Crise économique en RDC: s’accrocher coÁ»te que coÁ»te
Date: January 1, 1970
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Après l’organisation d’élections en 2006, beaucoup de Congolais ont cru à l’amélioration de leurs conditions de vie. Mais c’était sans compter la crise économique mondiale. Avec le licenciement de 10 000 travailleurs sur les 24 000 employés que comptait jusqu’à tout récemment la Générale des Carrières et des Mines (Gécamines), la plus grande entreprise minière basée au Katanga, province dans le sud est de la République Démocratique du Congo (RDC), le pays vient de subir les premiers revers de la crise économique mondiale. Le taux de chômage est estimé à plus de 60%.
De nombreuses personnes réalisent que cette crise risque de durer et qu’il faut encore tenir des semaines, voire des mois et s’accrocher pour survivre. Et cela passe par l’ingéniosité d’hommes et surtout de femmes qui ont pris les devants face au chômage de leurs maris afin de subvenir aux besoins de leurs familles. Les exemples sont légion du nord au sud et de l’est à l’ouest de ce grand pays, situé à cheval entre le centre et le sud de l’Afrique.
Charlotte Lusiladio est de celles-là.
Vendeuse des draps et d’autres vêtements pour bébés au marché central de Kinshasa depuis une vingtaine d’années, cette femme de 55 ans, n’attend pas bras ballants que tout lui tombe du ciel tout cuit. Elle a quatre enfants et son cadet vient d’entrer à l’université. Elle sait qu’elle doit tout faire pour les élever et qu’ils deviennent autonomes. Comme la crise que connait le pays n’a pas épargné les petits commerces de la capitale, elle a dû se montrer inventive. «Au marché central, les ventes ont beaucoup baissé. Cela fait une plus d’une année que je me rends à la périphérie de la ville pour proposer des marchandises aux nouveaux clients. Et cela semble marcher ».
Pour cela, Charlotte n’a plus besoin de sortir tous les jours comme elle le faisait quand elle vendait ses produits au marché central. Elle programme deux à trois sorties par semaine pour pouvoir approvisionner ses clients. Le reste du temps, elle travaille à la maison pour confectionner ses produits. Ses trois enfants qui sont encore à la maison, lui donnent un coup de pouce.
De temps à autre, leur papa, qui est fonctionnaire dans l’administration publique avec un salaire mensuel équivalent à moins de 100 dollars américains, met aussi la main dans la pâte quand les commandes sont importantes. « C’est de cette façon que mon mari et moi sommes arrivés à permettre aux enfants de continuer leurs études. L’unique fille que nous avons vient de terminer l’université. Nous allons continuer ainsi pour que le cadet ait les mêmes chances de réussite qu’elle».
A près de 150 kilomètres de Kinshasa, plus précisément dans la cité de Mbanza Ngungu dans la province du Bas Congo au sud ouest de la RDC, Thérèse Lusevakueno a multiplié ses activités pour pouvoir joindre les deux bouts et remplir les besoins de sa famille. «Quand je ne suis pas devant mon étal à vendre des produits manufacturés, je vais cultiver mon champ situé à cinq kilomètres de la maison. J’y cultive du manioc, du maïs et de la patate douce. A la maison également, j’ai aménagé un potager où je plante du chou et de la tomate ».
La quarantaine passée, cette mère de six enfants cherche toutes les occasions honorables pour avoir de l’argent. Quant la fourniture électrique dispensée par la Société Nationale d’Electricité est assez stable, elle en profite pour vendre de l’eau ou encore des glaces aux écoliers. « Avec toutes ces activités, j’ai réussi à terminer la construction de la maison que j’occupe avec mes enfants et à répondre à leurs besoins élémentaires »
Personne n’est épargné par cette crise dans ce pays où le travail est devenu un luxe pour la majorité. En effet, les guerres qui ont frappé la RDC avaient déjà amené leur lot de malheurs. Mampuya est à même d’en témoigner. En 1999, l’entreprise de transformation de bois qui l’employait à Kinshasa comme caissier, a été obligée de fermer. Et ceci en raison du fait qu’elle n’avait plus de matières premières, les bois, qui provenaient de l’Est du pays, plus précisément de la Province orientale.
Grâce à ses économies et avec un petit crédit obtenu auprès d’une institution financière, Mampuya a monté une boulangerie et une boutique. Les affaires tournaient bien jusqu’en 2008. Les effets de la crise n’ont pas manqué d’ébranler ses affaires. Il a été obligé de fermer la boulangerie. « Mes clientes n’étaient plus en mesure de passer des commandes malgré le système de crédit que j’avais instauré. Petit à petit, mon capital a baissé et je n’ai plus pu tenir le coup. »
Les trois personnes qu’il employait se sont retrouvées au chômage. En attendant des jours meilleurs, Mampuya a décidé de se concentrer sur sa boutique. En plus des produits manufacturés qu’il y écoule, il a rajouté la vente de cartes téléphoniques prépayées. Et pour minimiser ses coûts, il sert lui-même ses clients. S’il lui arrive de s’absenter, c’est son épouse, une couturière, qui prend la place. «C’est notre façon de gérer la crise. Si les choses évoluent bien, je compte solliciter un autre crédit pour relancer mes activités de boulangerie au cours du deuxième trimestre de 2009».
Il suffit de regarder du côté de ces débrouillards pour se dire que l’espoir est encore de mise…
Anna Mayimona est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles à l’actualité quotidienne.
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