Reconnaitre le travail des pourvoyeurs de soins

Reconnaitre le travail des pourvoyeurs de soins


Date: October 14, 2010
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L’un des aspects importants du quatrième Sommet sur le Genre et les Médias hier Á  Johannesburg a été de forts plaidoyers pour la reconnaissance du travail des pourvoyeurs de soins aux personnes séropositives. Deux activistes du genre se sont exprimées sur le sujet. C’est Jennifer Mufune, Network Manager du réseau Gender and Media Southern Africa (GEMSA) en Namibie et Perpetual Schikwenkwe de GEMSA de Zambie.

C’est en 2006 qu’il y a eu la première conférence destinée Á  faire reconnaitre le travail des pourvoyeurs de soins aux personnes séropositives. En 2008 et 2009, la Voluntary Service Overseas (VSO) et la Regional AIDS Initiative of Southern Africa (RAISA) ont démarré un travail en ce sens avec l’Organisation Mondiale de la Santé.

En avril 2009, le GEMSA a procédé Á  une analyse régionale des politiques de genre et de VIH/SIDA dans les pays de Communauté de Développement de l’Afrique australe (SADC). En 2010, le GEMSA et VSO-RAISA ont publié un livret sur les politiques du genre et de VIH/SIDA intitulé: «Making Care Work Count…Real Work: Real Pay! ». En d’autres mots, reconnaitre le travail des pourvoyeurs de soins et les rétribuer convenablement pour ce travail.

«Le drame dans plusieurs pays de la SADC, c’est que ce sont les femmes et les jeunes filles qui sont seules Á  s’occuper des personnes malades du VIH/SIDA, » s’insurge Jennifer Mufune. Elle déplore aussi que les jeunes filles doivent souvent abandonner leurs études pour s’occuper de leurs proches alors qu’il y a tant de personnes dans le voisinage qui auraient été intéressées Á  cette activité si elle était rémunérée. «C’est un cercle vicieux qui maintient ces femmes et ces filles dans la pauvreté ».

«De plus, quand les femmes tombent malades, elles sont renvoyées dans leurs familles et leurs tribus. Souvent par d’autres femmes qui les conseillent, de même qu’Á  leur mari ou encore qui proposent Á  ces derniers de se trouver une autre femme. Mais quand le mari tombe malade, c’est sa femme ou sa fille qui s’occupe de lui. Il y des cas où les parents sont morts et les jeunes filles s’occupent de leurs grands-parents », ajoute notre interlocutrice.

Le GEMSA mène une campagne pour que ce travail soit reconnu comme tous les autres métiers rétribués. Elle encourage les pays de la SADC Á  développer une politique pour reconnaitre ce travail. Les médias ont un rôle important de sensibilisation de la société civile, des parlementaires et des gouvernements sur la question.

Jennifer Mufune a aussi évoqué un problème créé par certaines organisations non-gouvernementales qui ont obtenu de l’argent du Global Fund pour soutenir les pourvoyeurs de soins. Cela a donné lieu Á  une certaine compétition entre eux.

Perpetual Sichikwenkwe a rappelé que les soins aux malades du VIH sont un travail Á  vie. Il y a trois types de soins: (1) les soins primaires offerts par les familles, femmes ou filles, (2) les soins secondaires prodigués Á  domicile par des gens formés et (3) des soins professionnels dispensés par les infirmiers et les médecins.

«Les soins sont un fardeau alourdi par le VIH/SIDA. Il faut le faire 24 heures sur 24, sept jours sur sept. En Namibie, les organisations non-gouvernementales emmènent une fois par mois les pourvoyeuses de soins dans une réserve naturelle pour leur offrir une manucure et des soins capillaires. Il faut que les gouvernements soutiennent ces projets, » estime-t-elle. Parfois, il leur faut des choses simples comme du savon ou encore des gants pour faciliter leurs tâches.

Perpetual Sichikwenkwe évoque les difficultés des malades du VIH/SIDA qui habitent loin des réseaux ferroviaires dans les zones rurales et qui ne sont pas couverts par les pourvoyeuses de soins.

Pour conclure, elle a rappelé l’article 27 du Protocole de la SADC sur le Genre et le Développement par rapport au VIH/SIDA: «Il y est dit que les Etats membres doivent développer des stratégies sensibles au genre pour prévenir de nouvelles infections, s’assurer que les femmes, les hommes, les garçons et les filles infectés aient accès aux traitements contre le VIH/SIDA, développer et appliquer des politiques et des programmes pour assurer la reconnaissance appropriée des personnes prodiguant des soins aux séropositifs. Dans la majorité des cas, ces personnes sont des femmes ».

Cet article leur demande aussi de développer et appliquer des politiques et des programmes pour assurer l’allocation des ressources et un soutien psychologique aux personnes délivrant des soins aux séropositifs, de même que promouvoir l’implication des hommes dans les soins et le soutien aux personnes vivant avec le VIH.

Les Etats membres devraient développer et mettre en application cet article d’ici 2015 pour reconnaitre le travail des pourvoyeurs de soins qui sont en majorité des femmes. Il faudrait qu’elles bénéficient des ressources et des supports psychologiques. Tout comme il faudrait promouvoir l’implication des hommes dans les traitements aux personnes vivant avec le VIH/SIDA car ce fardeau ne peut être assumé seulement par les femmes.


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