RASOAZANANORO Tahiana Niaina – Madagascar

RASOAZANANORO Tahiana Niaina – Madagascar


Date: October 12, 2015
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Grâce Á  Gender Links, j’ai pu offrir un espace d’expression Á  tous les acteurs Å“uvrant dans la promotion des droits

J’ai fait connaissance avec l’ONG Gender Links il y 4 ans, soit en 2011. A l’époque, j’étais encore sur les bancs de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’université d’Antananarivo. Un beau jour, une enseignante pleine de zèle (nommée RAVAOZANANY Noro), lors d’un atelier sur le Genre et le Développement, nous avait sensibilisé sur les questions de Genre et nous avait parlé spécialement en détail des activités menées par l’ONG Gender Links. Depuis ce jour, j’ai cherché Á  connaître plus cette ONG et ses objectifs. Plus tard et jusqu’Á  aujourd’hui, je travaille avec elle!

Après l’obtention de ma licence en communication Á  la fin de l’année 2010, j’ai intégré une entreprise médiatique qui fournissait des produits médiatiques “sur les femmes” et destinés uniquement pour elles. Depuis 8 ans d’existence, les émissions télévisées et la presse écrite produites par cette entreprise ne se focalisaient que sur le bien-être, la mode et la puériculture, ce qui en soit n’est pas mauvais mais pourtant insuffisant. Depuis que j’ai pris sous ma responsabilité la conception de l’émission télévisée nommée « Elles », une émission hebdomadaire de 13 minutes, j’ai fait en sorte de traiter progressivement les thématiques et problématiques se rapportant Á  la lutte pour l’égalité de Genre et la valorisation de la femme malgache en tant qu’actrice du développement de Madagascar, mais non seulement en tant que simple consommatrice de produits de beauté et férue de mode. A travers cette interface médiatique qu’est l’émission télévisée « Elles », j’ai pu d’abord changer la vision du monde de nos patrons de presse qui sont aujourd’hui devenus sensibles aux questions de Genre, premier acteurs clés Á  sensibiliser pour pouvoir avancer. Par-dessus tout, j’ai pu partager diverses connaissances au public malgache surtout aux femmes malgaches et sur plusieurs sujets Á  part les sujets futiles et vaniteux, sujets « traditionnels » des émissions féminines. Surtout, j’ai pu offrir un espace d’expression Á  tous les acteurs Å“uvrant dans la promotion des droits de la femme et de son autonomisation. De lÁ  réside la valeur principale de mes initiatives.

Je suis la conceptrice et la présentatrice de l’émission télévisée nommée “Elles” depuis juin 2011 jusqu’en décembre 2013. Actuellement, je suis la co-présentatrice et présentatrice de l’émission télévisée Femina Magasine, plus précisément je suis la responsable de la rubrique « Elles et Société » de cette nouvelle émission hebdomadaire de 26 mn, diffusée depuis mars 2014.

J’ai travaillé avec Gender Links depuis mes trois dernières années Á  l’Université (année de Master I et II). J’ai commencé par apporter ma contribution dans la mise en place d’un projet de conception d’un lexique sur le Genre, un projet de l’institution au sein de laquelle j’étudiais, en partenariat avec Gender Links et d’autres parties prenantes. Ensuite depuis 2012, je faisais appel régulièrement Á  l’expertise de l’équipe de Gender Links pour nous éclairer, nous instruire sur divers thématiques d’émissions (la femme et l’entrepreneuriat Á  Madagascar, la femme malgache et l’accès Á  la micro finance, la campagne des 16 jours d’activisme etc.). En d’autres mots, Gender Links et son équipe nous accordaient régulièrement des interviews pour étoffer nos émissions. Aussi, nous couvrions fréquemment les événements organisés par cette ONG : ateliers, campagnes, sommets etc. Enfin, nous participions avec enthousiasme aux sommets nationaux organisés par Gender Links depuis l’année dernière où nous avons gagné le premier prix au niveau national.

