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Kinshasa, 26 septembre: Les Congolaises auront du pain sur la planche au cours de la session parlementaire allant de septembre Á décembre. A la clôture de la session précédente, elles avaient ouvert trois fronts pour obtenir plus d’égalité entre les sexes eu égard Á le Constitution du pays qui consacre le principe de la parité femmes/hommes depuis 2006.
Lors d’une séance de travail, initiée par la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix, avec quelques femmes leaders de la société civile, autour de la sénatrice Eve BazaÁ¯ba, celle-ci a tiré la sonnette d’alarme. « Nous avons ouvert trois fronts et nous devons travailler en synergie pour ne pas nous fragiliser et tout perdre », a-t-elle. En effet, les trois fronts ouverts sont notamment le travail pour l’adoption de la loi sur la santé de la reproduction, la révision du Code de la Famille et la loi sur les droits des femmes et l’application de la parité femmes/hommes.
Conscientes de difficultés qu’elles rencontreraient face aux esprits conservateurs de la majorité de parlementaires, les femmes veulent s’engager avec méthode. La sénatrice Eve BazaÁ¯ba a été Á la base d’un travail de révision de la loi sur les droits des femmes et l’application de la parité hommes/femmes. Ce travail a consisté Á faire de nouvelles propositions d’articles qui ont posé problème Á la Cour suprême, notamment l’article 4 sur les quotas qui, sont en contradiction avec la parité consacrée dans la Constitution, les articles 5, 8, 38.
Pour la sénatrice, cette révision ouvre de nouvelles perspectives pour les droits des femmes par rapport aux sanctions liées Á une certaine représentation de l’image de la femme. Le grand défi ici est d’inscrire Á nouveau cette matière Á la session de septembre quand on sait qu’elle a déjÁ été adoptée par les deux chambres du Parlement et que c’est la Cour suprême qui l’a renvoyée aux parlementaires après que le chef de l’Etat ait émis de réserves pour sa promulgation.
L’autre danger que redoutent les femmes est la révision constitutionnelle. Le débat fait rage et une certaine opinion voudrait que parmi les articles Á réviser, le 14, qui consacre la parité hommes/femmes soit sur la liste. Les réseaux de femmes sont déjÁ aux aguets. Mais faudrait-t-il encore qu’elles participent alors Á ce débat sur la révision constitutionnelle ! Or la réalité est affligeante car bien peu de femmes s’y intéressent. Un appel a été lancé pour une participation active des femmes Á ce débat sur lequel focalisent les politiques depuis plusieurs mois déjÁ .
Le deuxième front ouvert consiste Á enfin obtenir la révision du Code de la Famille. Le processus a été engagé depuis plus de dix ans mais les choses évoluent Á pas de tortue. La ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant, Geneviève Inangosi, en fait son cheval de bataille lors de la session précédente. Pour atteindre cet objectif, elle a fait appel Á tous les partenaires engagés dans la défense des droits des femmes. C’est le cas de réseaux tels que le Cadre de Concentration de Femme Congolaise (CAFCO). Les débats ont commencé lors de la session parlementaire de mars et vont se poursuivre Á la session qui a débuté Á la mi-septembre.
Le troisième front est celui de l’adoption de la loi sur la santé de la reproduction. Faisant suite Á l’évolution du cadre légal, les questions liées Á la santé de la reproduction étaient très en retard. Il était donc temps de proposer une loi sur ce sujet aussi sensible que nécessaire. Les réseaux de femmes se sont également impliqués. Ils comptent bien continuer le travail amorcé pour atteindre l’objectif. Le pays a déjÁ adopté un plan opérationnel pour la réduction de la mortalité maternelle par la planification familiale.
Le combat du mouvement des femmes en RDC est un de longue haleine. C’est grâce Á la détermination d’un groupe de femmes avisées que ce pays a réussi Á inscrire dans sa Constitution l’article 14 qui reconnaît la parité hommes/femmes depuis 2006. Mais par la suite, les choses n’ont pas été aussi vite, faisant les femmes découvrir le vrai visage de la société congolaise, ancré dans le patriarcat.
Les femmes doivent donc continuer Á se battre. VoilÁ une autre occasion pour elles de défendre leurs droits. Pas seulement pour elles, mais aussi et surtout pour la petite fille congolaise d’aujourd’hui qui est la femme de demain. Pour y arriver, elles comptent sur certains hommes acquis Á la cause de l’égalité des chances entre les deux sexes. Elles doivent aussi rappeler Á leur gouvernement qu’il a signé et ratifié le Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement qui demande aux Etats membres de tout mettre en Å“uvre pour consacrer la parité hommes/femmes d’ici 2015. Aujourd’hui, plus personne et pas même l’Etat congolais, ne peut plus plaider l’ignorance ou l’oubli…
Anna Mayimona Ngemba est journaliste en RDC. Cet article fait partie du service d’information de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á l’actualité quotidienne.
Comment on Session parlementaire de septembre Á décembre: Trois fronts pour les Congolaises