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Faire entendre un plus grand nombre de femmes dans les médias
Date: January 1, 1970
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Travaillant dans le domaine des médias, l’UCOFEM apporte sa contribution pour qu’il y ait un plus grand nombre de femmes à accéder aux médias. Ainsi, depuis 2005, cette organisation professionnelle cible les femmes vendeuses dans les marchés. «Notre objectif est d’apporter l’information à la femme qui passe ses journées à chercher à obtenir des sous pour la survie de sa famille. Avant les élections de 2006, nous avions constaté que cette femme-là n’était pas dans le champ couvert par les médias conventionnels», note la présidente de l’UCOFEM, Dorothée Swedi Mubake.
C’est sur les radios sans fréquence émises dans certains marchés de Kinshasa et des radios communautaires à l’intérieur du pays que le programme de l’UCOFEM a été diffusé auprès de son public-cible. A Kananga, dans le Kasaï Occidental, le maire s’est impliqué dans la réalisation de ce projet en soutenant la mise sur pied d’une radio sans fréquence au marché central de cette ville.
L’organisation fait aussi intervenir son public-cible au cours du débat. Au début, cela a pris la forme d’un micro-trottoir. Mais pour la dernière émission, c’était une table ronde, grande première pour ces femmes, souvent peu instruites et jamais interrogées par les médias. «C’est une bonne idée de nous inviter dans un studio pour participer à une émission. Cela prouve que vous êtes intéressés par ce que je pense», a déclaré ravie, Honorine Mangitukulu, vendeuse de légumes au marché central de Mbanza Ngungu, village situé à près de 140 kilomètres de Kinshasa, capitale de la RDC.
Ces femmes se sont exprimées sur des questions ayant trait aux élections et à la bonne gouvernance. Un sujet qui n’est habituellement pas leur tasse de thé. A tel point que le mari de l’une d’elles n’a pas cru que sa femme avait été invitée à participer à cette émission. Rapportant les réactions qu’elles ont reçues de leur entourage immédiat à l’équipe de l’UCOFEM, Véronique Nlandu, autre vendeuse au marché, explique : «Mon mari ne m’a pas crue quand je lui ai dit que j’ai été invitée à participer à une émission radiophonique sur la bonne gouvernance. Mais quand il a écouté l’émission quelques jours après à la radio, il m’a félicitée».
Les autres vendeuses ont aussi accueilli favorablement ce programme. Quand l’émission passe, les femmes sont intéressées à suivre ce que leurs pairs ont à raconter. «Nous avons parlé de la bonne gouvernance à tous les niveaux, pour les dirigeants au sommet, de même que pour les personnes à la base. Par exemple, ici au marché, nous avons aussi de problèmes de gouvernance», explique Emilie Nganto, chef de pavillon au marché Zikida à Kinshasa.
Institutrice de maternelle, Agnès Batimbula Mutola est vendeuse au marché à ses heures perdues. Elle a suivi tout le programme à partir de Luozi, une cité située à près de 320 kilomètres de Kinshasa, sur l’autre rive du fleuve Congo. Lors de la descente d’une équipe d’évaluation sur le terrain, elle a tenu à donner son avis sur les différents sujets abordés. Elle voudrait aussi s’exprimer à la radio car elle est convaincue que c’est un moyen pour que les autorités sachent ce qu’elle pense.
La participation des femmes vendeuses à ce programme radiophonique a apporté un changement dans la perception de l’accès de la femme aux médias dans certains milieux semi-ruraux et ruraux. «Si Honorine Mangitukulu, vendeuse de légumes, s’est exprimée sans crainte sur cette question, moi aussi je peux le faire», se dit désormais Taty Mbwinga, femme maraîchère dans la cité de Mbanza Ngungu.
L’UCOFEM compte redoubler d’efforts pour qu’un plus grand nombre de femmes aient accès aux médias. Avec le Department For International Development britannique qui a financé son projet ou avec d’autres partenaires, elle veut continuer son action en RDC. L’objectif est de renverser la tendance et aller au-delà des 15% de voix féminines dans les médias, surtout pour ce qui est de l’information en général.
Anna Mayimona Ngemba est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
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