En RDC: vivre de la pêche malgré les interdits


Date: May 8, 2010
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«Je vis de la pêche et du transport des passagers dans ma pirogue”, raconte  Céline Obwel’Abwe Kamel, la trentaine, qui circule en pirogue sur la rivière Kwilu Á  Kikwit, ville située Á  500 kilomètres Á  l’est de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo (RDC), dans la province du Bandundu. Céline possède cette pirogue depuis environ quatre ans et c’est ce bateau qui la fait vivre.

«Par jour, je peux effectuer cinq ou six voyages sur une distance d’au moins deux kilomètres. Cela me rapporte entre 10.000 et 12.000 francs congolais par jour, soit entre 11 et 13 dollars américains. Si dans la journée, j’ai de la chance d’attraper du poisson, il peut arriver que je gagne plus de 25 000 francs congolais, soit 27 dollars américains ». Elle pêche dans les eaux passant devant le village de Kizamba, situé un peu au nord de la rivière, et le bord de la ville de Kikwit.

Céline n’a pas toujours exercé le métier de pêcheur et de piroguier. Apres avoir complété des études en pédagogie générale, Céline explique qu’elle ne savait rien faire. C’est la raison pour laquelle elle a entrepris un voyage Á  l’Equateur, province au centre de la RDC, au nord du Bandundu où son oncle avait un petit commerce. Une fois sur place, elle a perdu tout ce qu’elle avait en sa possession car leur barge avait fait naufrage. C’est alors que pour survivre, elle a commencé Á  accompagner Á  la pêche l’ami de son oncle qui les hébergeait.

De retour dans son village, Céline a alors voulu faire le métier qu’elle avait appris mais sa mère s’y opposait. «Une femme n’a pas le droit d’être piroguier », lui a dit sa mère. Car dans leurs traditions, c’est un travail pour les hommes. Céline a persisté car selon elle, elle n’était pas capable de travailler dans les champs comme le font d’autres. Depuis, elle exerce le métier de piroguier, au mépris des certains et Á  l’étonnement de quelques autres.

Elle ne compte toutefois pas finir ses jours dans un bateau. Ambitieuse, elle veut faire des études de droit. Ce qui explique pourquoi elle épargne près de la moitié de ses gains quotidiens. Avec ce qui lui reste, elle contribue Á  la scolarisation de ses frères et sÅ“urs qui fréquentent encore l’école primaire.

Céline est de celles qui pensent que la femme est autant capable que l’homme mais qu’il y a des traditions qui empêchent celle-ci d’avancer, de progresser. Pour l’instant, elle dit ne pas penser au mariage. Elle y pensera lorsqu’elle aura terminé ses études de droit. Dans quelques années, elle veut être une personnalité. «Je serais une des plus grands juristes de ce pays », promet-elle. L’avenir nous le dira…

Evelyne Luyelo est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


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