Présidentielle en RDC : Un candidat exclut la femme


Date: December 5, 2011
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«Vous serez surpris d’apprendre que je ne travaille pas avec les femmes dans mon entreprise ». Ces propos ont été répercutés le jeudi 17 novembre par une trentaine de médias congolais. Son auteur n’est pas n’importe qui. C’est l’un des 11 candidats Á  l’élection présidentielle du 28 novembre 2011 en République Démocratique du Congo (RDC).

Invité au programme produit par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) et diffusé par une trentaine de télévisions et de radios locales, le candidat Adam Bombole Intole a heurté la sensibilité de la femme en déclarant «qu’il travaille dans un domaine qui nécessite une attention soutenue et continue et qui peut créer des problèmes dans un foyer… Il a travaillé avec les femmes dans le domaine du secrétariat, mais le rythme de travail ne correspond pas au rythme de la femme ».

Cette déclaration a battu en brèche l’argument qu’il avait introduit en préambule Á  l’effet que: «la femme est mon égale. Je vais respecter la parité en fonction non seulement du sexe mais aussi des compétences. »
Je voudrais exprimer mon indignation face au propos d’un candidat qui voudrait demain diriger les Congolais et les Congolaises. Le candidat numéro 2 de l’élection présidentielle a oublié qu’il s’adressait Á  un électorat composé de près de la moitié de femmes et que ce sont ces mêmes personnes qui lui ont donné suffisamment des voix pour être député entre 2006 et aujourd’hui. Comment peut-il assurer la renaissance de la RDC, comme il le revendique, s’il estime que la femme est incapable de travailler au même rythme que l’homme? Lui qui a reconnu le mérite de certains pays africains dans le domaine de la représentation féminine, ne sait pas le faire au niveau de son entreprise. Ce qui donne Á  penser que son discours sur la promotion de la parité est vide de sens.

Or, le potentiel futur président devrait savoir qu’en plus de la Constitution, la RDC a signé des textes internationaux qui la contraignent Á  évoluer au même rythme que les autres pays. Parmi eux, le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement signé et même ratifié et qui appelle les signataires Á  faire le nécessaire pour atteindre 50% de représentation féminine dans tous les domaines d’ici 2015, y compris dans le secteur privé où évolue le candidat Adam Bombole Intole. Il serait intéressant de voir ce que le candidat Bombole a Á  dire, si jamais il est élu, quand les pays membres de la SADC seront appelés Á  mesurer leurs progrès par rapport aux dispositions de ce protocole.

La RDC a besoin de dirigeants qui font montre d’une volonté politique réelle pour instaurer la justice sociale. La question de la représentation féminine est justement une question de justice sociale. La femme n’est pas lÁ  seulement pour donner son vote Á  l’homme, qui malheureusement, ne la juge pas toujours Á  sa juste valeur. La preuve est que les femmes sont Á  peine visibles dans les structures de direction des partis politiques, et pourtant elles mobilisent la base.

Les Congolais et Congolaises doivent en prendre conscience Á  tous les niveaux, Á  commencer par la famille. La femme a certes des efforts Á  fournir pour réduire l’écart entre elle et l’homme dans l’éducation. Des pas importants ont été accomplis aussi bien au niveau local qu’international et nécessitent d’être soutenus et renforcés. Les discours qui renforcent les préjugés doivent être bannis du langage, surtout de celui des leaders ou aspirant Á  l’être. Nous avons besoin de vrais leaders hommes et femmes pour que la société congolaise puisse renaître.

Anna Mayimona Ngemba est journaliste en freelance en RDC. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


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