Les femmes et les hommes dans les médias: elles sont toujours les mal aimées!

Les femmes et les hommes dans les médias: elles sont toujours les mal aimées!


Date: November 21, 2011
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Les femmes n’ont toujours pas la côte auprès des médias qui les dépeignent soit comme des victimes, soit comme des objets sexuels. La majorité des habitants du quartier de Hillbrow que nous avons interviewés s’en plaignent et plaident pour une couverture médiatique équilibrée entre femmes et hommes.

 

Rebecca Sithole, 28 ans, réceptionniste d’une organisation communautaire s’occupant du VIH/SIDA:

 

«Les médias dépeignent les femmes comme des cibles faciles en raison de leur code vestimentaire ou comme des personnes qui peuvent être aisément achetées par des cadeaux. C’est donc une image négative d’elles qui est relayée. Les hommes, par contre, sont dépeints comme étant forts et intelligents en affaires. Les médias font d’eux des dirigeants mondiaux dont aucune des actions n’est contestable. J’aurais souhaité que les femmes soient dépeintes de façon décente et qu’elles puissent s’habiller comme elles le veulent, tout en étant respectées. Il faudrait que les hommes soient montrés comme des êtres humains avec leurs qualités mais aussi leurs défauts et leurs manquements comme c’est le cas des femmes. »

 

Cindy Grobbelaar, 40 ans, travailleuse sociale et politicienne engagée auprès de la Democratic Alliance:

 

«Je trouve que les médias ont tendance Á  trop montrer des femmes incapables de prendre soin d’elles et d’être indépendantes. De l’autre côté, je ne suis pas en faveur de tous ces groupes de femmes car je trouve que cela les marginalise. Les médias enferment les femmes dans des boîtes et ne soulèvent pas des questions d’importance pour elles. Par exemple, la législation sud-africaine en matière de femmes et d’enfants est Á  leur désavantage. Prenez le cas des enfants de rues. J’aurais voulu qu’ils soient encadrés et pris en charge par les autorités. Pour cela, il faut effectuer de multiples démarches et aller en Cour. La bureaucratie est si lourde que cela va Á  l’encontre du bien-être de ces enfants. Autre exemple, la question de pension alimentaire dans des cas de divorces. Le processus est long. Cela peut prendre entre six mois Á  un an alors que de telles affaires auraient dÁ» être résolues en trois mois. La presse ne soulève pas toutes ces questions de prime importance pour les femmes et les enfants. Tout comme elle ne montre pas toutes ces femmes anonymes qui sont fortes et qui luttent au quotidien pour leurs droits. Ces femmes sont pourtant des héroÁ¯nes mais elles restent des anonymes car les médias n’en parlent pas, du moins rarement. En revanche, les médias continuent Á  montrer les hommes en tant que leaders incontestés, Á  la tête d’affaires qui marchent, qui réagissent toujours face Á  des défis. J’aurais voulu que les médias accordent un traitement égalitaire aux femmes et aux hommes. En fait, le genre ne doit pas primer. Ce n’est pas important que ce soit un homme ou une femme qui fasse bien le travail. L’important, ce sont les qualités de cet homme ou de cette femme. Ce sont ces qualités-lÁ  que la presse doit souligner avant tout. »

 

Tshephiso Mopapelo 24 ans, étudiante  Á  l’Université de Johannesburg:

 

«Petit Á  petit, la femme trouve sa place dans la société. C’est une lutte perpétuelle mais avec de plus en plus de femmes éduquées, cela aide grandement Á  changer les mentalités. La presse, qu’elle soit écrite ou audio-visuelle, a toujours trop tendance Á  valoriser les hommes et Á  sous-estimer les femmes. Les journalistes ont la responsabilité de changer cette mentalité en écrivant des articles plus équilibrés où l’on entend davantage la voix des femmes qui brillent dans leurs secteurs respectifs. Au lieu de cela, les journalistes les maintiennent dans l’ombre. Pourquoi ne pas avoir en Une d’un journal une femme qui réussit? Pourquoi ne pas voir cette même femme lÁ  en nouvelle d’ouverture d’un journal télévisé? Pour le moment, ce n’est pas le cas mais l’éducation a un apport indéniable dans la vie des femmes. Dans quelques années, avec de plus en plus de femmes qui sont encouragées Á  faire des études secondaires et même Á  étudier au-delÁ , la situation devrait s’inverser. La balle est maintenant dans le camp des responsables de publication et de diffusion. »

 

Nhlanhla Ndlovu, 32 ans, consultant psycho-social:

«On dit que les médias braquent leurs projecteurs sur le physique des femmes et sur leur habillement. Pour les hommes, c’est difficile Á  déchiffrer. Mais Á  bien y réfléchir, je pense que ce soit pour les femmes ou pour les hommes, tout est une question de manière de s’habiller aux yeux des médias. Quand les médias interrogent des familles vivant en régions rurales, ces dernières sont habillées décemment. Par contre, en ville, les femmes s’habillent de façon trop excentrique ou de façon trop provocante et les médias le montrent. Les médias ne sont donc que le reflet de ces réalités. »

Bennett Sibanda, 50 ans, employé du laboratoire pharmaceutique Adcock Ingram:

 

«Je vous livre lÁ  un point de vue très personnel. Tout le monde dans la société ne se comporte pas de façon correcte. Pour ce qui est des femmes, tout dépend de la manière dont elles s’habillent. Ce n’est pas comme un homme. Quand les femmes sont dans un environnement rural ou familial, elles sont montrées sous un angle positif. Mais dès qu’elles descendent Á  Hillbrow, qui est un des quartiers chauds de Johannesburg, leurs tenues sont différentes. Et les médias le montrent. De nos jours, les femmes se montrent indépendantes. Le féminisme brise les barrières et les medias y contribuent en démontrant cela. D’un autre côté, les médias mettent les hommes Á  l’écart. Ce faisant, ils donnent une plateforme aux femmes pour montrer qu’elles sont supérieures aux hommes. Ce qui fait que l’homme en tant que chef de famille doit préparer ses repas quand il rentre plus tôt Á  la maison. S’il y a des améliorations Á  faire au niveau médiatique, je crois que cela doit aller dans les deux sens. Tous les hommes ne sont pas des animaux. Il y a également des femmes qui abusent des hommes. Ce n’est pas facile pour un homme d’aller se plaindre Á  la police. On dira de lui qu’il est un poltron. Il faut que les avis et l’image des hommes et des femmes soient plus équilibrés. »

 

Mbamo Ginala, 23 ans, qui vit dans un abri:

 


«Les femmes n’ont pas de privilèges. Etre une femme dans ce pays est très difficile. Elles n’ont toujours pas de pouvoir et cela se voit dans les médias. Cette situation pourrait changer le jour où nous aurons une femme présidente de la République d’Afrique du Sud. A ce moment-lÁ , l’image de la femme dans les médias va évoluer en conséquence. Les hommes sont des égoÁ¯stes. Ils font de fausses promesses et utilisent les médias pour cela. Ils veulent que les gens votent pour eux mais ils les oublient après les élections. Ce que j’aimerais voir dans les medias, ce sont les opportunités offertes tant aux femmes qu’aux hommes. Les femmes sont des mères, elles comprennent toutes les souffrances du monde. Elles savent ce que les gens attendent d’un gouvernement. Il faut donc leur donner davantage la parole. »

 


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