L’impact du changement climatique pèse lourd sur les épaules des femmes malgaches

L’impact du changement climatique pèse lourd sur les épaules des femmes malgaches


Date: December 6, 2011
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La conférence sur le changement climatique Á  Durban a suscité de nombreux espoirs, notamment en Afrique où l’on attend des solutions pour faire face aux séquelles de ces bouleversements.

Madagascar n’en est pas une exception. Selon une dernière enquête publiée par le World Wildlife Fund, Madagascar est le troisième pays le plus vulnérable au monde par rapport au changement climatique. Ce pays encourt des risques majeurs car les activités agricoles restent les plus exposées au climat et tout changement, que ce soit l’arrivée tardive de la pluie ou la sècheresse, bouleverse le calendrier agricole.

Voahanginirina Marie Angéline, experte en élevage, constate les effets du changement climatique sur les associations ayant reçu des subventions de la direction ministérielle d’élevage. Selon elle, beaucoup d’associations n’arrivent plus Á  continuer leur élevage Á  cause de facteurs environnementaux néfastes Á  leur bétail.

Selon une étude menée par Mark Tadross, directeur des recherches au Climate Analysis Group de l’université de Cape Town en Afrique du Sud, il est clair que les températures ont augmenté et que les régimes des précipitations ont changé Á  Madagascar au cours des quatre dernières décennies. Les paysans sont de moins en moins motivés Á  élever du bétail en raison du changement brusque du calendrier agricole qui perturbe leurs cultures alors que celles-ci constituent leur unique source de subsistance.

Sahondranirina Raivo, 45 ans, est une fermière de longue date. Elle a hérité la ferme de ses parents il y a une dizaine d’années. A cette époque, elle était encore célibataire. Au début de ses activités, Sahondranirina assurait bien son business, épaulée par son mari.

Au fil des années, elle a perdu progressivement ses clients car ses vaches ne produisaient plus assez de lait. «La sècheresse occasionne un manque de fourrage et le calendrier cultural a changé, » souligne-t-elle. Du coup, son mari a dÁ» partir dans un autre village pour se consacrer Á  une autre tâche, en laissant sa famille derrière pour assurer leur subsistance.

«C’est dur de vivre loin de son mari avec cinq enfants Á  sa charge, mais comme les vaches ne produisaient plus, nous n’avions pas le choix, », se plaint Sahondranirina Raivo.

Les femmes de pêcheurs aussi se lamentent Á  propos des activités de leur mari. A part l’insécurité auquel leurs maris font face en mer et une certaine rareté du poisson dans leurs filets dÁ» Á  la surexploitation et par le réchauffement de la mer, un autre risque majeur pour eux est la production de toxines par les algues marines qui continuent Á  proliférer. Ainsi, par mégarde, les pêcheurs vont pêcher des poissons intoxiqués. Une situation pouvant être néfaste pour leur vie et celle des habitants des villes qui les consomment.

Dans la partie nord ouest de Madagascar, plus précisément Á  Sambava, les femmes des pêcheurs ont créé une association pour que leur voix se fasse mieux entendre. Tout cela démontre Á  quel point l’impact du changement climatique pèse lourd sur les épaules des femmes.

A cela s’ajoute la sécheresse alimentée notamment par la déforestation. Madagascar a connu une dégradation de sa couverture forestière naturelle en 50 ans. Mais 2009 aura été la pire des années en termes de déboisement car beaucoup d’arbres ont été abattus sur des milliers d’hectares au nom du développement et souvent aussi de la culture.

Même durant la saison des pluies, il est difficile pour les femmes malgaches vivant Á  la campagne de puiser de l’eau car les puits tarissent vite. Certaines femmes doivent marcher des kilomètres avant de trouver un lieu où puiser de l’eau potable.

Elles sont a priori les premières Á  subir les effets négatifs du changement climatique dans la vie de tous les jours. Ce sont elles qui assurent le plus d’activités. C’est pourquoi, le rapport sur l’état de la population mondiale publié par le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) depuis 2009 reconnaît que la lutte contre le changement climatique doit passer par les femmes.

Elles doivent être intégrées aux comités se penchant sur les possibles solutions aux problèmes climatiques. Selon Aminata Touré, chef du service genre, culture et droits humains de l’UNFPA, comme les femmes dans les pays en voie de développement sont chargées de produire la nourriture et d’alimenter la famille, elles sont les premières Á  ressentir les effets des problèmes environnementaux tels que les sécheresses et les inondations.

Il est désormais clair que le changement climatique menace d’accentuer la pauvreté et d’infliger des fardeaux supplémentaires aux ménages. C’est pourquoi chaque pays, en ligne avec la conférence mondiale sur le changement climatique Á  Durban, doit prendre une décision pour protéger l’environnement.

Fanja Saholiarisoa est journaliste en freelance Á  Madagascar. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


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