Depuis que j’ai côtoyé cette organisation, ma sensibilité aux questions de Genre dans mon pays même dans des sphères plus élargies comme au niveau de l’Océan Indien et au niveau de l’Afrique Australe n’a cessé de s’affiner. Cette sensibilité dépasse largement le niveau émotionnel mais s’explique par des raisons rationnelles. Cela influence grandement mes choix dans la conception de mes émissions et de mes productions écrites, voire même les recherches que j’effectue au sein du département Communication de l’Université d’Antananarivo.

Sans doute, les innombrables ateliers de formations proposés par Gender Links auxquelles j’ai eu le privilège d’assister ainsi que les encouragements de cette organisation sont Á  l’origine de ce changement. Plusieurs personnes de l’équipe de Gender Links m’ont énormément aidé dans mes activités de promotion du Genre Á  travers le média télévisé. D’abord, le général manager Á  Madagascar est une fervente animatrice qui n’a jamais manqué de nous partager les activités de l’organisation. Aussi, le programme officer de GL Madagascar, toujours soucieuse de la participation complète de tous les acteurs Å“uvrant dans la promotion du Genre Á  Madagascar, nous a toujours informé avec un timing parfait des activités en cours qui doivent être couvertes et analysées par les médias comme nous pour optimiser la promotion du Genre via les médias.

Après avoir suivi les formations et réunions parallèles Á  Johannesburg en avril 2013, j’ai pu affiner mes techniques d’investigation, ma manière d’aborder les questions de genre dans mes émissions. En effet, il est utile de mentionner que les formateurs de Gender Links m’ont largement appris comment traiter les informations sans être pris sous le piège de la narration sensationnaliste.

Certes, il est indéniable que d’autres personnes et entités m’ont aussi aidé Á  renforcer mes capacités en tant que journaliste spécialisée dans le traitement des questions de Genre et de la promotion des droits des femmes en contexte malgache. Cependant, ces personnes sont tous des acteurs faisant partie du réseau de Gender Links. Parmi elles, on peut citer la responsable scientifique de l’institution au sein de laquelle j’ai effectué mes études supérieures (DIFP). Cette personne m’a entièrement encouragé et m’a initié aux recherches sur le Genre et le développement.

Ma rencontre avec Gender Links a, en quelque sorte, suscité des changements dans mes interactions avec mes proches. Depuis, j’ai fréquemment tendance Á  discuter avec les membres de ma famille (proche ou élargie) de leurs avis sur les questions et faits récurrents qui touchent de loin ou de près les problématiques sur le Genre. Depuis, j’ai aussi pris l’habitude de stimuler petit Á  petit la sensibilité Á  l’égalité de genre des jeunes et enfants avec qui j’ai l’opportunité de communiquer. Mes proches admirent cette attitude et m’ont toujours soutenue dans mes activités.

Les changements qui se sont opérés dans ma vision du monde a aussi influencé mon entourage. Comme explicité ci-dessus, cela a largement influencé nos patrons de presse. Aussi, ma grandissante sensibilité aux questions de Genre a été transmise rapidement Á  mes amis de l’université. Aujourd’hui, un bon nombre d’entre eux sont aussi de fervents activistes promoteurs de l’égalité de Genre et des Droits de l’Homme.

Les techniques et méthodes de traitement d’informations de manière professionnelle en milieu journalistique ont été les principaux savoirs que j’ai pu partager avec mon entourage, surtout mes collègues et mes semblables dans le milieu universitaire. Par-dessus tout, mes expériences au niveau régional, surtout celles que j’ai pu acquérir lors de mon voyage Á  Johannesburg en 2013 ont été partagé dans mes émissions. J’estime que cela a encouragé les différents acteurs auxquels l’émission télévisée « Elle » est dédiée depuis sa création, quels que soient ces acteurs. Les changements au niveau du traitement des réalités des femmes malgaches dans les medias télévisés constituent les apports fondamentaux que nos actions ont occasionnés. Les réalités dans lesquelles vivent les femmes malgaches contemporaines sont désormais objectivement analysées, l’analyse des faits s’éloigne largement du sensationnalisme, les femmes ont une place qu’elles méritent dans les médias et ne se limitent plus désormais aux simples objets des campagnes publicitaires ou de victimes de la société de consommation.

