Vibrant plaidoyer pour que le sort des veuves soit Á  l’agenda d’une prochaine conférence

Vibrant plaidoyer pour que le sort des veuves soit Á  l’agenda d’une prochaine conférence


Date: March 5, 2013
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New York, 4 mars : Le sort des veuves et en particulier de celles vivant en Afrique et au Moyen Orient, est peu enviable. Elles sont brutalisées, violentées, dépossédées des terres qui appartenaient Á  leur défunt mari et même de leurs enfants, quand elles ne sont pas tuées car considérées des sorcières. Si dans certains pays comme l’Inde et le Népal, certains changements notables les concernant ont eu lieu en raison des représentations soutenues des activistes du genre, des discriminations Á  leur égard persistent. Pour que le monde soit conscient de leur sort, la Commission de la Condition de la Femme des Nations Unies devrait leur consacrer une conférence ou encore qu’elles aient un représentant spécial auprès de l’instance onusienne afin que leur voix résonne haut et fort. C’est le vibrant plaidoyer fait lundi au Church Centre par plusieurs activistes et représentantes d’organisations non-gouvernementales défendant les droits des veuves.

Cela fait 18 ans que Lily Thapa de la Women For Human Rights au Népal, milite pour que les 600 000 veuves de son pays ne soient plus considérées comme maudites et porteuses de malheur. Elles sont déjÁ  pénalisées du fait que 88% d’entre elles sont analphabètes. Plus de 100 000 d’entre elles sont de très jeunes femmes car elles ont été mariées avant l’âge de 10 ans. La société impose plusieurs interdits aux veuves: elles ne peuvent assister Á  des célébrations, ne sont pas autorisées Á  porter des vêtements d’une certaine couleur, sont obligées de rester végétariennes et n’ont pas droit Á  l’héritage de leur défunt mari. «Tout ce qui a trait aux veuves au Népal est considéré comme mineur », explique cette jeune veuve.

A force de militer et de faire entendre sa voix, Lily Thapa a réussi Á  persuader les autorités de la nécessité d’amender la législation pour que les veuves ne subissent plus de discrimination. Ainsi de nos jours, il n’est plus nécessaire Á  une veuve népalaise de faire valoir qu’elle était vierge au mariage pour percevoir la succession de son mari, d’attendre d’avoir 35 ans pour avoir droit Á  l’héritage de ce dernier, d’obtenir l’autorisation de leur fils pour posséder des biens immobiliers. Mais l’application de ces amendements législatifs demeure difficile en raison de l’enracinement profond des traditions. «Il faudrait un changement radical de mentalités », estime Lily Thapa.

La dynamique et infatigable Mohini Giri, fondatrice et présidente de War Widows Association en Inde, se bat depuis une cinquantaine d’années l’amélioration des conditions de vie des veuves indiennes. Ce que toute veuve veut, dit-elle, c’est qu’on lui manifeste de la compassion. Cette belle-fille d’un ancien président indien, V.V Giri, a présidé la Commission nationale des femmes en Inde et en a profité pour mettre sur pied des mouvements pour les femmes pauvres et abandonnées, de même que la War Widows Association qui encadre les veuves, tout en faisant les autorités indiennes augmenter leurs allocations de sécurité sociale. Mais ces messages positifs ne parviennent pas aux veuves car la plupart d’entre elles sont analphabètes et pauvres. D’où l’importance de regrouper les veuves en association comme celle que préside Mohini Giri et d’alerter l’opinion publique sur la question. «La veuve ne doit plus souffrir en silence », estime-t-elle.

Sabna Juboo, activiste iranienne, a expliqué qu’il y a entre 100 000 Á  un million de veuves dans son pays qui vivent la destruction psychologique et spirituelle en raison de la situation politique qui y prévaut. Mais il n’y a pas que les veuves qui souffrent car 30% des Iraniennes sont analphabètes alors que 50% des diplômées iraniennes sont sans emploi. «Le problème le plus important pour les Iraniennes est d’ordre économique », considère-t-elle. Les moyens pour les aider existent. Il faudrait selon elle commencer notamment par la lutte contre l’analphabétisme, l’autonomisation économique et sociale des femmes, le soutien de la société civile et en particulier des organisations de femmes, des formations Á  leur intention pour qu’elles soient économiquement indépendantes, la facilitation de prêts pour qu’elles puissent établir des partenariats d’affaires et la nécessité d’intéresser les médias Á  leur sort afin de mieux les faire connaître et leur ouvrir des portes.

La Britannique Margaret Owen, directrice de Widows for Peace through Democracy, qui présidait cette session sur le sort des veuves, estime que les questions des veuves ne sont pas que des questions de femmes mais concernent toutes les sociétés dans lesquelles elles vivent. Elle a émis le souhait que tous les programmes d’aide en faveur des veuves puissent aussi être répliqués en Afrique et au Moyen Orient lÁ  où les veuves subissent violence et maltraitance, d’où son insistance pour qu’il y ait un desk spécial pour les veuves auprès de la UN Women ou que leur sort soit Á  l’agenda des NU.

Lui donnant la réplique, Christiane Hurtle de la UN Women, a rappelé que son organisation travaille sur des axes spécifiques, Á  savoir faire en sorte que les femmes ne subissent plus la violence, qu’elles se retrouvent dans les instances de décision, y compris politiques, qu’elles soient indépendantes économiquement et qu’elles prennent part au processus de paix et de résolution de conflits. La mort d’un époux devrait être considéré comme une perte personnelle et ne pas faire de sa veuve un paria.

Mais même si la UN Women travaille sur des axes prioritaires, cette organisation constituée en 2010 et opérationnelle l’année d’ensuite, s’intéresse au sort des veuves au Sri Lanka, en Inde et au Népal, de même qu’au Guatemala en Amérique du Sud. Elle s’est dite disposée Á  transmettre le souhait des participantes de la session Á  l’effet qu’il faudrait que les NU aient un représentant spécial pour les veuves ou leur consacre une conférence spéciale.

Marie-Annick Savripène est journaliste et rédactrice du service de commentaires et d’opinions de GL en français. Cet article fait partie de la couverture spéciale accordée Á  la CSW57 Á  New York.

 


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