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Maurice, 13 février: Décès d’une octogénaire après son viol.Combien de marches d’organisées? Combien de voix se sont élevées? Pourquoi n’entend-t-on pas assez la voix des autorités? Autant de questions qui demeurent sans réponses. Est-ce parce que Yolande Beerjoolall avait 86 ans qu’elle n’a pas obtenu une couverture médiatique appropriée Á ses atrocités?
Les reines de beauté qui stéréotypent les femmes figurent non seulement en Une des journaux mais obtiennent parfois aussi deux pages entières au sein des médias dans le courant dominant, y compris dans la presse audiovisuelle. Les scandales et les enquêtes sur d’anciens politiques sont comme des émissions quotidiennes de téléréalité dans les médias. Certaines personnes regardent les informations télévisées ou achètent des journaux rien que pour découvrir les derniers scandales.
Pourquoi restons-nous silencieux Á propos du cas de Yolande Beerjoolall qui a perdu la vie après avoir été battue et violée ? Même avec la meilleure prise en charge médicale qui soit elle n’aurait pas survécu aux atrocités subies. Elle était une proie facile et a été traitée moins qu’une bête.
Lorsque de jeunes femmes sont violées, il est malheureux que leur viol soit toujours associé Á une invitation de leur part, soit par leurs tenues vestimentaires, soit par une provocation ou par le fait d’être terriblement séduisante aux yeux de leur agresseur. Que dire du viol horrible de cette sexagénaire?
Il ne suffit pas que l’auteur, Noël Madelon, soit un jeune de 29 ans. Nous devons aller Á la racine d’un acte aussi impitoyable. Ce n’est pas la première fois que des crimes horrifiants sont commis sur nos personnes âgées. Malheureusement nous avons la mémoire sélective et nous ne nous rappelons que des reines de beauté mais pas des survivantes.
En 2010, une femme de 78 ans a été volée, violée et sodomisée Á Floréal. Les trois auteurs audacieux de ce forfait ne se sont pas contentés de ligoter la septuagénaire et d’avoir mis sa maison Á sac. Alors qu’elle était violée et sodomisée, son mari de 82 ans, qui était également ligoté, a été obligé d’assister, impuissant, Á cette scène d’horreur. Ce couple âgé était si traumatisé qu’il a mis quatre heures avant de pouvoir réagir et aller chercher des secours auprès de ses voisins.
Fazila Daureeawoo, ministre de la Sécurité sociale, est choquée par cet état des choses. Dans une déclaration Á Gender Links, elle confirme que son gouvernement offre un soutien psychologique aux familles concernées dans de pareils cas. «Le Elderly Protection Act existe mais nous sommes en train de travailler sur d’autres projets de loi qui renforceront les pénalités Á l’encontre des auteurs de violences faites aux femmes, aux enfants et aux handicapés. Comme nous sommes tous concernés par ce niveau élevé de violence Á Maurice, nous avons décidé de former les travailleurs sociaux afin qu’ils puissent dispenser un service de proximité ». La ministre de la Sécurité sociale s’est dit très consciente de l’érosion des valeurs et considère il est «urgent de faire un travail avec les jeunes. Si nous sommes lÁ aujourd’hui, c’est grâce Á l’encadrement de nos aînés. Il faut savoir les remercier et non pas les tuer ».
Marie Louise Fidèle qui s’occupe de sa tante octogénaire est traumatisée. «Je me suis occupée de ma mère âgée qui se mourait d’un cancer et lÁ je m’occupe de ma vieille tante et je ne comprends pas qu’on ait pu la traiter aussi atrocement. Le corps des personnes âgées est faible et même leur sexe est différent et se modifie avec l’âge. Comment est-ce qu’une personne saine d’esprit peut s’en prendre Á un corps aussi fragile? »
Nous savons tous qu’Á cet âge, le sexe d’une femme est atrophié comme l’a souligné Marie Louise Fidèle. C’est donc extrêmement douloureux pour une femme si elle est contrainte d’avoir un rapport sexuel. La puissance physique et la violence de son agresseur envers sa proie alors qu’il l’a violait ont dÁ» être une aberration. Cette violence a dÁ» déchirer les tissus, causer des saignements et une inflammation du vagin. Cette femme a dÁ» vivre l’enfer. D’autres parties de son corps ont dÁ» être affectées par la violence de cet acte.
La violence basée sur le genre nous concerne tous. Nous espérons que le comité sur la violence basée sur le genre mentionné dans le programme gouvernemental 2015-2020 et qui tombe sous l’égide du bureau du Premier ministre, veillera Á ce que les médias, les organisations non-gouvernementales, les politiciens, les leaders religieux et les acteurs concernés soient tous impliqués dans cette lutte. Il est temps d’agir. Nous ne parviendrons peut-être pas Á trouver un remède pour notre société malade mais nous devons nous souvenir des atrocités et des actes violents commis sur les femmes. Nous devons être Á même de signifier Á toutes les femmes qui ont été battues, violées, brutalisées et assassinées que leurs auteurs paieront pour ces crimes odieux. Nous devons être comme l’écrivain Agatha Christie et toujours retourner sur la scène du crime. Parler de sexe a beau être tabou Á Maurice mais lorsque de telles atrocités sont commises, les femmes doivent savoir quels droits Á la protection et au soutien existent pour elles.
Bien que Maurice ne soit pas signataire du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement, le pays a signé d’autres conventions et protocoles incluant les Objectifs du Millénaire pour le Développement et la Convention sur l’Elimination de Toutes les Formes de Discrimination Á l’égard des Femmes.
L’atelier de travail animé actuellement pour le personnel du ministère de l’Egalité du Genre par Elizabeth Kakukuku de la SADC Gender Unit aurait dÁ» inclure les hauts cadres de tous les ministères et pas que ceux de l’Egalité du Genre, car la violence faite aux femmes transcende tous les ministères.
Loga Virahsawmy est l’ancienne directrice du bureau francophone de Gender Links (GL) et actuelle membre du conseil d’administration de cette organisation non gouvernementale de l’Afrique australe. Cet article fait partie du service d’information de GL qui apporte des perspectives nouvelles Á l’actualité quotidienne.
📝Read the emotional article by @nokwe_mnomiya, with a personal plea: 🇿🇦Breaking the cycle of violence!https://t.co/6kPcu2Whwm pic.twitter.com/d60tsBqJwx
— Gender Links (@GenderLinks) December 17, 2024
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