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James, la quarantaine, attend le verdict de la Cour de district par rapport Á l’agression de sa femme avec un marteau. Délit commis il y trois ans. Il l’ignore mais il risque un maximum de deux ans de réclusion criminelle.
Je suis un homme violent. Je ne l’ai jamais caché et même si j’avais essayé, ce serait impossible car c’est dans ma nature profonde. Même ma scolarité a été marquée par la violence. C’est dire que je l’ai en moi. Mon adolescence aussi a été marquée par des disputes et des coups qui m’ont envoyé dans un centre correctionnel. La violence est presque dans mes gênes car mes parents se battaient souvent et quand il y avait une fête de famille ou une réunion, cela se terminait très souvent par des bagarres sanglantes. J’ai malheureusement hérité de cela. Quand je me suis marié et même avant le mariage, je frappais ma compagne. Je trouvais cela normal de la battre. Il faut dire qu’elle me rendait coup pour coup et cela me provoquait davantage et me faisait la battre encore plus. Donc, nos disputes qui étaient fréquentes, viraient souvent au drame.
Ma femme n’a jamais porté plainte. Je ne sais pas pourquoi mais je pense qu’elle trouvait cela normal d’être battue également. Donc, nos violentes disputes restaient entre nous. Cependant, il y a trois ans, j’ai failli la tuer avec un marteau et j’attends actuellement mon verdict de la Cour de district. Heureusement qu’elle n’est pas morte au cours de cette violente agression. Mon avocat m’a aussi dit que j’ai eu de la chance, car normalement, on aurait pu me condamner pour tentative d’homicide ou d’agression grave causant incapacité. Je n’ai été poursuivi que sous une accusation d’agression.
Le soir de ce drame, j’ai frappé ma femme de toutes mes forces avec un marteau. Elle saignait abondamment et mes voisins, affolés, ont alerté la police. Heureusement qu’elle a reçu les premiers soins très rapidement. J’étais complètement ivre et c’est peut être pour cette raison que l’on s’est bagarré, enfin je ne me rappelle pas trop. Tout ce que je sais, c’est que ma femme faisait des travaux dans notre chambre quand je suis rentré et qu’elle clouait quelque chose. Quand je suis rentré, ivre, elle m’a dit que je ne valais rien, qu’on ne pouvait jamais compter sur moi. Les insultes ont continué. J’ai l’ai donc rossée, d’abord avec une pelle puis avec un marteau. Elle hurlait et les voisins qui d’habitude, ne bronchent pas car nos affrontements sont tellement courants, ont senti que les choses avaient pris une tournure encore plus grave et ils ont préféré appeler la police. Au lieu de m’enfuir, j’ai continué Á infliger des coups Á ma femme, qui était déjÁ inconsciente.
Quand la police est arrivée et que je l’ai réalisé, j’ai essayé de prendre la poudre d’escampette mais les policiers ont réussi Á me maitriser et Á m’arrêter. J’ai donc passé quelques jours en cellule avant d’être libéré sous caution. Lors d’une audience, la première confrontation avec ma femme a failli dégénérer mais la police est intervenue Á temps. J’en veux Á ma femme parce que je ne suis jamais allé en prison. Certes, j’ai failli la tuer ce soir-lÁ mais elle m’avait vraiment provoqué et m’avait mis hors de moi. Elle avait ajouté, perfide, que je ne suis pas un homme, un vrai, et que je ne méritais pas de porter le pantalon. Je ne voulais pas lui faire autant de mal mais elle m’a blessé dans mon orgueil et ma fierté en tant que mari et père. C’est ce que j’ai dit en Cour et j’espère que la magistrate sera clémente avec moi. Je crois en la justice et je pense qu’on m’infligera une amende. C’est la première fois que je me suis fait inculper, et j’ai vraiment peur de la prison, très peur même car c’est un univers qui m’est totalement inconnu. Croisons les doigts. »
Jimmy Jean-Louis est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on Quand le marteau devient arme pour battre une femme