Les innovations que nous avons apporté: une nouvelle approche et une nouvelle image des émissions de genre qui avant n’étaient que de simples “resa-behivavy” (collocation péjorative signifiant littéralement « papotages entre femmes », dont le sens signifie « discussions futiles, frivoles et sans intérêt »). Aujourd’hui les émissions de genre sont des émissions d’une qualité rédactionnelle et journalistique respectable, des émissions qui présentent des enjeux de développement inestimables. Nos initiatives et nos activités ont été rapportées chez Gender Links. L’organisation a pu utiliser nos travaux comme des outils pouvant aider dans l’évaluation des efforts entrepris dans la mis en Å“uvre du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement au niveau local, surtout l’évaluation de la participation et l’implication des journalistes dans la promotion de l’égalité de Genre.

Mon parcours n’a jamais été facile. D’abord, pour une jeune journaliste débutante dans le métier, il a fallu plus d’un an pour arriver Á  gagner de la notoriété et puis de sensibiliser nos patrons de presse sur les enjeux de l’abord de l’égalité de Genre Á  travers les médias. En effet, ce concept était vraiment étranger Á  notre directeur de publication et Á  mes collègues, qui sont pourtant des grands professionnels expérimentés dans l’audiovisuel. Cela a failli créer une entrave Á  mes efforts. A part cela, il y avait l’insensibilité au Genre, la résistance des parrains de nos émissions. Pour eux, il n’était pas question de faire surgir les « maux » des femmes malgaches dans les émissions qu’ils parrainaient, il ne fallait mettre en valeur que ce qui se rapporte au monde du « glamour ». Ainsi, j’estime que de fortes campagnes de mobilisation et de sensibilisation doit être menées de manière continue encore Á  Madagascar afin d’atteindre le maximum de personnes de groupes sociales. Il ne faut surtout pas sous oublier que même au sein des classes sociales dites privilégiées, l’éducation citoyenne pourrait comporter des lacunes, d’où les campagnes d’éducation pour tous.

En ce qui concerne l’avenir, j’envisage de continuer mes recherché en matière de Communication pour le Développement au sein de l’Université d’Antananarivo, c’est -Á -dire de commencer la préparation de ma thèse très prochainement, cela dans le but d’apporter davantage ma contribution dans la recherche du progrès de la société malgache et de l’éradication des fléaux qui l’empêche de s’épanouir. Aussi, je projette de continuer Á  Å“uvrer dans la promotion de l’égalité du genre et de l’autonomisation des femmes via les médias et la communication sociale. Actuellement, je suis responsable de la rubrique « ELLES et société » du magasine télévisée Femina Magasine, une émission de Genre d’une durée de 26 minutes qui traite principalement de trois grands thématiques : la santé, le genre dans le contexte malgache, et la culture. Aussi, avec le support des bailleurs de fonds, j’espère un jour créer une radio de proximité pour renforcer les campagnes 50/50 dans les milieux ruraux malgaches, lÁ  où 80% de la population vit.

Ne nous lassons jamais d’apporter notre contribution dans la construction d’une meilleure société où tout le monde puisse jouir de ses droits. Quelle que soit notre domaine d’intervention, quelle que soit notre spécialité, nous avons le devoir d’utiliser nos savoirs faire au service de la société dans laquelle on évolue. La paix et la sécurité des générations futures dépendent de nos actions présentes.

 


One thought on “RASOAZANANORO Tahiana Niaina – Madagascar”

Rajaonarison Jocelyn says:

“j’espère un jour créer une radio de proximité pour renforcer les campagnes 50/50 dans les milieux ruraux malgaches, lÁ où 80% de la population vit.”
THÈMES:”la santé, le genre dans le contexte malgache, et la culture. ”

Le monde rural a aussi besoin de soutien sur les techniques agricoles, les débouchés,etc…

Bonne Chance Tahiana!

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