Accompagnement des PVVIH : la femme génère davantage de revenus que l’homme


Date: January 1, 1970
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Sur 200 activités mises sur pied par la FFP depuis 2006, 103 d’entre elles génèrent un revenu régulier, explique Dr Eric Ngango, médecin et coordonnateur technique de la FFP à Kinshasa.  Ces activités sont le maraîchage, l’exploitation de cabines téléphoniques, de débits de bière, la vente de caillasses, celle de beignets et la gestion de bureaux de change. C’est depuis 1994 que la FFP s’occupe de l’accompagnement psycho-social des PVVIH mais aussi des personnes affectées par le virus.
 
«La réussite de ces activités », confie une femme séropositive qui a tenu à garder l’anonymat,  «est la conséquence du respect des instructions données par le bailleur des fonds ». Ce bailleur, l’association FFP, encadre sur le plan théorique, les bénéficiaires de l’appui financier en micro crédit. «Nous les femmes, nous suivons ces instructions à la lettre.  Ce qui nous permet d’aller de l’avant. Nous faisons même des bénéfices. Ce qui nous rend autonomes par rapport à la FFP», affirme notre interlocutrice. 
 
Le chapeau de la bonne gouvernance est donc à attribuer au sexe qualifié, à tort, de faible. C’est là une preuve que l’état sérologique de la femme n’affecte en rien ses capacités managériales. Les stéréotypes à l’effet que les PVVIH et en particulier les femmes séropositives, ne sont bonnes à rien, ne trouvent aucune justification et doivent tout simplement être bannis.
 
Par leur gestion réussie, les femmes vivant avec le VIH démontrent qu’elles sont autant capables de subvenir aux besoins de la famille. Elles apportent leur contribution dans les achats alimentaires du foyer, paient les frais de scolarité des enfants,  s’acquittent du loyer de la maison à la fin du mois.  Grâce à leur bonne gestion d’une activité, elles rendent leurs proches heureux et s’épanouissent dans la foulée. Elles méritent un coup de chapeau.  
 
Dans un pays pauvre comme la RDC où assurer la survie des enfants relève d’un combat ardu quotidien, les femmes vivant avec le VIH prouvent qu’elles peuvent faire face à la compétition et la concurrence, bataille que certains croyaient perdue d’avance pour elles. Etre autonome est devenu leur leitmotiv.
 
Des  parlementaires congolais auraient souhaité que l’Etat octroie des crédits aux PVVIH. Ils ont même soumis des recommandations en ce sens en 2006 lors d’une conférence axée sur  les stratégies de lutte contre la pauvreté et le VIH/SIDA. Ils ont demandé à l’Etat de  mettre sur pied un cadre légal approprié, un plan d’action réaliste et toutes les facilités pour le renforcement  des capacités des femmes vivant avec le VIH, notamment un » formation à la culture d’entreprise.
 
L’octroi de microcrédits aux femmes vivant avec le VIH et aux femmes en général devrait d’abord passer par  l’identification des femmes qui sont dans les affaires, leur catégorisation et le don de subventions. Les autres facteurs qui détermineront leur réussite en affaires est leur formation sur le tas dans différents domaines, la délivrance de cours destinés à la diversification du type de commerce tenu au profit d’un autre type de commerce plus rentable, des cours de créativité et de transformation des produits, conformément aux normes internationales et une révision à la baisse des taxes à leur intention.
 
En attendant que ces mesures se concrétisent, les PVVIH congolais ont pour eux une loi promulguée en juillet 2008 et qui est censée les protéger. L’article 11 de la loi porte sur la protection des droits des personnes vivant avec le VIH/SIDA et des personnes affectées.  Cet article stipule que «L’Etat assure gratuitement l’accès aux soins de prévention, aux traitements et à la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/SIDA dans les établissements sanitaires publics et privés intégrés dans la stratégie des soins de santé primaires. A cet effet, il met en place et organise les structures nécessaires à la prévention, à la prise en charge et à l’accompagnement psychologique, social, économique et juridique des personnes vivant avec le VIH/SIDA, ainsi que des personnes affectées par lui. Il pourvoit à l’équipement de ces structures ».
 
Une année après la promulgation de cette loi protégeant les droits des PVVIH, son application tarde à venir. «Nous ne comprenons pas cette lourdeur dans l’application des dispositions de la loi  protégeant les PVVIH», se plaint Dr Ngango. Le conseiller juridique du ministère congolais de la Santé l’explique par le fait que «la loi n’est pas encore arrivée à maturation. Il faut une  période probatoire avant que ses arrêtés d’application ne soient pris en compte».  En attendant, le ministère de la Santé tente de définir des stratégies de vulgarisation de cette loi en consultant les acteurs de la lutte contre le VIH/SIDA.

Toujours est-il qu’à l’instar de la FFP, les pouvoirs publics devraient confier des responsabilités de gestion aux femmes vivant avec le VIH. La gouvernance démocratique sensible au genre s’en trouvera alors renforcée.
 
 
Benjamin Yogolelo est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles à l’actualité quotidienne.


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