Clara, la Mauricienne: “Mon mari, mon bourreau”


Date: December 25, 2010
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« Je me nomme Clara. Je n’ai pas encore 30 ans et je vis actuellement Á  Plaisance car j’ai fui le domicile conjugal il y a quelques mois de cela. Je suis une femme simple, sans travail, issue d’une famille très modeste de Port-Louis, la capitale de Maurice. Ma modestie m’a fait croire que je devais trouver un homme bon et aimable pour améliorer ma vie.

Il y a cinq ans, j’avais cru rencontrer le prince charmant mais cela ne fut pas le conte de fées que j’attendais. J’ai fait la connaissance de Jean, un jeune entrepreneur. Il était un homme bon et doux quand je l’ai connu. Je m’estimais chanceuse de l’avoir connu et bien vite, nous nous sommes engagés dans une relation sérieuse. Après quoi, nous nous sommes mariés. Au début, tout était rose.

Le seul hic est qu’il était super jaloux et possessif. Je trouvais cela normal et je me suis dis que c’était son amour qui le faisait agir ainsi. Il ne voulait pas que je sorte seule. Il me questionnait après chacune de mes conversations téléphoniques. Il me surveillait et vérifiait mes tenues vestimentaires.
Ensuite son comportement s’est mis Á  drastiquement changer.

Il passait la majeure partie de son temps Á  visionner des films érotiques et pornographiques et voulait que je voie tout cela en sa compagnie. Il insistait pour que je refasse les mêmes gestes que dans les films pervers en question. Quand je refusais, il me giflait, m’insultait et me disait que je n’étais qu’une bonne Á  rien.

Il n’avait pas honte de se comporter ainsi devant nos deux enfants en bas âge. Il se réveillait Á  n’importe quel moment de la nuit et voulait que j’exécute tous ses besoins sexuels. A maintes reprises, il a tenté de me sodomiser mais je ne lui ai pas laissé faire. Je me suis fait passer Á  tabac pour mes refus. Je lui disais que j’étais sa femme et pas une travailleuse sexuelle avec qui il pouvait assouvir tous ses fantasmes. Il répliquait que comme j’étais sa femme, je lui appartenais.

Il alléguait que j’avais des amants et qu’Á  eux, je donnais tout. J’avais peur qu’il me filme avec son téléphone cellulaire pendant nos moments intimes pour me faire chanter par la suite. A un moment, il exigeait que je sois Á  demi-nue dans la maison une journée pour qu’il puisse me prendre quand il en avait envie. Il avait des fantasmes de pervers.

Il me giflait et me tapait souvent quand il avait des relations sexuelles avec moi et il voulait qu’on le fasse partout. Il m’obligeait Á  quitter la maison et Á  venir le rejoindre dans un champ de cannes juste pour réaliser ses fantasmes. Mes deux enfants étaient terrorisés. Puis, j’ai rencontre un ami qui m’a vraiment aidé.

Je me suis enfuie du domicile conjugal. J’ai enclenché des procédures de divorce et plaidé pour obtenir la garde de mes enfants. Mon mari a contesté ma demande de divorce. Il entretient une liaison avec une travailleuse sociale influente et avec l’aide de cette dernière, il a tenté de nuire Á  ma réputation. Il s’est rendu Á  la Child Protection Unit, affirmant que c’est moi qui visionnais des films pornographiques et cela devant les enfants.

Il l’a même publiquement affirmé sur les ondes d’une radio. Je me suis sentie violée. Lui qui avait été un mari bourreau, qui m’a torturée et qui m’a fait subir toutes sortes de sévices sexuels, essayait de se faire passer pour le mari cocu et victime. Heureusement que le juge de la Cour Suprême ne s’est pas laissé berner. Il n’a pas accédé Á  la demande de mon mari qui réclamait la garde de mes deux enfants. J’ai eu la chance d’avoir le soutien de mon papa. Il a été témoin de la violence que j’ai endurée pendant toutes ces années. Mon corps était un objet sexuel entre les mains d’un mari pervers et bourreau.

J’ai refait ma vie petit Á  petit dans les bras d’un autre homme, un vrai car celui-lÁ  qui ne me frappe point, ne m’injurie point et qui me respecte. Il a su restaurer la dignité que j’avais perdue. »

Paul Sophonie est journaliste Á  Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


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