Une marche blanche pour dénoncer la violence Á  l’égard de la femme

Une marche blanche pour dénoncer la violence Á  l’égard de la femme


Date: December 2, 2011
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A Madagascar, selon les statistiques venant d’associations de lutte contre la violence basée sur le genre, huit femmes sur dix subissent une forme de violence. Et dans la plupart des cas, les victimes se taisent par méconnaissance des lois ou Á  cause des tabous entourant la violence domestique. Pour la première fois, Madagascar a fait un pas de géant dans la lutte contre la violence Á  l’égard de la femme. En effet, le pays s’est engagé dans la campagne intitulée UNITE, initiée par le secrétaire général des Nations Unies pour dénoncer les violences faites aux femmes.

Une marche blanche organisée le 29 novembre dernier Á  Antananarivo, capitale de Madagascar, a réuni plus d’un millier de personnes, hommes et femmes issus d’associations, d’agences onusiennes, de ministères mais il y avait aussi des activistes et des victimes de violence. Ils étaient tous venus pour faire en sorte qu’il y ait une prise de conscience par les autorités compétentes de l’impact de la violence basée sur le genre.

«C’est une occasion de faire entendre Á  tout le monde qu’il faut cesser toute forme de violence Á  l’égard de la femme. C’est aussi une occasion pour Madagascar de démarrer la décennie de la femme africaine », a déclaré Ialfine Tracoulat, point focal de Gender Links Á  Madagascar.

Cette marche a aussi mobilisé les bailleurs de fonds pour qu’ils prennent conscience de l’importance des subventions allouées Á  la lutte contre la violence Á  l’égard de la femme. Ainsi, Fatma Samoura, coordonatrice du système des Nations Unies Á  Madagascar affirme que cette marche blanche confirme l’engagement du pays dans sa globalité Á  lutter contre ce phénomène. Elle a rappelé que la Convention pour l’Elimination de toute forme de violence Á  Á  l’égard de la femme (CEDAW) exige que l’Etat mette tout en Å“uvre et prenne les mesures appropriées, y compris législatives, pour éliminer les violences Á  l’égard des femmes.

En même temps, Olga Ramaroson, ministre de la Population aussi présente, a quant Á  elle appelé toutes les entités compétentes Á  transformer en actions les efforts de plaidoyer faits pour dénoncer la lutte contre la violence Á  l’égard de la femme.

Le président de la délégation spéciale d’Antananarivo, Edgard Razafindravahy, a exhorté les Malgaches Á  bien éduquer leurs enfants. «L’éducation est une issue pour réduire la violence basée sur le genre. Les garçons doivent apprendre dès le plus jeune âge Á  respecter leurs sÅ“urs. L’éducation change la vie », a-t-il déclaré.

Une telle marche est une pierre blanche marquant les 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre. Beaucoup de femmes n’osent pas encore porter plainte contre leur agresseur qui est généralement leur conjoint. Beaucoup croient que le linge sale se lave en famille.

«Pour l’instant, je ne peux pas dénoncer mon mari même s’il me bat de temps en temps. J’ai peur qu’il aille en prison. Alors, je serai seule Á  m’occuper de nos cinq enfants », raconte Brigitte Ravelonarivo, qui est parmi les victimes de la violence ayant osé participer Á  la marche pacifique. Elle a rencontré plusieurs intervenants dans la lutte contre la violence faite aux femmes. Une journée qui lui a ouvert les yeux sur son orientation future.

«La violence les empêche de participer au développement ou de se développer. Ce qui nécessite une action au plus haut niveau pour assurer l’émancipation de la femme, la défense de ses droits fondamentaux et la levée de plusieurs barrières culturelles, » souligne Lizah Ndrianalisoa, coordinatrice du projet «Babeo », financé par l’Union Européenne et dédié Á  la sécurisation et au renforcement du plus petit investissement économique de la femme malgache en zone urbaine.

Un effort a été fait pour multiplier le nombre de centres d’écoute juridique Á  Madagascar. Récemment, le syndicat des professionnels en travail social a formé des responsables pour ces centres d’écoute. «Il s’agit de renforcer la capacité des acteurs dans les quartiers pour qu’ils puissent mieux répondre aux attentes des victimes et mener des sensibilisations Á  leur niveau. C’est un premier pas qui peut contribuer Á  réduire le nombre de cas de violence dans les quartiers, » souligne Doris Nadia Rasoarinosy, formateur au sein de ce syndicat.

Ranarison Joseph, chef quartier III G Hangar, un des quartiers les plus populaires de la capitale où la majorité de la population vit avec un dollar américain ou huit rands par jour, souligne que les viols Á  l’égard des enfants ont pris de l’ampleur ces derniers temps dans son quartier et ses environs.

Fait confirmé par le syndicat des professionnels en travail social qui a recensé plus de 500 cas de viol de mineurs depuis janvier 2011 et 156 victimes ont été référées aux centres d’écoute juridique. Ranarison Joseph a décidé d’assurer la formation dans les centres d’écoute. Cet acte bénévole est un engagement personnel dans la lutte contre la violence dans son quartier.

Comme lui, Rahantandrainibe Hantanirina Edouard, femme chef district de Miandrivazo, une ville malgache où la violence physique et morale Á  l’égard de la femme est encore répandue, s’est aussi portée volontaire. Ce qui indique que dès son lancement, la campagne UNITE a connu un succès. Souhaitons que cette prise de conscience publique aille au-delÁ  de la campagne des 16 jours.

Fanja Saholiarisoa est journaliste free lance. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions au sein de Gender Links.


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