Le genre dans la formation universitaire: encore du chemin Á  parcourir!

Le genre dans la formation universitaire: encore du chemin Á  parcourir!


Date: October 14, 2010
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Il y a encore du chemin Á  faire pour que le genre fasse son entrée au sein de la formation universitaire, d’autant plus que peu de professeurs d’universités comprennent réellement ce concept. C’est ce qui ressort généralement des présentations faites sur le sujet lundi après-midi lors du quatrième Sommet sur le Genre et les Médias, qui se tient jusqu’Á  vendredi au Birchwood Hotel de Johannesburg.

Emily Brown, professeure Á  la Polytechnique de Namibie, a fait ressortir que seulement 39% des professeurs d’université interrogés savent exactement ce qu’est le genre, même si 100% des sondés ont dit être familiers au concept.

Harry Razafinimpiasa, professeure Á  l’Université d’Antanarivo Á  Madagascar, qui a introduit sur une base pilote un module sur le genre dans la formation aux médias, trouve que ces chiffres cités par la professeure Brown sont très révélateurs de l’ampleur du travail qui reste Á  être accompli. «Je trouve que c’est extrêmement décevant, tout en étant le reflet de la réalité! »

A ses yeux, il faut donc intensifier le travail sur le terrain. «Une question m’a trotté en tête. Comment pouvons-nous apprendre aux étudiants Á  intégrer l’approche genre dans leur métier de journaliste si nous, universitaires, ne maîtrisons pas le concept? A Madagascar, nous avons tenté d’insérer le genre dans différents cours du journalisme mais nous avons buté sur plusieurs difficultés. Certains professeurs disent manquer de temps, mais il faut dire que le genre, tout comme le VIH/SIDA avant lui, a été un sujet très populaire Á  un moment donné ».

Mais depuis, souligne-t-elle, les bailleurs de fonds ont fermé les robinets et l’intérêt suscité autour du VIH/SIDA et du genre semble être retombé. «Du coup, j’anime beaucoup de cours que mes collègues ne veulent pas assurer mais qu’ils mettent sur le compte d’une incapacité Á  le faire. Je pense que si les professeurs avaient intériorisé la notion du genre, ils se sentiraient davantage concernés et n’abandonneraient leurs cours sous aucun prétexte. »

Mais il n’y a pas que du négatif Á  rapporter dans le cadre de ce projet pilote. La plus grande joie de Harry aujourd’hui est le changement dans le comportement de ses étudiants et étudiantes. «Les étudiants ont mieux intégré ce concept grâce Á  ma manière de coller les notions de genre Á  mon cours de méthodologie de recherche participative. Les travaux menés sur le terrain avec les étudiants de quatrième étaient des travaux préparatifs pour leurs mémoires. Contrairement aux promotions précédentes, je suis fière de constater que beaucoup d’entre eux et même des étudiants, sont attirés par des sujets portant sur la situation des femmes dans diverses communautés et même dans leurs vies personnelles ».

Pour le cinquantième anniversaire de l’indépendance du Madagascar, ses étudiants devront faire une présentation sur l’histoire des grands chefs d’Etat qui ont marqué l’histoire du pays. «Et Á  l’issue des travaux, c’est tout naturellement qu’ils m’ont demandé d’ajouter la biographie des reines malgaches et cela m’a profondément touchée ».

L’expérience tanzanienne, dont il a aussi été question lors de cette présentation, a fait sensation. Bernadette Killian, professeur et Maria Gorethy Charles, étudiante en communication Á  l’Université de Dar-es-Salaam, ont parlé d’une série d’émissions baptisées « Mlimani », mot swahili qui signifie colline, réalisées et présentées uniquement par une équipe d’étudiantes en journalisme. L’objectif de ces émissions est d’accorder davantage la parole aux femmes et de montrer où se trouvent leurs priorités.

Diffusée la première fois un 8 mars Á  l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, cette émission a tellement plu aux Tanzaniens que la chaîne de télévision qui l’a projetée, a demandé aux étudiantes d’en réaliser d’autres. Ces dernières ne se sont pas fait prier. Ces émissions sont diffusées le dernier samedi de chaque mois en Tanzanie et attirent 33% de spectateurs.

Cette idée a ravi l’assistance, Harry Razafinimpiasa en premier lieu. Mais elle n’ose rêver d’une expérience similaire Á  Madagascar, faute de moyens financiers. «C’est une pratique merveilleuse pour les étudiantes tanzaniennes. Nous ne savons pas si l’expérience est pérenne ou si c’est un projet limité dans le temps. Mais au moins le gouvernement subventionne ces émissions. C’est important car l’éducation a un prix. Dans mon pays, nous n’avons même pas de studios d’enregistrement Á  l’université alors comment pouvons-nous envisager de reproduire une expérience similaire mais qui serait si nécessaire pour donner plus de voix aux femmes? »

Les étudiants en journalisme n’y croyaient pas au départ. Ils ont fini par concéder qu’Á  travers cette émission, un plus grand nombre de femmes interviennent et que leurs collègues femmes sont des professionnelles des médias Á  part entière. «Grâce Á  cette émission, la perception qu’ont les hommes des femmes journalistes va changer. D’ailleurs, même la perception que les femmes journalistes ont d’elles-mêmes va se modifier. Elles se sentiront en confiance et la formation en journalisme n’en sera que meilleure. Le nombre de femmes journalistes dans les rédactions de la presse écrite pourrait alors rejoindre celui des réalisatrices de reportages et des productrices d’émissions télévisées ou radiophoniques ».


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