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Ensemble, soyons le changement !
J’ai pris conscience petit Á petit des inégalités qui subsistent entre les femmes et les hommes lors de mon stage au sein de Focus Development Association, après l’obtention de mon doctorat en médecine humaine. Et c’est Á l’occasion de la présentation des résultats du Baromètre Madagascar 2012 par notre manager, Noro Ravaozanany, Á la cérémonie d’ouverture du Sommet de Gender Links que j’ai été « secouée » si l’on peut le dire. Le fait de savoir que Madagascar est souvent parmi les derniers pays dans ce Baromètre Genre et Développement de la SADC et que mes concitoyen-ne-s ne s’en rendent même pas compte, m’a remué au plus haut point. J’ai été comme projetée dans une autre réalité. Et Á la vue de tous/toutes ces participant-e-s qui veulent changer les choses, un sentiment d’envie, au sens positif du terme, s’est animé en moi. A partir de ce jour, je me suis engagée Á défendre cette cause qu’est celle de Gender Links. Et participer au Sommet de 2014 est l’accomplissement d’un rêve, un rêve de vouloir comme beaucoup d’autres, être le changement pour une vie meilleure pour les femmes malgaches.
Je suis par la suite entrée au sein du Conseil National des Femmes de Madagascar, et j’ai pris part Á toutes les activités de cette plateforme. En Effet, l’année 2013 a été riche en mouvements, surtout par la tenue des élections présidentielles et législatives. Nous avons réalisé des sensibilisations auprès des partis politiques pour qu’ils présentent des femmes comme candidates et nous avons également sensibilisé l’électorat pour qu’il pense Á élire des femmes. Nous avons, par ailleurs, réalisé, avec nos partenaires, des ateliers de renforcement des candidates aux législatives. Notre partenariat avec de jeunes artistes a donné un nouvel élan Á notre cause. En outre, j’ai été formée en nouvelle technologie (Web 2.0). Ma participation Á ces activités de sensibilisation, la diffusion de spots, de clip vidéo ainsi que de divers articles sur Internet via le blog, Facebook, YouTube et tweeter ont « rajeuni » la lutte et ont eu une portée beaucoup plus large surtout en ayant comme cibles les jeunes. Ce qui a changé en mieux l’image de la plateforme.
Médecin et chargée de recherche au sein de Focus Development Association, je suis également formatrice en développement personnel. J’ai participé Á plusieurs études dont Focus était en charge et aussi Á la facilitation des ateliers de renforcement des capacités des femmes candidates aux législatives en 2013. Par ailleurs, je suis l’une des administratrices du blog et du page Facebook du Conseil National des Femmes de Madagascar.
J’ai commencé Á travailler avec Gender Links en 2013. En effet, j’ai participé Á la mise Á jour du Baromètre Madagascar de la SADC sur le Genre et le Développement 2013. J’ai été en charge des chapitres Santé et VIH/SIDA dans le rapport. Travailler sur ce projet m’a permis de voir la réalité sous un angle différent et m’a également permis d’approfondir mes connaissances, surtout sur l’approche genre dans les analyses de données.
Connaître les activités de Gender Links et travailler avec a littéralement changé ma vision de la vie en générale. En effet, j’ai découvert que les choses que l’on pourrait qualifier de « banales » et de « normales » peuvent avoir des conséquences dévastatrices sur la vie d’une femme. C’est ainsi que j’ai « appris » Á analyser chaque situation, chaque décision prise par les décideurs du pays, en tenant compte de ses conséquences sur les femmes ainsi que les hommes.
Le changement que j’ai vécu personnellement a été en rapport avec mes relations de travail. En effet, notre manager au sein de Focus Development Association est également la présidente du Conseil national des Femmes de Madagascar. C’est par elle que j’ai été initiée Á l’approche genre. Ainsi j’ai pu comprendre progressivement le fond de cette cause qui depuis me tient Á cÅ“ur.
Comme je l’ai souligné plus haut, le sommet de Gender Links en 2013 a été un « déclic » pour moi. J’ai pris conscience du retard de mon pays et de tout ce qu’il y a encore Á faire pour corriger toutes ces inégalités dont les femmes sont victimes. Ce fut un grand tournant de ma vie. En effet, Á partir de ce moment, j’ai pris conscience des discriminations envers les femmes. Par la suite, j’ai décidé d’agir et de contribuer Á toutes les activités qui me seront possibles afin de faire avancer la situation.
La Country Manager de Gender Links, Ialfine Papisy, qui est également un membre du comité exécutif du Conseil National des Femmes de Madagascar, m’a beaucoup encouragé Á m’engager un peu plus dans cette cause.
Engagée pour la participation des femmes dans les postes de décision, j’ai facilité les ateliers de renforcement de capacités des candidates Á travers les six anciennes provinces de Madagascar. Les échanges, les partages d’expériences et de bonnes pratiques ainsi que les discussions avec les femmes des quatre coins du pays sur la participation des femmes en politique ont sans aucun doute enrichi mes connaissances et mon expérience sur le sujet. Je confirme que j’étais également une apprenante lors de ces ateliers. J’ai ainsi découvert d’autres pratiques et d’autres cultures m’aidant Á voir un peu plus clair mon pays.
