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Les questions et les défis liées Á la santé sexuelle et reproductive des jeunes est une préoccupation des décideurs des pays de l’Afrique australe mais aussi de ceux de Maurice. Selon la dernière ‘Contraceptive Prevalence Survey’ (CPS) effectuée en 2004 et dont le prochain est prévu pour 2012, le pays enregistre, chaque année, un nombre important de grossesses non-désirées. Ce qui résulte en des avortements clandestins estimés Á 20 000 cas. Entre 1991 et 2002, le pourcentage d’avortements a presque doublé, passant 9,3% Á 14,4%.
Ces questions et les défis qu’ils posent ont constitué le thème d’un atelier de formation résidentiel de deux jours Á l’intention d’une soixantaine de Youth Leaders du pays, âgés entre 15 Á 20 ans. L’objectif de cette formation était de mieux informer ces jeunes décideurs de demain sur la santé sexuelle et reproductive et ainsi les aider Á développer les attitudes et les comportements nécessaires leur permettant de faire un choix éclairé. Ceux-ci sont, Á leur tour, appelées Á partager les connaissances acquises avec d’autres jeunes Á travers le pays.
Organisé conjointement par le ministère de la Jeunesse et des Sports et la Mauritius Family Planning and Welfare Association (MFPWA), cet atelier est le deuxième du genre Á se tenir cette année et qui aborde le sujet de santé sexuelle et reproductive avec les jeunes. Les personnes ressources qui ont assuré cette formation venaient de la MFPWA, du Youth Network of Mauritius et du ministère de tutelle. Les autres sujets qui ont été abordés au cours de cette formation ont été les maladies sexuellement transmissibles, la prévention contre l’usage de drogues par voie intraveineuse et la sexualité.
Les rapports sexuels non protégés chez les adolescents sont non seulement Á l’origine de grossesses non-désirées mais aussi d’infections sexuellement transmissibles, dont le VIH/ SIDA, » indique Vidya Charan, la directrice de la MFPWA. Dans 50% des plaintes d’abus sexuels enregistrées auprès du ‘Drop-in Centre’ du ministère de l’Egalité du Genre, situé Á Bell Village, soit Á la périphérie de Port-Louis, la capitale, leurs victimes vivent une grossesse non désirée. Et toujours selon Vidya Charan, ces adolescentes qui tombent enceintes courent des risques de complications pendant la grossesse et au moment de l’accouchement. D’où l’importance d’informer et de former les jeunes pour qu’ils sachent au-devant de quoi ils s’exposent.
« Le but de ces deux formations était de mieux comprendre les jeunes et mieux faire passer des messages sur le VIH/SIDA et les maladies sexuellement transmissibles. Les jeunes de moins de 15 ans constituent un pourcentage important de la société, soit 21,6% de la population du pays. La jeune génération actuelle bénéficie de plus de facilités que celles du passé Á divers niveaux. Cependant, elle doit aussi faire face Á de nombreux défis en matière de santé sexuelle et reproductive, éviter l’abus sexuel, la grossesse précoce et les maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH/SIDA, » explique Vidya Charan.
D’où l’initiative du ministère de la Jeunesse et des Sports de regrouper les jeunes régulièrement Á travers de tels ateliers de formation pour qu’ils soient sensibilisés sur ces différents fléaux et d’autres problèmes sociaux. Un total de 699 jeunes, soit 313 filles et 386 garçons, ont bénéficié de ces formations en 2010. Au cours de la même année, quelques 6 487 jeunes (2 721 filles et 3 766 garçons) ont été sensibilisés aux problèmes sociaux tels que le VIH/SIDA, le suicide et l’abus sexuel.
Vidya Charan a récemment obtenu la reconnaissance de ses pairs car elle est aussi la vice-présidente de la Association of Chief Executives of Member Associations of the Africa Region (ACEMAAR), qui Å“uvre sous l’égide de l’International Planned Parenthood Federation (IPPF). L’ACEMAAR a plusieurs objectifs dont l’un d’eux est d’établir et de renforcer la coopération et la collaboration régionale et interrégionale dans les techniques de santé reproductive et sexuelle, les droits, l’information et les services offerts par les associations membres.
Il n’y a pas que Maurice qui soit inquiète pour les choix de sa jeunesse. Les pays africains en sont aussi conscients. En juin dernier s’est tenu la First African Intergenerational Dialogue sur le thème de «Young People and Sexual and Reproductive Health and Rights in Africa ». Conférence qui a vu la participation de grands leaders politiques africains actuels et passés dont le premier président de la Zambie, Kenneth Kaunda, la vice-présidente du Malawi, Joyce Hilda Banda et des membres de l’African Leaders Network dont le Pr Fred Sai du Ghana. Au cours de cette rencontre, ils ont pu dialoguer avec les jeunes sur les thèmes de la santé sexuelle et reproductive sur le continent.
Cette démarche de la MFWPA est en conformité avec les articles 26 et 27 du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement. L’article 26 ayant trait Á la santé, prévoit l’adoption et l’application de politiques et de programmes visant Á assurer un accès équitable Á des services de qualité en matière de santé sexuelle et reproductive. Tandis que l’article 27, axé sur le VIH/SIDA, demande notamment aux Etats membres de «développer des stratégies sensibles au genre pour prévenir de nouvelles infections ».
Bien que Maurice ne soit pas signataire dudit Protocole, il est réconfortant de voir que le pays applique plusieurs de ses dispositions dont ceux ayant trait Á la santé sexuelle et reproductive et au VIH/SIDA.
Jimmy Jean-Louis est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á l’actualité quotidienne.
Comment on Santé sexuelle: Former les jeunes Mauriciens pour qu’ils fassent des choix éclairés