République Démocratique du Congo : 103.0 Mégahertz, la fréquence espoir pour les déplacés de Muheto!

RDC, 2 avril: Masisi, un des six territoires de la province du Nord-Kivu Á  l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), est une étendue de terre où les Forces Armées Congolaises de la République Démocratique du Congo (FARDC) traquent les groupes armés qui y pullulent. La population de ces contrées fuit ces combats et certains ont trouvé refuge au camp de Muheto, ville située Á  près de 100 kilomètres Á  l’ouest de la ville de Goma. Malgré les difficultés du camp et l’angoisse d’avoir été obligés de fuir leurs villages natals, ces populations conservent leur ingéniosité. Un de ces réfugiés vient de mettre sur pied une radio qui émet dans le camp pour distraire et égayer ses semblables. Cette radio de fortune redonne le sourire Á  plus de 2000 familles qui vivent dans le camp de Muheto.

Le concepteur et animateur de cette radio qui émet sur la fréquence 103.0 est Tumaini Célestin, plus connu Á  l’antenne comme Tungurutunguru wa Ngwasuma. C’est un homme d’une trentaine d’années, père de trois enfants. Ayant appris la radiofréquence sur le tas, cet homme a décidé que la guerre leur a suffisamment gâché la vie et qu’il ne la laisserait pas leur prendre aussi leurs espoirs. C’est pour cela qu’il a fabriqué une radio qui, lorsqu’il dispose de piles, peut émettre toute la journée et couvrir un rayon de 10 kilomètres.

Depuis l’installation de cette radio dans le camp de Muheto, celle-ci est devenue le centre d’intérêt de tous les déplacés qui y vivent. Lorsqu’un problème survient au camp, c’est vers la radio que les habitants accourent. Une mère de famille affirme avoir pu retrouver son fils de quatre ans qu’elle avait perdu la veille dans un moment d’inattention et ce grâce, au communiqué passé Á  l’antenne de cette radio.

«Cette radio nous est d’une aide remarquable », affirme-t-elle avec large sourire. «Cela nous change tellement la vie que lorsque nous le pouvons, nous emmenons des piles Á  Tumaini Célestin. L’écoute de cette radio nous permet de nous évader et d’oublier momentanément nos soucis et les souffrances endurées », ajoute-t-elle. Amani, un jeune réfugié, qui reste Á  côté de l’antenne radio affirme que celle-ci leur redonne la joie de vivre et leur rappelle leur condition d’être humain que la guerre et ses horreurs ont tendance Á  leur faire perdre de vue parfois.

Avant de se retrouver dans le camp de Muheto, Tumaini Célestin a exercé comme réparateur d’appareils électro-ménagers dans son village natal de Kibarizo où il avait aussi sa propre radio qui émettait uniquement pour lui et sa maisonnée. Comme ces souvenirs-lÁ  lui semblent loin.

De sa tente située sur cette colline qui surplombe le camp et Á  partir de laquelle il émet, on peut apercevoir une longue antenne qui arrose la région de musique et des communiqués, ainsi que de dédicaces, pour le plaisir des réfugiés. A force d’émettre, Tumaini Célestin a réussi Á  susciter la passion pour l’animation radiophonique. En effet, quatre jeunes ont été intéressés Á  devenir animateurs et l’ont rejoint. Tumaini Celestin s’est fait un plaisir de leur apprendre ce qu’il sait du métier.

Sa principale préoccupation par rapport Á  sa radio, c’est de pouvoir se procurer du matériel lui permettant d’émettre dans un rayon plus large. Il est persuadé qu’avec du matériel adéquat, sa station de radio qu’il n’a pas encore nommée, pourrait émettre jusqu’Á  la ville capitale de Kinshasa, située Á  plus de 2000 kilomètres du camp.

«Nous devons arrêter de broyer du noir et réapprendre Á  apprécier les menus plaisirs de la vie, comme par exemple, écouter la radio », dit-il. Il convient de signaler que ces populations qui ont fui leurs villages suite aux conflits armés, souhaitent que l’armée loyaliste reprenne leurs villages aux mains des rebelles qui n’aiment pas la RDC et sa population mais seulement ses richesses. Elles ont foi en la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en RD Congo, en son appui aux forces loyalistes.

Leur souhait le plus ardent est qu’une paix durable revienne dans la région  pour que cette contrée puisse enfin se développer, ainsi que tout le pays.

Evelyne Luyelo est journaliste en RDC. Cet article fait partie du service d’information de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á  l’actualité quotidienne.