Ma mère est morte en couche en mettant au monde son deuxième enfant, j’ai été marquée par cette tragédie. En réalisant la mise Á jour du Baromètre Madagascar, j’ai pris conscience d’une autre face du problème, autre que la complication de la grossesse. Ce qui m’a conforté un peu plus dans mon engagement Á agir et Á contribuer aux activités visant Á diminuer les cas de décès des femmes liées Á la grossesse ou Á l’accouchement.
Ce “déclic” a eu de nombreuses conséquences dans ma famille. En effet, parler des rapports sociaux de genre a pour ainsi dire amélioré « nos rapports ». De longues discussions sur le sujet ont également changé la conception des choses au sein de mon couple. Par la suite, les corvées domestiques sont faites Á deux et toutes les décisions se prennent Á deux. L’éducation de nos deux filles est devenue moins sexuée malgré quelques résistances de la part des grands-parents!
Le changement des rapports au sein de notre famille se heurte bien souvent aux attitudes conservatrices des autres membres de la grande famille. En effet, changer les habitudes de plusieurs générations ne se fait pas du jour au lendemain. Il est assez difficile pour une mère de voir son fils faire la vaisselle ou changer une couche. Cependant, après quelques débats houleux, la situation est actuellement sur une bonne voie.
A partir du moment où j’ai pris la décision de m’engager et de devenir un membre actif du Conseil National des Femmes de Madagascar, sensibiliser les gens autour de moi est devenue comme une seconde nature. Chaque situation me pousse Á lancer une discussion sur les discriminations envers les femmes ou d’autres sujets autour du thème. Quitte Á être traitée de féministe ! Mais je peux dire qu’il y a eu des résultats. Par exemple, une jeune femme de 22 ans qui a abandonné ses études supérieures Á cause de sa belle-famille les a reprises après quelques discussions et persuasions sur l’autonomisation des femmes et ses avantages avec toute sa famille. Actuellement, elle a repris confiance en elle et commence Á être épanouie dans sa vie de couple.
L’expérience qui m’a le plus marqué et qui a par la suite induit un changement dans la vie de plusieurs personnes concerne « l’estime de soi ». En effet, lors de ma toute première présentation sur « l’estime de soi » je présentais tous les signes d’un manque de confiance en soi. Par la suite, Á force d’exercice, j’ai dépassé ce stade. Partager ce drôle d’expérience auprès des personnes que j’ai formées plus tard m’a rendu plus crédible et les a aidées Á vraiment reprendre confiance en elles-mêmes. Ainsi, je pense avoir contribué Á aider plusieurs femmes Á s’affirmer et Á devenir autonome.
L’année 2013, j’ai participé au plaidoyer auprès des femmes candidates aux législatives pour qu’elles unissent leurs voix afin de défendre l’égalité des femmes et des hommes dans tous les projets de lois qu’elles auront Á étudier une fois élues. Par la suite, elles ont fait une déclaration officielle sur le sujet le 17 Décembre 2013. Le même jour, le Conseil National des Femmes de Madagascar a pu réunir plus d’une centaine de signatures de représentant-e-s de la société civile qui s’engagent Á « dénoncer » les actions des élu-e-s et du gouvernement qui désavantages les femmes ou les hommes.
Il s’avère que lors des rencontres avec les chefs de partis politiques, le Baromètre de la SADC sur le genre et le développement est un outil de plaidoyer efficace si l’on veut améliorer les choses. Il est Á noter que nombre d’entre eux ne sont pas familiarisés Á l’approche genre dans leurs projets. Apporter des solutions auprès de ces décideurs pour améliorer les situations rapportées dans le rapport pourrait faire avancer la cause.
Le plus grand défi était de convaincre les hommes ainsi que les femmes des avantages que l’on pourrait obtenir en luttant contre les inégalités envers les femmes dans la société. C’est un travail de longue haleine. La persuasion seule est inefficace. La collaboration de tous est primordiale. Plus les personnes qui en parlent sont nombreux, plus les moyens de sensibilisations sont diverses, plus la stratégie est efficace. C’est ainsi que les actions du Conseil National des Femmes de Madagascar ont pu être plus entendues l’année 2013.
La prochaine étape serait de continuer les efforts entrepris, surtout que d’autres élections vont encore se tenir cette année 2014. Il serait mieux de relancer les résolutions précédemment prises auprès des députées nouvellement élues ainsi qu’auprès des décideurs nouvellement désignés. Par ailleurs, continuer les sensibilisations et le partage d’information sur le web, les réseaux sociaux ainsi que lancer des débats sur le sujet aideront certainement Á l’acceptation de la femme en tant qu’égal de l’homme au sein de la société malgache.
J’adresse mes vifs remerciements Á toute l’équipe de Gender Links qui a été un des piliers du changement.
Comment on Andriampanarivo Harinavalona Michèle – Madagascar