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Dur d’avoir ses règles à un jeune âge. Bénéficier de l’hygiène menstruelle demeure encore un luxe pour bon nombre de jeunes filles. A l’exemple des Communes rurales de la région Boeny, nombreuses d’entre- elles ne disposent pas de tissus ni de serviettes hygiéniques. Pis, elles utilisent les feuilles pour éviter que le sang s’infiltre sur les culottes. Certaines d’entre- elles ont du mal à se concentrer en classe par peur d’avoir des taches rouges derrière leurs vêtements. D’autres cessent les cours pendant les 3 à 5 jours de règles, afin d’éviter les problèmes. Pour les établissements scolaires des grandes villes et périphéries, les infrastructures sanitaires semblent inadéquates. « Outre l’étroitesse de nos toilettes, il n’y a pas de douche dans laquelle je peux prendre un bain, le temps de changer de serviettes hygiéniques. Je me sens toujours gênée et mal à l’aise durant mes règles », nous confie Pounie R., élève en classe de 5è auprès d’un collège privée à Itaosy.
En outre, beaucoup de jeunes filles se douchent avec de l’eau impropre durant les menstruations. A Vavatenina, les bains intimes des jeunes filles et des mères se faisaient dans les rivières. « Cette pratique est nocive, avec la transmission des germes et des staphylocoques. Ma sœur a souffert d’un problème de santé de reproduction à cause de l’utilisation des eaux de rivière contaminée. Elle était tombée malade et cela a impacté sur la charge financière de notre familles. Elle a même dû arrêter l’école pour ça », témoigne Nadia, une jeune fille résidant dans le Fokontany d’Ambohimanga Vavatenina.
L’UNICEF à la rescousse
« Vivant encore dans la tradition, on confie toujours à nous les filles d’aller chercher de l’eau. On a perdu beaucoup de temps juste pour puiser de l’eau et le temps de réviser de ce qu’on a fait à l’école est très réduit et quelque fois je n’arrive pas à réviser car je suis très fatiguée. A part cette fatigue interminable, nous ne pouvions pas prendre une douche aisément, peur de gaspiller de l’eau », relate Lovasoa Genitha Rasoanantenaina, une jeune fille d’Ankiririka. Depuis des années, elle a dû se réveiller à 3h30 pour puiser de l’eau dans une source souterraine à plus d’un kilomètre de son village. Cette situation est désormais révolue grâce à la construction d’un point d’eau dans cette localité, financé par l’UNICEF. « Maintenant, je peux avoir du temps pour moi, pour me reposer, pour réviser, pour jouer, et surtout je peux prendre la douche autant que je veux », se réjouit la jeune fille de 17 ans, en classe de première.
Nadia partage cette joie puisque son quartier vient aussi de bénéficier d’une nouvelle installation avec l’appui de l’UNICEF. « Je pourrais désormais gérer mon hygiène menstruelle, en utilisant notre douche familiale et quitter le lieu public dans la rivière. De plus, je pourrais utiliser des eaux du forage de qualité. C’est une chance que ma première menstruation se coïncide avec le fonctionnement de cette borne », se réjouit la jeune élève de Vavatenina.
Pour information, la Direction régionale de l’Eau, de l’Assainissement et de l’Hygiène ainsi que la Direction régionale de l’Education nationale ont mis en œuvre les activités facilitant la gestion de l’hygiène menstruelle par les élèves de la région Analanjirofo. Une initiative qui suit les efforts régionaux pour atteindre la fin de la défécation à l’air libre dans les communautés. D’après les responsables, l’intégration du volet « WASH » comme matière en classe accentue l’assimilation des filles à prendre en main leur hygiène menstruelle.
Recueillis par Patricia Ramavonirina
Comment on Madagascar: Des jeunes filles en détresse