Syndicalisme mauricien: montée en puissance des femmes


Date: July 28, 2010
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Des femmes occupent en effet, depuis le début de cette année, des postes clés dans ces syndicats. Ainsi, Rehana Ameer vient de prendre les rênes de la Mauritius Broadcasting Service Staff Association (MBSSA), syndicat des employés de la station nationale de télévision et de la radio. Elle est devenue présidente après que le président du syndicat ait été posté Á  Rodrigues. C’est avec joie qu’elle a accepté de reprendre le flambeau et est heureuse de la confiance placée en elle par les employés.

Pourtant Rehana Ameer n’a jamais aspiré Á  ce poste. « Je suis entrée dans le syndicalisme avec un seul but en tête: combattre la misère qui ronge les travailleurs et les injustices économiques et sociales qu’ils subissent. Je me souviens que je m’étais engagée avec l’aile féminine de la Federation of Parastatal Bodies, dont notre syndicat est affilié. Au début, je n’ai fait qu’assister Á  des séminaires mais je n’étais pas vraiment impliquée. Au fil des années, je me suis cependant rendue compte de l’importance de l’action syndicale et lÁ  je me suis donnée Á  fond. En une décennie, j’ai appris avant tout Á  être une syndicaliste responsable, Á  connaître les lois et les procédures et non pas juste descendre dans la rue. Je continue Á  apprendre ».

Rehana Ameer concède qu’il y a des difficultés d’être femme et syndicaliste en même temps. « On a toujours pensé que le syndicalisme, c’est un métier d’homme et la difficulté consiste Á  changer cette pensée. On y arrive quand on voit le nombre de syndicalistes femmes présentes dans les instances ».

Rehana Ameer souhaite qu’un plus grand nombre de femmes intègrent les instances de décisions des syndicats car l’avenir des travailleurs(euses) en dépend.

Autre syndicaliste femme Á  avoir gravi les échelons cette année est Damiantee Thylamay plus connu comme Rajshree. Elle a délogé Leckraz Imrith Á  la présidence de l’Union des Travailleurs du ministère de la Santé. Imrith était en poste depuis deux décennies mais n’a pu faire face Á  l’équipe menée par Rajshree Thylamay.

Pourtant, cette dernière avoue qu’elle n’était jamais intéressée par le mouvement syndical. « Je n’étais pas du tout intéressée au syndicalisme mais au social. Finalement, je me suis rendue compte que le syndicalisme est dans mon sang. Mon père était en effet président de village et un de mes frères a été vice-président de la Goverment Teachers Union, donc, je fais partie intégrante de cette culture de se battre pour les autres et être au service des autres ».

Malgré toutes ses bonnes intentions, Rajshree Thylamay ne convainc pas toujours. Elle explique qu’elle n’a pas la tâche facile dans ses fonctions. « Je suis convaincue que c’est parce que je suis une femme. J’ai eu le courage d’affronter une personne qui a occupé un poste pendant 20 ans et je l’ai battue. Les gens doivent comprendre et accepter l’égalité du genre. Il n’y a plus de règne des hommes mais l’égalité des chances et ma victoire l’a démontré. Je fais un appel aux femmes pour qu’elles se mobilisent et s’impliquent Á  fond dans le syndicalisme ».

Rajshree Thylamay est aussi la chargée de relations publiques Á  la Federation of Civil Service Union et également responsable pour l’égalité du genre au sein de cette fédération syndicale. «En matière d’égalité du genre, je suis avant tout une femme intransigeante et je ne compte pas dévier la dessus », explique Rajshree Thylamay.

L’accession de Dany Marie comme présidente de la Union of Information Communication and Related Services Sector est sans surprise car les centres d’appels basés Á  Maurice ont un effectif Á  80% féminin.

Dany Marie compte se battre pour ces femmes qui bossent nuit et jour dans ce secteur. Outre que syndicaliste, elle se considère avant tout comme activiste. « Se battre contre les injustices sociales est mon devoir. J’étais avant tout membre du parti Lalit. Puis j’ai rejoint le groupe Rezistans ek Alternativ. J’ai aussi donné des cours aux adultes qui ne savaient pas lire mais mon activisme remonte aux années 90 quand je militais contre la démolition des maisons de squatters dans la capitale. J’étais dans le Muvman Lakaz, qui était contre ce genre de démolition. Faire du syndicalisme et se battre contre les inégalités et les injustices, c’est bien mais le droit Á  une maison et Á  l’éducation sont aussi un devoir envers les travailleurs de ce pays ».

Dany Marie est cependant Á  l’aise dans son manteau de femme syndicaliste. « Je ne pense pas que c’est plus difficile d’être syndicaliste quand on est femme mais c’est vrai que la société nous considère aussi comme des personnes juste bonnes pour s’occuper des enfants et du foyer alors que nous insistons pour jouer un rôle plus important dans la prise de décisions. C’est sur cela que nous devons nous battre », estime-t-elle.

Leevy Frivet est journaliste Á  Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


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