Les médias entrent-ils trop dans la vie privée des gens?

Les médias entrent-ils trop dans la vie privée des gens?

Virginie Saramandif de la Media Watch Organisation Á  Maurice:

«Je pense que l’on ne peut pas empêcher les journalistes d’enquêter, de collecter des informations et de les diffuser, même si elles concernent la vie privée des gens. Mais je trouve qu’actuellement, les professionnels des médias vont trop loin et violent l’éthique journalistique par rapport au respect de la vie privée. Pour moi, il est important qu’ils respectent leur code d’éthique. A Maurice par exemple, les journalistes ne respectent pas toujours la confidentialité et cela peut nuire aux sources d’information. Dans plusieurs articles, les noms, adresses et même les photos des sources sont publiés ou diffusés. Cela peut être dangereux car personne ne peut prévoir Á  l’avance la réaction de ceux qui vont réceptionner cette information. Le fait est que le sensationnel fait vendre, même si c’est dégradant. Je préfèrerais que les professionnels des médias se concentrent de temps Á  autre sur des histoires valorisantes et qui instruisent. Nous attendons aussi des médias qu’ils montrent des choses positives. Mais par rapport aux hommes politiques, je pense qu’ils n’ont pas de vie privée. Heureusement, les journalistes mauriciens font bien leur travail et livrent comme les Français, beaucoup d’informations sur la vie privée des politiciens. J’estime que c’est un bon moyen de contrôler les politiciens dans leurs moindres faits est gestes. Les Mauriciens ont le droit de savoir Á  qui ils ont affaire. Ils ont le droit de savoir qui les représentent au Parlement ».

Mariagoreth Charles, Tanzanienne, étudiante et journaliste:

«Les médias se mêlent trop de la vie privée des gens au lieu de se concentrer sur les problèmes qui affectent la communauté. Ils le font surtout avec des politiciens au lieu de se soucier de l’intérêt public. Peut-être que dans certains cas, il doit en être ainsi. Par exemple, si une personnalité sort avec une adolescente, il faut la dénoncer. Dans mon pays par exemple, la presse a tiré Á  boulets rouges sur un des candidats Á  la présidence, le Dr Willbroad Slaa, sous prétexte qu’il a pris la femme d’un autre. Mais moi, ce que je voulais connaître, c’est son programme électoral. Demain, s’il est élu président, personne ne saura quelles promesses électorales il a faites pour pouvoir le mettre au pied du mur lorsqu’il le faudra. Je suis d’avis que cette attitude de la presse décourage aussi les femmes qui veulent faire de la politique. Car elles doivent donner l’exemple Á  leurs enfants et leurs familles. Les médias peuvent aller jusqu’Á  inventer des histoires sur les femmes qui veulent entrer dans la vie publique. Que se passera-t-il si ces femmes ont fait une erreur durant leur jeunesse et qu’elles ont changé depuis? La presse risque de dénoncer ce qui n’était somme toute qu’une erreur de jeunesse. Pour un homme c’est moins difficile, mais pour une femme, cette bêtise risque de leur coller Á  la peau Á  vie ».