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Quatre mois après la Coupe du Monde 2010, les organisations non-gouvernementales (ONG) sud-africaines qui militent contre le trafic humain, poursuivent leur travail. Rétrospectivement, elles déplorent le fait de n’avoir pas obtenu le soutien de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) qui aurait pu avoir adressé une mise-en-garde aux supporteurs sur le sujet.
En décembre dernier, le Sonke Gender Justice, dont l’objectif est de promouvoir une image de l’homme qui respecte la parité, a mis beaucoup d’accent sur les méfaits du trafic humain. Son directeur, Stubbs Maluleke explique avoir initié plusieurs actions dans les Fun Parks, ces aires de rassemblements publics, destinés Á permettre de suivre les matches sur des écrans géants. «Nous avons parlé Á tout le monde mais surtout aux hommes sur les questions liées au trafic humain et aux relations sexuelles intergénérationnelles, c’est-Á -dire des rapports entre des jeunes filles et des hommes de trois ou quatre fois leurs âges. »
Il a fallu également conscientiser les parents sur les dangers auxquels leurs enfants pourraient être exposés durant cet évènement mondial. Il y a des jeunes qui sont sortis des régions rurales pour venir Á Johannesburg. «Nous avons dit aux parents de ne pas accepter que leurs enfants leur disent qu’ils se rendent en ville avec des amis, sans connaitre ces derniers. Ils pourraient fuguer ou encore fournir toutes sortes de services aux aînés. »
Stubbs Maluleke affirme ne pas pouvoir mesurer l’impact de ces interventions. Tout comme il ne dispose pas de statistiques officielles sur le trafic humain durant la période de juin Á juillet dernier. C’est Á travers les prochaines campagnes de conscientisation qu’il sera en mesure de connaitre l’impact du fléau pendant la Coupe du Monde 2010. «Nous saurons peut-être plus en mesure de le savoir quand nous irons dans les différentes communautés. Mais d’après mon expérience, il se pourrait qu’il y ait eu un cas ou deux, » laisse-t-il entendre.
Le Sonke Gender Justice s’attendait Á obtenir une forme de soutien dans sa lutte auprès du comité de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) et de la South African Football Association (SAFA) mais elle a vite déchanté. «C’est incroyable Á quel point les règlements de la FIFA ont prévalu. Cette instance a même un pouvoir d’influence sur les décisions gouvernementales. Certaines législations ont dÁ» être mises de coté pour permettre Á cet évènement planétaire mondial de se tenir en Afrique du Sud. Le comité organisateur local ne nous a pas aidés. »
Par exemple, l’ONG voulait intégrer des questions de santé publique et en particulier les risques de transmission au VIH SIDA mais la FIFA ne l’entendait pas de cette oreille. L’instance suprême mondiale du football s’est contentée de s’assurer de la santé des joueurs et des officiels et ensuite des spectateurs en général. Il n’y a pas eu la moindre campagne de la FIFA sur le VIH/SIDA. Sa seule campagne importante a porté sur le racisme.
Pour Kubi Rama, directrice adjointe de Gender Links, «les structures de la FIFA sont des instances dominées par des hommes et elles sont difficiles Á pénétrer. Le plus gros défi demeure celui de briser l’image machiste du football. Car on oublie souvent que le ballon rond intéresse aussi les femmes. De plus, durant la Coupe du Monde 2010, les commerçantes ont été incapables de travailler car elles ont été chassées des rues. Cela a soulevé des préoccupations sérieuses sur comment est-ce que cet évènement aurait pu bénéficier aux femmes. »
Elle estime que personne n’a pu vérifier les chiffres concernant le trafic humain. «C’était le plus grand défi pour la Coupe du Monde, pas seulement en termes de femmes qui vendent leurs corps mais aussi en termes de celles qui l’utilisent pour transporter de la drogue ou encore celles qui ont été obligées de travailler de longues heures dans les hôtels », a-t-elle expliqué.
Aujourd’hui, l’ONG de Stubbs Maluleke entame une campagne pour décourager les jeunes filles d’une vingtaine d’années Á avoir des rapports sexuels avec des personnes plus âgées, généralement de 40 ans ou plus comme moyens de subsistance. Il a lance l’opération «Carton Rouge » pour ce genre de pratiques. «C’est une question de dominance mâle et les jeunes filles ne s’intéressent pas de savoir si l’homme a des enfants même plus âgés qu’elle. L’important pour elles, c’est de venir Á bout de leurs difficultés économiques ». En sus de cela, il y la campagne «Brothers for Life » pour encourager les hommes Á changer d’attitude et Á devenir plus positifs. Ils ne doivent plus avoir plusieurs partenaires. Ils doivent aider leurs partenaires quand celles-ci sont enceintes et non pas se défiler. Ils doivent améliorer leurs attitudes, de même que s’occuper des leurs. Une campagne sur le VIH/SIDA a été lancée pour ceux âgés de 30 ans. Pour atteindre nos objectifs, nous travaillons de concert avec les provinces, les collectivités locales et le département de la santé et faisons cause commune ».
Il dit avoir le soutien des medias pour véhiculer les messages de Sonke Gender Justice et il leur alloue une note de six sur une échelle de 10 pour leur implication dans les projets de l’ONG.
Pour ce qui est de la problématique genre, Kubi Rama affirme qu’il «y a des stratégies sérieuses. Il ne faut pas perdre de vue nos objectifs qui rejoignent ceux du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement pour 2015. Même si nous ne pourrons atteindre une représentativité de 50-50, il faut travailler pour nous rapprocher le plus de cet objectif. Avec presque les deux-tiers de la population africaine étant âgés de 25 ans, il faut se concentrer sur des façons d’encourager les jeunes femmes Á prendre un intérêt dans la politique et le service public en Afrique. »
GL Special Advisor @clowemorna opens the floor & breaks the ice in welcoming all the different grantees with their country's @WVLSouthAfrica Conference#GenderEqaulity#CSW69 pic.twitter.com/P9zDtXcIAy
— Gender Links (@GenderLinks) March 5, 2025
Comment on Coupe du Monde 2010: la FIFA a refusé de collaborer avec les ONG