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Marthe Mwilu est pasteur et responsable de l’église «Jésus Sauve », une église de réveil spirituel, située dans la commune de Limete Á Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo (RDC). Elle est mariée et mère de quatre enfants. Pour qu’elle puisse devenir pasteur, elle a dÁ» faire un parcours de combattant.
«Evoluant dans une société où l’on ne tolère pas l’ascendance de la femme sur l’homme pour plusieurs raisons, la femme responsable d’une église que j’aspirais Á devenir a été accusée de tous les péchés d’Israël. J’ai fait l’objet de menaces graves de la part de ma belle-famille qui trouvait en ce nouveau statut une voie pour dominer mon mari, de prendre l’ascendant sur lui…
Et pourtant, j’ai été appelée par Dieu dès mon jeune âge. J’ai commencé par agir comme servante au sein de l’Eglise catholique et Á aucun moment, je n’avais pensé que j’aurai pris la tête d’une église un jour. Lors d’une campagne au stade du Martyre, organisée par les Studios Sango Malamu, une structure de communication de l’Eglise de réveil, j’ai ressenti l’appel divin et que j’étais appelée Á jouer un rôle plus important pour ma famille et pour les autres aussi.
C’est ainsi que le Saint Esprit m’a inspirée depuis l’an 2000 et a même inspiré le nom de l’église que je dirigerai, Á savoir l’église Jésus Sauve. Cependant, bien que je sois le pasteur principal, je suis secondée par deux autres pasteurs hommes, cinq diacres dont deux femmes et trois hommes, ainsi que par quatre anciens, tous des hommes. Jusqu’Á présent, mon église tient bon et compte plus de 150 membres, hommes et femmes confondus.
L’Eglise Jésus Sauve évolue normalement et ne connaît fort heureusement pas encore des problèmes de discrimination ou de stigmatisation liés au sexe. Tout se passe dans le strict respect des uns et des autres. Chacun joue son rôle sans se préoccuper des considérations autres que spirituelles. J’organise un culte d’adoration le dimanche de 9h00 Á 11h30. Chaque mardi, il y a la prière de 16 Á 18 heures et tous les vendredis un culte de délivrance de 16h Á 18h30 au plus tard.
Je reçois mes fidèles, hommes et femmes, chaque jeudi matin. Je travaille Á plein temps et je n’ai guère le temps pour d’autres activités en dehors de celles de mon ménage et ce, malgré mon diplôme de graduat en hôtellerie de l’Institut Supérieur Pédagogique de la Gombe (ISP/Gombe).
Je m’occupe de ma famille et des fidèles de mon église. Bien que je sois fort occupée, je me fais un devoir de trouver le temps pour mes enfants. Je suis toujours Á table avec eux pour les écouter, échanger avec eux et leur apprendre les bonnes manières Á table. J’accorde suffisamment du temps Á mon cher époux qui compte parmi mes fidèles et qui reste mon plus grand soutien dans tout ce que je fais.
Je lis beaucoup la Bible et passe beaucoup de temps Á la méditation de la parole de Dieu pour être en communion avec le Saint Esprit et ainsi poser des actes dignes d’une servante du Seigneur.
J’ai rencontré plusieurs difficultés liées surtout Á la coutume Luba qui ne permet pas Á la femme de prêcher, ni d’avoir de l’autorité sur l’homme. Mes propres parents et certains de mes frères n’ont jamais reconnu ma vocation et continuent Á s’opposer Á mes actions jusqu’Á jurer de ne jamais mettre leurs pieds dans l’église Jésus Sauve. Ma belle famille réagit plus vigoureusement et me qualifie de discipline de l’anti-Christ et du Diable.
Qu’Á cela ne tienne. Je me console en disant que même Jésus-Christ n’a pas été reconnu par le siens et cela ne l’a pas empêché de poursuivre son Å“uvre pour autant. Je continue et continuerai donc Á prier pour eux jusqu’au jour où ils seront convaincus par le Saint Esprit que je suis sur la bonne voie. Et alors, et seulement alors, je pourrais réunir ma famille pour prier ensemble. Je me dis aussi que tant que la structure de la société congolaise sera ainsi faite avec le poids très lourd des coutumes et des traditions qui pèsent sur la femme, la bataille en faveur de l’égalité du genre sera loin d’être gagnée. »
Francine Umbalo est journaliste en RDC. Cet article qui figure dans les 16 jours de campagne contre la violence envers le genre, fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
GL Special Advisor @clowemorna opens the floor & breaks the ice in welcoming all the different grantees with their country's @WVLSouthAfrica Conference#GenderEqaulity#CSW69 pic.twitter.com/P9zDtXcIAy
— Gender Links (@GenderLinks) March 5, 2025
Comment on Devenir une femme pasteur en RDC: un parcours de combatant