Rose Tumba Kaja : première femme bâtonnière en RDC

Rose Tumba Kaja : première femme bâtonnière en RDC


Date: October 28, 2014
  • SHARE:

La Congolaise est encore Á  l’honneur. Et cette fois, c’est au niveau de la haute magistrature que cela se passe. Pour la première fois, Me Rose Tumba Kaja a été nommée bâtonnière au barreau de Lumbumbashi, ville de la vaste province minière du Katanga au sud de la République Démocratique du Congo.

La cérémonie de passation des pouvoirs a eu lieu le 20 octobre 2014. Dès qu’elle a pris ses fonctions, la bâtonnière Tumba s’est engagée Á  renforcer la discipline au sein de la corporation. Elue la veille au cours d’une assemblée qui a réuni un parterre d’avocats et de juristes congolais, elle remplace Á  ce poste un homme et ce, pour un mandat de deux ans. Le bâtonnier est l’avocat élu par l’assemblée générale des avocats inscrits au barreau, assemblée instituée dans chaque ville ou province pour assurer la présidence du Conseil de l’Ordre des Avocats (COA). Parmi ses prérogatives, le bâtonnier a la responsabilité de tenter de résoudre les conflits éventuels pouvant opposer des avocats. En sus de diriger le COA, le bâtonnier préside aussi l’assemblée générale. Il peut aussi réunir le COA quand celui-ci doit se constituer en conseil de discipline.

«Dans notre profession, il n’y a pas de sexe sur la toge. Ceci pour dire qu’il n’y a rien de particulier Á  apporter en tant que femme, si ce n’est mon expérience et ma maturité professionnelle. » Paroles de la nouvelle bâtonnière recueillies Á  chaud au cours de la cérémonie de passation des pouvoirs.

Il faut, en passant, signaler que la nomination de Rose Tumba Kaja fait partie des souhaits émis lors des concertations nationales tenues dans la ville capitale, Kinshasa, il y a un an. Les décideurs qui avaient été recrutés dans toutes les sphères de la vie nationale, c’est-Á -dire Á  partir de l’opposition, la majorité au pouvoir, la société civile, les organisations non-gouvernementales et d’autres associations, avaient été unanimes Á  décider de considérer la femme comme partenaire tant sur le plan politique que socio-économique.

Cette élection est un motif de satisfaction pour les femmes qui n’ont pas manqué de féliciter l’heureuse élue et lui souhaiter plein succès dans ses nouvelles fonctions. Elle a un beau parcours. Cette femme de 55 ans, mariée et mère de quatre enfants, a décroché sa licence en droit économique et social auprès de l’Université de Lubumbashi (Unilu) en 1993 avec la mention distinction.

En 1995, elle a été inscrite sur la liste des stages du barreau de Lubumbashi. Deux ans plus tard, elle a été confirmée comme avocate au sein de ce même barreau. En 1998, elle a entamé une carrière d’enseignante Á  la faculté de droit Á  l’Université de Lubumbashi où elle est Á  ce jour chef des travaux.

Entre 2002 et 2005, elle a été membre du COA. En 2002, elle est devenue membre fondateur du barreau pénal international Á  Montréal au Canada. Et depuis 2003, elle est membre du barreau pénal international. Elle est aussi inscrite sur la liste des avocats conseils Á  la Cour pénale internationale de la Haye depuis 2005.

Son combat pour la femme lui a valu plusieurs diplômes de mérite. Elle reconnaît que l’encadrement qu’elle a eu, pendant plusieurs années, auprès de feu le bâtonnier Mbuyi Tshimbandi, lui a été bénéfique.

Elle s’est portée candidate au poste de bâtonnier par souci de toujours mieux faire. Et c’est Á  l’issue d’une longue attente qu’elle a été élue par ses pairs bâtonnière au barreau de Lubumbashi. Elle promet de travailler avec détermination pour tous et en particulier pour soigner l’image de la femme longtemps marginalisée Á  cause des stéréotypes basés sur des considérations purement sexistes. Mais elle insiste cependant sur le fait que même si elle a un cÅ“ur de femme et de mère, elle sera «le pater familias », soit le père de famille de tous les avocats. »

L’avant dernière nomination féminine avant celle de Me Rose Tumba Kaja, a été celle de Rose Mutombo Kiesse comme présidente du Cadre permanent de concertations de la femme congolaise (CAFCO), une organisation féminine qui milite pour la parité et le genre en RDC. Rose Mutombo Kiesse a déclaré au cours d’une interview accordée Á  la presse locale qu’elle se réjouit de la mise en Å“uvre progressive des recommandations issues des concertations nationales en faveur de la femme congolaise. «Je suis contente que lors de ces concertations, il y ait quand des recommandations allant dans le sens de 30% de représentation féminine Á  tous les niveaux de la vie sociale aient émergé, » dit-elle, tout en n’oubliant pas que le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, signé et ratifié par la RDC, demande Á  ce que la parité soit atteinte d’ici 2015.

Et même si la RDC a pris du retard sur cette disposition, les femmes représentent plus de 52% de la population. «C’est pourquoi la femme congolaise ne cesse de réclamer la loi sur l’application de la parité qui résoudra le problème de sous représentation féminine Á  des postes de décision. Mais pour cela, il faut de la volonté politique puisque les postes nominatifs ne nécessitent pas d’élections », insiste la présidente du CAFCO.

Etant donné que 2015 est au pas de la porte, les activistes du genre doivent militer cette fois pour un solide agenda post 2015. C’est n’est pas maintenant que nous devons baisser les bras.

Blandine Nzovo est journaliste en RDC. Cet article fait partie du service d’informations de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á  l’actualité quotidienne.

 


One thought on “Rose Tumba Kaja : première femme bâtonnière en RDC”

Jeff kabongo says:

Très chère maman Rose, ému et très ravi de votre haute personnalité et responsabilité au Barreau de Lubumbashi.

Sincères Remerciements…
Jeff kabongo.(Ami à Tina Tshimanga et Pépé).

Comment on Rose Tumba Kaja : première femme bâtonnière en RDC

Your email address will not be published. Required fields are marked *