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Elle explique l’importance du monitorage des médias. «Les médias représentent une source principale d’information et d’opinion pour la plupart de gens. Même s’il y a une prolifération de médias sociaux, ceux-ci ne sont pas aussi importants que les médias traditionnels. Si un pays ne se connait pas suffisamment, il ne pourra répondre aux attentes et aux besoins de sa population. Or, le travail d’un pays est souvent reflété par ses médias. Dans beaucoup de pays au monde, il y a un sentiment parmi la population que les médias ne reflètent pas comme il se doit la contribution de tout un chacun. Mais on ne peut le confirmer ou l’infirmer qu’Á travers des études qui cherchent Á découvrir qui parle sur quoi. C’est pour cela que le monitorage vaut son pesant d’or et permet d’établir des dialogues par la suite », affirme cette experte d’origine canadienne.
Le GMMP de 2010 a concerné 108 pays (dont 27 d’Afrique), ce qui représente 80% de la population mondiale. Ce monitorage d’un jour a été initié pour la première fois en 1984 Á Bangkok et se renouvelle tous les cinq ans avec un plus grand nombre de pays Á chaque fois. A titre d’exemple, l’étude de 2005 ne concernait que 76 pays.
Dans le GMMP de 2010, les moniteurs bénévoles de la WACC ont analysé 17, 795 informations écrites et diffusées par 21 813 journalistes employés par 1365 médias. Et dans cette somme d’informations, il y avait 38 253 sources. Les informations prises sur l’Internet ne concernaient pas l’Afrique.
Les résultats globaux démontrent que les médias ont accordé la parole Á 24% de femmes en comparaison Á 21% d’entre elles lors de l’exercice de monitorage de 2005. Pour l’Afrique, le chiffre est de 19%, soit le même que celui figurant dans le Gender and Media Progress Study de Gender Links et de ses partenaires, qui ont eux analysé 33000 informations provenant de 14 pays de la Communauté de Développement de l’Afrique australe (SADC). C’est dans les pays de l’Amérique Latine que l’on retrouve le plus de sources féminines dans l’information.
Dans le domaine politique et économique, on note une progression des sources féminines. Par contre, les expertes sont désormais moins sollicitées par les médias. En 2005, elles étaient 17% Á s’exprimer alors que dans le GMMP de 2010, elles ne sont que 8%.
L’opinion des femmes anonymes dans le monde est répercutée Á 44% contre 34% en 2005. Au niveau de l’Afrique, ce pourcentage a chuté, passant de 38% en 2005 Á 33% en 2010 mais ceci est en raison de l’arrivée de nouveaux pays dans le classement mondial.
Au niveau de l’égalité du genre dans les médias, le chiffre progresse mondialement, soit 6% au lieu de 4%. En Afrique, ce pourcentage passe de 4% Á 5%. Mais force est de constater qu’il y aussi un revers de la médaille, soit un renforcement des stéréotypes du genre au niveau mondial de l’ordre de 46%.
«Le travail qui a été fait ces dernières années sur l’importance de la sensibilité au genre dans les médias a porté ses fruits car la marginalisation des voix féminines est de plus en plus reconnue comme une atteinte Á la liberté d’expression. Il a aussi été prouvé que 37% des reportages écrits et diffusés ont été réalisés par des femmes journalistes contre 63% pour les hommes journalistes. La prise de conscience est lente mais elle arrive », a-t-elle estimé.
Détentrice d’un diplôme en communication auprès de l’Université de Vancouver au Canada, Lavinia Mohr a rejoint la WACC depuis sept ans. Elle est un des membres fondateurs de l’Association des Radios Communautaires. Elle se spécialise en droits de la communication, en règlement des conflits et en stigmatisations liées au VIH/SIDA.
Comment on Lavinia Mohr: «Marginaliser la voix des femmes, c’est attenter Á la liberté d’expression »