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En trois ans, Vicenzia, une Rodriguaise de 35 ans, vivant Á Maurice depuis une quinzaine d’années, ne compte plus le nombre de fois où elle a quitté le toit conjugal après s’être fait battre comme du plâtre par son mari. Mais Á chaque fois, elle est retournée avec lui car elle n’avait d’autres endroits où aller. Réfugiée dans l’unique centre pour femmes battues de l’île, elle prétend que cette fois est la bonne.
Mes dents se sont envolées lorsqu’il m’a frappée dans la bouche. Oui, la cicatrice de morsure sur ma main vient aussi de lui. Mais pas celles sur ma jambe. Celles-lÁ sont des blessures d’enfance…
Lorsque je suis arrivée Á Maurice, j’ai vécu dans un premier temps chez mon frère et j’ai travaillé Á l’usine. J’ai rencontré mon compagnon par le biais d’un ami commun. Et lorsque je me suis disputée avec mon frère, j’ai loué une maison. Celui qui allait devenir mon mari m’y a rejoint. Nos six premières années de vie commune ont été plutôt harmonieuses, même s’il montrait une réticence Á me laisser fréquenter mes parents.
Comme deux de nos enfants sont asthmatiques et doivent souvent séjourner Á l’hôpital, j’ai été contrainte d’arrêter de travailler. Les choses se sont corsées lorsque nous avons emménagé une maison dans une cité ouvrière. Mon mari s’est mis Á boire du rhum plus que de raison. Au début, il se contrôlait. Mais lorsqu’il a commencé Á avoir des hallucinations, il avait le sentiment que je lui répondais alors que ce n’était pas le cas et il s’est mis Á me battre.
A chaque fois que je lui disais de se taire car il allait réveiller les enfants qui dormaient, il m’assommait. Lorsqu’il s’est mis Á injurier mes parents et que j’ai le malheur de le rappeler Á l’ordre, j’ai encore reçu des coups. Il m’a déjÁ couru après avec un couteau. Je me suis réfugiée Á plusieurs reprises chez les voisins mais Á chaque fois, il m’a trouvée et m’a empoignée par les cheveux pour me ramener Á la maison. Comme il ne pourvoit pas suffisamment Á nos besoins, j’ai été obligée de me lancer dans la fabrication de pâtes de piments et de pieuvre séchée que ma mère m’envoie de Rodrigues. C’est ainsi que je parviens Á joindre les deux bouts.
Lorsque je n’en peux plus, je me réfugie chez mon frère avec les enfants. Mais comme nous y sommes Á l’étroit, au bout de deux jours, je suis obligée de regagner le domicile conjugal. Mon mari me traite alors avec mépris. Il me dit qu’il ne m’a jamais demandé de revenir avec lui et qu’il sait que quoi qu’il arrive, je reviendrai. J’ai déjÁ été chercher de l’aide auprès de la Family Protection Unit où nous avons même assisté Á des sessions de counselling. Mais il n’a pas changé son comportement violent Á mon égard pour autant.
Il y a 15 jours, lorsqu’il m’a frappée et qu’il m’a mordu la main pour m’arracher mon téléphone portable, j’ai attendu qu’il sorte pour m’enfuir avec mes quatre enfants. Mais j’ai malheureusement dÁ» renvoyer mes deux aînés chez leur père car je sais que je ne pourrais m’éterniser chez mon frère. Cette fois, j’ai trouvé refuge dans le seul centre pour femmes battues de Maurice. Ici, je suis bien avec mes deux enfants. Je le jure, cette fois, je ne retournerai pas avec ce mari violent qui finira par me tuer. Je n’ai plus qu’un seul désir : trouver un emploi qui me permettra de louer une maison. Et même si je n’ai qu’une chambre Á coucher, je ferai mes deux aînés venir habiter avec nous car je ne veux rejeter aucun de mes enfants. Je veux vivre en paix avec eux.
Marie-Annick Savripène est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles Á l’actualité quotidienne.
📝Read the emotional article by @nokwe_mnomiya, with a personal plea: 🇿🇦Breaking the cycle of violence!https://t.co/6kPcu2Whwm pic.twitter.com/d60tsBqJwx
— Gender Links (@GenderLinks) December 17, 2024
Comment on Vicenzia, femme battue: Je ne retournerai pas avec ce mari violent