Près de 30% des travailleuses du sexe mauriciennes sont toxicomanes et séropositives


Date: September 3, 2011
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Le Dr Lisa Johnston, consultante des Nations-Unies en matière de criminalité et de drogue, a remis au gouvernement mauricien un rapport sur les travailleuses du sexe Á  Maurice. Il en ressort que 38.9% de ces travailleuses du sexe vivent en couple alors que 43.9% sont célibataires. Et près de 30% d’entre elles seraient usagères de drogue par voie intraveineuse et séropositives. C’est ce qu’a récemment annoncé le ministère de la Santé.
Ayant pour thème «Biological and Behavioural Survey Report on Female Sex Workers », l’étude apporte également d’autres informations sur les travailleuses du sexe, Á  Maurice. Par exemple, elle révèle que plus de 50% d’entre elles sont âgées entre 20 et 34 ans et que la majorité d’entre elles, soit 81.9% dépendent uniquement du travail sexuel pour joindre les deux bouts. Par rapport Á  la consommation d’alcool, 73.5% d’entre elles en consomment et 28.3% prennent de la drogue dont 37.4% sous forme d’injections.
Le rapport démontre aussi que 60.3% des travailleuses du sexe ont déjÁ  fait un test de dépistage au VIH/Sida et que 28.9% d’entre elles sont séropositives. Du côté du ministère de la Santé, l’on affirme que des mesures sont prises pour appliquer les recommandations du Dr Lisa Johnston en matière de prévention au VIH/Sida et aux autres maladies sexuellement transmissibles.
Les résultats de ce rapport ne surprennent guère les travailleurs sociaux. “La prostitution infantile se répand de région en région. Les jeunes filles viennent de couches sociales moyennes et défavorisées de la population. Elles sont vendues Á  la carte”, s’insurge Ally Lazer, qui déplore que ce soient “surtout des pères qui vendent leurs épouses et même leurs filles Á  leurs amis pour se procurer de la drogue.”
“Outre la dépendance Á  la drogue, il y a aussi la dépendance au partenaire, qui souvent est aussi le proxénète. Il y a lÁ  un gros problème affectif qui fait que la personne se retrouve dans un cercle vicieux. Ce n’est pas demain la veille qu’on va trouver une solution Á  cette situation”, explique Marlene Ladine, directrice de Chrysalide, centre de réhabilitation pour les travailleuses du sexe.
Certaines collégiennes se prostituent, mais elles opèrent dans des agglomérations très peuplées, en particulier dans des villes comme Rose-Hill, Beau-Bassin et Curepipe où elles ne risquent pas d’être reconnues. « Ces filles sont encore Á  l’école et acceptent de participer Á  ce genre de soirées pour se faire un peu d’argent » explique un chauffeur de taxi.
Un fait que confirme Marlene Ladine: «Je suis en contact avec des mamans et des enfants qui ont été vendues, victimes de viol ou ont subi des attouchements… C’est un cercle vicieux qui se reproduit et s’aggrave avec la drogue.”
Le plus dur, c’est de s’en sortir. «Il m’arrive de recevoir des filles de 15-16 ans qui viennent demander de l’aide et qui sont bien décidées Á  s’en sortir. Puis, après deux semaines, elles disent qu’elles n’en peuvent plus et repartent. Et un mois plus tard, elles téléphonent, disant qu’elles ont pris la mauvaise décision. Nous devons attendre que la personne soit prête. Ce n’est pas comme des petits pois que l’on met en boîte”, ajoute la gérante de Chrysalide.
Le «Child Welfare Programme » (CWP), initiative de la National Empowerment Foundation, vise Á  protéger les enfants vulnérables des risques qu’ils encourent dont celui de tomber dans la drogue et la prostitution. Les officiers de la NEF vont donc sur le terrain conscientiser parents et enfants.
Il faut Á  tout prix consolider les familles pour qu’elles aient des repères et n’immolent pas leurs filles sur l’autel du travail sexuel. Des campagnes de sensibilisation doivent se multiplier et être menées aussi bien par le gouvernement que par les travailleurs sociaux.

Jimmy Jean-Louis est journaliste Á  Maurice. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á  l’actualité quotidienne.

 


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