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J’ai connu ma femme Selma quand je n’avais que 19 ans. Elle était encore mineure et j’ai été le premier homme de sa vie. Dès le début, notre relation a été marquée par la violence parce que j’étais un homme très jaloux. Ma femme était belle et je ne supportais pas qu’elle dise bonjour Á qui que ce soit. Par courtoisie, elle souriait Á mes amis parfois et cela me rendait fou. Je me suis mise Á la frapper. Elle ne disait rien et restait soumise. Elle me respectait malgré tout.
Quand on s’est marié, les choses ont empiré. Je dépensais tout mon salaire dans le jeu. Je jouais aux cartes, essayant de gagner gros mais finalement, je me ruinais. Selma travaillait dans une usine textile et quand elle touchait son salaire, je la rouais de coups si elle ne me refilait pas l’argent qu’elle gagnait pour que j’aille jouer. Elle a été plusieurs fois admise Á l’hôpital après que je l’ai battue. Mais elle n’a jamais porté plainte contre moi. Puis, avec la venue d’un enfant, je lui avais promis que j’allais changer de vie. Mais j’étais devenu accro au jeu. Je ne pouvais plus travailler car je ne voulais que jouer et la vie de Selma est devenue un enfer.
Je l’ai même violée Á deux reprises. J’étais furieux car elle ne voulait plus avoir des relations sexuelles avec moi. Je la forçais Á faire des jeux sexuels qu’elle n’aimait pas mais elle le supportait par amour pour moi. Je me suis comporté en salaud avec elle. A un moment, j’ai été pris de remords car je savais que j’agissais mal. Mais le pire allait venir: quelques années plus tard, Selma a commencé Á fréquenter une église que beaucoup de gens qualifiaient Á l’époque de secte. Elle finançait cette secte et je devenais fou quand elle essayait de m’entraîner avec elle.
Je suis alors redevenu violent car j’étais frustré qu’elle consacre tout son temps aux activités de cette église. Elle me négligeait moi, notre fils et notre foyer. Elle ne me touchait plus. Parfois, elle jeÁ»nait pendant des jours entiers et ne cuisinait que des légumes. J’ai recommencé Á la frapper. Un jour, je l’ai même tabassée devant le pasteur de cette église.
J’étais devenu le bourreau de sa vie. En réalité, je n’étais qu’un imbécile. J’ignore si ses prières ont porté ou pas mais son amour a fini par guérir la violence en moi. Elle m’a pardonné et aujourd’hui, nous sommes ensemble et nous fréquentons la même église. Je regrette mes comportements passés. Ma femme a toujours des cicatrices qui sont lÁ pour me rappeler les violences physiques que je lui ai fait subir pendant des décennies. J’aurais certainement été en prison si elle m’avait dénoncé. Mais elle a choisi le silence et le pardon. Son comportement pacifique et aimant et sa foi en notre foyer a changé mon caractère. Aujourd’hui, notre vie est harmonieuse.
Jimmy Jean-Louis est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on Mauritius: L’intolérance religieuse induit la violence