ?

Certains politiciens citent le modèle français en s’abstenant de dire qu’en France, des politiques préfèrent s’acquitter de l’amende plutôt que de se conformer Á  la loi sur l’égalité du genre.

Cette guerre ne date pas d’hier. Depuis maintenant 12 ans, nous la menons en allant de village en village pour animer des formations et des ateliers de travail et sans cesse répéter l’importance d’avoir des femmes en politique.

Je n’oublierai jamais comment Hervé Aimé, le ministre des Administrations régionales m’a écouté en juin 2010 lorsque je lui ai fait part de notre chagrin d’avoir une représentation féminine aussi faible au sein des collectivités locales. Je ne m’attendais toutefois pas qu’il écoute avec attention mes doléances, les prenne en considération et agisse en conséquence. Il a marqué l’Histoire lorsqu’il a fait en sorte que la nouvelle loi sur les collectivités locales fasse provision pour un quota neutre au niveau du genre et ce, sur les listes de candidats.

Le ministre Aimé a même publiquement attribué une partie de sa réussite Á  faire voter cette loi au travail abattu par Gender Links. En effet, lors de son intervention Á  l’occasion de l’ouverture du Sommet sur la Justice du Genre et les Collectivités locales en avril 2012, il a fait ressortir comment l’article écrit par moi sur le sujet et publié dans la presse en juillet 2011 a contribué de façon significative Á  la promulgation de cette loi.

«Cet article est arrivé Á  point nommé du fait qu’il y avait des grincements de dents eu égard Á  la participation des femmes que nous avons insérée dans la nouvelle loi. Certaines personnes ont avancé qu’il serait difficile de trouver autant de femmes candidates alors que d’autres se sont demandé si l’introduction d’un quota neutre au niveau du genre n’était pas anticonstitutionnelle. Le ton de l’article en question était si optimiste qu’il a vraiment aidé Á  faire avancer le débat », a affirmé le ministre Aimé.
Le nouveau Local Government Act est un modèle innovant pour la région de la SADC. Maurice est cité comme le pays faisant montre de bonnes pratiques et le ministre Aimé est considéré comme le champion du genre de Gender Links.

Cette législation demande aux partis politiques d’aligner un minimum d’un tiers de candidats des deux sexes lors des élections municipales et villageoises. D’après Gender Links, il est clair que ceux qui ne se conforment pas Á  la législation verront leur liste de candidats rejetée par le commissaire électoral. De ce fait, nous ne comprenons pas pourquoi l’opposition demande maintenant un amendement Á  la loi pour faire provision pour des sanctions envers ceux qui n’aligneraient pas 33% de femmes ou d’hommes.

Nous connaissons la chanson et ce n’est pas maintenant, Á  la veille des élections, que des politiques viendront avec toutes sortes de prétextes et d’obstacles afin que les femmes continuent Á  être marginalisées. Cette nouvelle loi est une étape importante pour atteindre l’égalité du genre. C’est un pas révolutionnaire dans l’Histoire de Maurice. Le gouvernement a amendé la Constitution afin d’introduire cette loi et autoriser des quotas neutres au niveau du genre. Il y a eu un consensus au Parlement Á  l’époque de son vote car l’opposition a soutenu l’amendement Á  la Constitution.

Pourquoi venir mettre des obstacles Á  cette belle législation en réclamant des amendements pour sanctionner ceux qui la violeraient ? Pour nous, il est clair que toute liste de candidats qui ne se conformerait pas Á  la loi doit être rejetée. Ni plus, ni moins. Ne perdons donc pas de temps et ne mettons pas de bâtons dans les roues. Avançons au lieu de reculer.

Loga Virahsawmy est la directrice du bureau francophone de Gender Links Á  Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á  l’actualité quotidienne.

 

 

 

 

 


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