A Kinshasa: des coiffeuses campent devant des boutiques de mèches


Date: March 20, 2010
  • SHARE:

Elle se lance dans un petit métier pour faire vivre les siens et s’aligne ainsi sur les objectifs du Protocole de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) sur le Genre et le Développement. Parmi les quinze objectifs en question figure la lutte contre la pauvreté qui est classée en première position pour qu’il y ait un développement durable dans la croissance économique et au sein du développement socio-économique.

A Kinshasa, ces derniers temps, des coiffeuses campent devant des boutiques de vente de mèches, de perruques et de tressage de nattes. Parfois, elles investissent le commerce et accueillent les clientes qui se présentent au comptoir comme si qu’elles en étaient les propriétaires et les guident dans le choix des articles afin d’espérer pouvoir leur proposer leurs services par la suite. En général, les services qu’elles rendent ne sont pas très couteux par rapport Á  ce qui s’effectue dans des salons de coiffure bien aménagés du centre-ville.

Aristote, propriétaire du magasin «la Référence » Á  Binza Delvaux, quartier de Kinshasa, raconte que la présence des coiffeuses devant sa boutique lui permet d’augmenter ses revenus. «C’est grâce Á  elles que ma recette journalière a doublé ». Le patron de la «Référence » n’a plus de difficultés pour accueillir des clientes. Il n’a plus besoin de recourir Á  la publicité, ni au marketing pour faire tourner sa boîte.

Moseka, coiffeuse et mère de trois enfants, préfère travailler devant un magasin car travailler dans un salon de coiffure ou dans un institut de beauté ne paie pas bien par rapport Á  ce qu’elle gagne actuellement. «En campant devant un magasin et en proposant mes services aux clientes, je gagne entre 15 Á  20.000 francs congolais (FC), soit l’équivalent de 15 Á  20 dollars américains par jour. Ces revenus me permettent de payer les frais de scolarité de mes enfants, de même que ceux de leur alimentation », affirme-t-elle.

Elle conseille aux filles et aux femmes de ne pas rester Á  la maison et attendre que tombe le salaire du mari ou du père. Elle les exhorte Á  sortir de chez elles et Á  trouver du travail comme elle le fait.

Maman Tshibola, tresseuse de nattes comptant 25 ans de service, trouve son métier très intéressant car elle arrive Á  bien le combiner avec ses tâches ménagères. En semaine, elle travaille vers midi après avoir terminé tous ses travaux domestiques. Le samedi, sa journée de travail démarre Á  8 heurs et Á  la fin de la journée, elle a perçu environ 20.000 francs congolais, soit 20 dollars américains.

Au début de sa carrière, elle travaillait Á  domicile. Après quoi, elle l’a fait dans des salons de coiffure de Kinshasa. Finalement, elle a opté pour le travail devant le magasin de vente des mèches car pour elle, c’est nettement plus rentable.

Il n’y a pas que les femmes qui en tirent des bénéfices. Tout en trouvant qu’il n’est pas facile de travailler avec ces dernières qu’il trouve «problématiques », un jeune homme qui est au service d’un de ces magasins de mèches, avoue que son travail lui rapporte gros et lui permet de payer les études de ses frères. Comme quoi, plafonner dans le secteur informel a aussi du bon.

Liliane Modju est journaliste en RDC. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


Comment on A Kinshasa: des coiffeuses campent devant des boutiques de mèches

Your email address will not be published. Required fields are marked *