S’habiller chic est Á  la portée de tous les Malgaches


Date: August 19, 2010
  • SHARE:

Le phénomène a pris de l’ampleur Á  partir de 1990 lorsque des organismes oeuvrant dans l’humanitaire ont commencé Á  distribuer des vêtements aux nécessiteux. Comme ces derniers ne pouvaient pas porter ces vêtements, ils les ont vendus pour une bouchée de riz. En voyant cela, quelques Malgaches ont eu l’idée de se lancer dans le commerce de vêtements d’occasion en provenance de France.

Manitra, un Malgache qui vit Á  Paris, raconte que ce sont des vêtements que les Français ont déjÁ  utilisé mais dont ils n’ont plus besoin ou qui les encombrent. Ils les abandonnent sur le trottoir pour que des gens sans domicile fixe qui pourraient en avoir besoin, puissent les récupérer. Autrement, ces vêtements se retrouvent dans les décharges publiques.

Toujours selon Manitra, les gens qui ramassent ces vêtements les envoient ensuite Á  Madagascar. La marchandise est récupérée dans les ports malgaches et revendue aux grossistes qui vont Á  leur tour les distribuer aux détaillants.

Quand on parle de friperie Á  Madagascar, on ne parle pas seulement de vêtements mais aussi d’autres accessoires comme des sacs, des chaussures et même des sous-vêtements qui se vendent très bien d’ailleurs. On peut aussi trouver du linge de maison comme les draps, les taies d’oreillers etc. Ces marchandises se vendent en balle. Au début, ces détaillants n’avaient pas le choix des articles. Ils pouvaient seulement acheter ce qu’il y avait.

Ce qui était amusant car dans une même balle, il pouvait y avoir des chapeaux de toutes sortes, comme il pouvait aussi y avoir des chaussures parmi les vêtements. Les détaillants étaient perdants car le prix restait le même alors que les marchandises lorsqu’elles sont vendues, n’atteignent pas le prix d’achat. De sorte qu’ils font peu de bénéfices.

Mais actuellement les grossistes procèdent autrement. Les balles sont de plus petite taille mais sont triés par article. Les détaillants peuvent choisir les articles eux-mêmes, sans toutefois avoir tout le loisir de les regarder tous car les balles sont scellés par des rubans de fer.

Line, une détaillante, se rend Á  Majunga avec comme bagages 4 balles de vêtements usagés. Elle s’est lancée dans ce commerce depuis quatre ans. Cette ancienne couturière a dÁ» diversifier ses activités car les clients ne venaient plus chez elle pour qu’elle leur couse des vêtements car le prix de la confection dépasse largement le prix des articles d’occasion. Ne voyant plus de rentrées d’argent, elle a décidé de se lancer dans ce commerce.

D’après ses explications, chaque région de Madagascar a ses propres exigences vestimentaires. Ce qui fait qu’elle trie les balles de friperie. Pour Majunga, elle a choisi des vêtements légers comme des shorts, débardeurs, des robes et des jupes légères, sans oublier des maillots de bain. Lors du tri, elle doit aussi faire attention aux couleurs car contrairement aux habitants des hauts plateaux, les habitants des zones côtières aiment les couleurs vives et des motifs. Son tri doit être méticuleux car les habitants de Majunga ont tendance Á  préférer les vêtements fabriqués en Chine aux vêtements d’occasion et dont les prix sont les mêmes.

La vente des vêtements d’occasion était une aubaine jusqu’Á  la crise. Comme beaucoup de gens ont perdu leur emploi, ils se sont lancés dans ce commerce. La concurrence est rude mais pour le moment, elle continue car elle ne veut pas grossir le rang des chômeurs.

Ceux qui achètent ces vêtements d’occasion sont issus de toutes les couches sociales. Seul l’emplacement des articles diffère quand on va au marché. En effet, les articles qui sont posés Á  terre sont moins chers que ceux qui sont placés sur des cintres. Au marché de Mahamasina qui se tient tous les jeudis, presque tous les étals sont occupés par des vendeurs de friperies.

Mais la partie Á  droite du stade est réservée aux gens aisés car on peut y voir des articles vendus Á  des prix vraiment très élevés, comme par exemple des bottes qui peuvent coÁ»ter dans les 100 000 Ariary, soit 50 dollars américains, alors que dans la partie gauche, on peut en trouver pour 20 000 Ariary, soit 10 dollars, et lÁ , on peut marchander.

Les Malgaches choisissent de se vêtir de vêtements d’occasion pour des raisons économiques certes mais aussi pour la marque car comme ces vêtements sont griffés, ils ont une plus longue durée de vie, contrairement aux produits chinois qui sont très fragiles.

 

Tatiana Rajaonarison est journaliste Á  Madagascar. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


Comment on S’habiller chic est Á  la portée de tous les Malgaches

Your email address will not be published. Required fields are marked *