En RDC: les affaires de Sabine Andjeka portent leurs fruits


Date: October 23, 2009
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Cette quinquagénaire s’est spécialisée dans la vente de fruits. Grâce Á  sa détermination et sa rigueur dans les affaires, elle a pu payer les études de ses enfants. Quatre d’entre eux ont d’ailleurs atteint le niveau d’études supérieures. Deux autres ont pu s’installer et vivre dans un pays tiers. Sa famille a donc survécu grâce Á  sa persévérance.

«La recherche permanente de l’équilibre entre les recettes et les dépenses m’ont permis de tenir bon contre vents et marées dans ce petit commerce. C’est cela mon secret, pour ne pas parler de mon principe établi. Je ne dépense pas sans tenir compte du pourcentage de mon bénéfice », confie-t-elle.

Assise derrière son étalage d’oranges et s’entretenant avec ses clients tout en les servant, «Maman Marie » avoue que ses débuts dans ce secteur n’ont pas été faciles. Elle a d’abord débuté dans le commerce en vendant des pagnes Á  Kinshasa. C’était en 1975.

Mais malheureusement, la marchandise ne s’écoulait pas comme elle le souhaitait. «J’ai donc changé mon fusil d’épaule et commencé la vente de fruits un an plus tard. Pendant que j’essayais de m’établir, mon mari exerçait comme directeur dans un collège d’Etat. Son salaire nous permettait de subvenir aux besoins familiaux. Toutefois, cela ne suffisait pas Á  réaliser certains projets tels que l’achat d’une parcelle de terre, ni même d’aider financièrement nos familles respectives restées dans l’arrière-pays ».

Au moment où elle cherchait encore Á  percer dans le commerce, Sabine Andjeka a rencontré une femme expérimentée, grossiste dans la vente des fruits. Cette dernière lui a alors recommandé de tenter sa chance dans ce secteur. «Cette femme que je considère comme une marraine, me donnait parfois des marchandises, sans que je ne sois obligée de la payer comptant. C’est elle qui m’a patiemment initiée Á  la petite épargne. Je me suis donc intéressée Á  la pratique de la ristourne et Á  la petite épargne dans le cadre des mutuelles », précise Sabine Andjeka.

Aujourd’hui, elle est contente d’avoir été attentive aux bons conseils prodigués par cette femme et qui ont contribué Á  stabiliser ses revenus et par lÁ  même sa famille. «Dans toute entreprise, les objectifs ne sont guère atteints Á  100 %. Mais je crois que j’ai réussi Á  les atteindre en majeure partie », dit-elle avec le sourire.

Epluchant une orange, elle raconte que grâce Á  ses petites économies, elle a pu acheter une parcelle de terre et construire une maison pour ses enfants.

Notre conversation est interrompue par une voix qui hurle: «Maman Marie, maman na Yesu mwasi makasi », ce qui signifie «brave femme, mère de Jésus ». Ces propos émanent d’un enfant des rues appelé Shégue. Sabine Andjeka qui donne parfois de petits travaux Á  faire aux enfants des rues, hoche la tête et demande au garçon d’aller prendre bain. Elle est visiblement partagée entre l’interview qu’elle nous accorde et le service qu’elle doit offrir Á  la clientèle. «L’expérience de Maman Marie mérite d’entre partagée », confie un sexagénaire friand des fruits de Maman Marie.

Apres le départ de son client, Sabine évoque les exigences de son métier: «Ce petit commerce requiert l’achat d’une marchandise de qualité irréprochable. Il faut toujours séparer les bons fruits de ceux qui sont abîmés pour éviter la contamination ».

Bien qu’elle ait pu mener Á  bien ses projets familiaux, l’heure de la retraite n’a pas encore sonné pour Sabine Andjeka. «C’est vrai que je suis satisfaite de ce que j’ai pu accomplir grâce Á  ce travail. Mais je ne réfléchis pas en termes de retraite. Même si mes enfants sont déjÁ  établis et qu’ils m’aident, ce qu’ils me donnent ne couvre pas tous mes besoins. Et puis, je refuse de rester Á  la maison pour dépendre des autres », souligne-t-elle.

Pour avoir réussi dans ce domaine, Sabine estime que le commerce des fruits est préférable Á  d’autres commerces. Ce qui explique qu’elle ne veuille pas lâcher prise. Bien au contraire, elle exhorte des femmes plus jeunes Á  tenter la même expérience qu’elle. Pour que leurs familles Á  elles aussi en sortent gagnantes…

Clarisse Ekoko est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.


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