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Julia, 53 ans, a connu huit ans de calvaire avec un mari accro Á la drogue. Pourtant, avant de convoler en justes noces avec son premier amour, rien ne présageait qu’elle connaitrait une descente aux enfers aux cotés de celui qui lui a donné deux fils.
« Grace Á ma volonté, j’ai décidé de me battre et de m’en sortir après huit ans de martyre. Mais l’avers de la médaille est que je n’arrive plus Á faire confiance Á un homme… J’ai connu celui qui allait devenir mon mari Á 16 ans. Lui en avait 18. Je fréquentais une institution secondaire alors que lui travaillait sur une sucrerie. Dès que j’ai été majeure, nous nous sommes mariés. Pendant tout ce temps, il a bien caché son jeu car c’est après le mariage que j’ai fait l’effroyable découverte qu’il se droguait au quotidien et ce depuis très jeune.
Mes enfants avaient deux et quatre ans respectivement quand j’ai décidé de quitter le toit conjugal. Il a toutefois fallu qu’il tape les enfants Á coups de pieds et de poings pour que je réalise pleinement que je vivais avec un monstre. Le jour où je me suis séparée de lui, je l’ai aussi frappé. J’ai saisi un petit objet de décoration, une chèvre en bois aux oreilles pointues et j’ai labouré son torse avec. L’objet a fendu sa chemise et l’a saigné.
Mais je ne peux oublier tout ce que j’ai subi entre les mains de ce mari et père de mes enfants dépendant de la drogue. Des jours, c’était des coups de poings au visage. D’autres jours, je me prenais la bouteille de bière sur la tête et toute autre chose qui lui passait sous la main. Je travaillais et lui pas. Il me réclamait sans cesse des sous pour se payer sa dope et quand il n’y avait plus un rond, il se transformait en fou furieux et lÁ , c’était pire que d’habitude.
L’humiliation suprême a été de se faire tabasser dans la rue devant tout le monde…ça, on ne l’oublie pas. Sans compter qu’il ne ratait jamais une occasion pour me dénigrer. Jamais il ne trouvait qu’un vêtement m’allait. J’étais trop noire, répétait-il. A tel point qu’il a réussi Á me faire perdre confiance en moi. Même aujourd’hui, il arrive de me dire que je suis un zéro. J’ai toujours tendance Á croire que je ne vaux rien.
J’étais même devenue son esclave. Il ne voulait pas que j’aille faire du shopping ou que j’aille au marché. Il refusait même que j’aille chercher mes pilules contraceptives au centre de planning familial. Je devais ruser pour y parvenir. Jamais il ne m’a donné des sous pour acheter du lait pour les enfants. A la maison, je jouais Á la fois le rôle de mère et de père.
Aujourd’hui, mes deux enfants, qui ont grandi, comprennent ma décision. Ils ont aussii gardé des séquelles de cette période violente. Mon fils aîné, qui est papa aujourd’hui, fait avec son enfant le contraire de ce que lui infligeait son père. Il est fier de son enfant qu’il emmène partout. Mais il lui arrive aussi de me dire: Maman, j’aimerais tant que mon père me prenne dans ses bras…
Même si je n’oublie pas ce que j’ai enduré pendant huit ans, je n’en veux pas du tout au père de mes enfants. Il a 55 ans aujourd’hui. Il est toujours violent et bat ses compagnes. Il a eu deux autres partenaires après moi et fait six autres enfants. Il a été un certain temps sous méthadone. Mais lÁ j’apprends qu’il a recommencé Á se droguer. S’il meurt demain, cela ne me fera ni chaud, ni froid. Je fréquente certes quelqu’un d’autre qui me sort mais je ne veux plus m’engager. Chat échaudé… »
Karen Walter-Kawal est journaliste Á Maurice. Cet article de Gender Links fait partie de la campagne des 16 jours d’activisme pour lutter contre la violence basée sur le genre.
📝Read the emotional article by @nokwe_mnomiya, with a personal plea: 🇿🇦Breaking the cycle of violence!https://t.co/6kPcu2Whwm pic.twitter.com/d60tsBqJwx
— Gender Links (@GenderLinks) December 17, 2024
Comment on Julia découvre après son voyage de noces que son mari se drogue