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A 27 ans, elle est divorcée et mère de deux enfants qu’elle élève seule en ville. A Nairobi, Sara a un petit appartement qu’elle appelle son foyer où elle s’est refugiée depuis que son mari a décidé de prendre une seconde épouse. Elle est créatrice de bijoux et se satisfait de la vie qu’elle mène. Très demandée dans le métier, elle a une longue liste de clients fidèles et place aussi ses confections dans des boutiques de luxe.
Les Masai sont connus pour être extrêmement conservateurs. Ils sont originaires de l’Afrique de l’est, principalement du Kenya et de la Tanzanie. Ils sont aussi connus pour leur strict respect des traditions et la préservation de leur culture. Leur société repose sur le patriarcat. Les Masai sont généralement opposés aux changements, surtout quand ceux-ci concernent l’émancipation et l’épanouissement de la femme.
Si Sara a choisi de se faire appeler par son prénom de baptême avant son prénom Masai, c’est pour être plus moderne, dit-elle. Comme beaucoup de MasaÁ¯, elle est née et a grandi dans la région de Samburu, région aride du Kenya, qui abrite une grande partie de cette tribu.
ÁŠtre femme de tribu n’est pas une chose facile, confie-t-elle. «La femme masaÁ¯, comme de nombreuses femmes africaines, est surexploitée par les traditions, qui conviennent tout Á fait aux hommes ». Elle se dit fière d’appartenir Á une tribu où les femmes sont courageuses et travailleuses. “Ce sont ces qualités qui m’ont aidée Á sortir de ma situation”, dit-elle.
Alors que les hommes assurent la sécurité et veillent sur le bétail, les femmes construisent les maisons appelées ‘manyatta’ avec des branchages entrecroisés, recouverts de bouse de vache et de boue. De plus, elles vont puiser l’eau, s’occupent de l’éducation des enfants, confectionnent des vêtements et des bijoux. C’est d’ailleurs ainsi que Sara a appris son métier. Sa mère et les femmes de la tribu lui ont appris la confection de chaînes, de boucles d’oreilles, de savates, la couture de vêtements traditionnels et la fabrication d’objets de décorations.
Les créations Masai sont très appréciées par les touristes du monde entier. De nombreuses femmes confectionnent et vendent leurs produits pour gagner un extra qui leur permet d’améliorer leurs conditions de vie. Les marchés Masai, comme on les surnomme Á Nairobi, sont ouverts plusieurs jours dans divers centre commerciaux. Ce sont lÁ que les femmes exposent au public leurs produits et leur savoir-faire. Sara aussi participe Á cet événement. Elle envoie de la marchandise Á une cousine qui travaille sur le marché du Yaya Center Á Hurlingham, quartier français de Nairobi.
Son commerce lui a permis d’être indépendante et de montrer Á ses enfants et en particulier Á sa fille de 10 ans, Á quel point il est important d’être indépendant.
Malgré sa joie de vivre et sa bonne humeur contagieuse, il y a chez Sara une pointe d’amertume et de la résignation. Elle se bat au sein d’une organisation non-gouvernementale kenyane qui vise Á éradiquer l’excision. Cette pratique coutumière a été très meurtrière dans sa tribu. Elle même l’a subie Á l’âge de 12 ans, comme ses amies, ses cousines, ses tantes, ses sÅ“urs et sa mère lorsqu’elles avaient le même âge.
Elle milite car elle ne veut pas que cela arrive Á sa fille qu’elle voudrait voir un jour mariée Á un homme de la tribu. Mais les traditions ont la dent dure. D’après elles, un jeune homme ne doit en aucun cas avoir des rapports sexuels avec une fille non-excisée…. une ‘nditos’ comme ils disent dans la tribu. Ce terme fait référence Á celles qui ont refusé l’excision.
Les traditions ne sont pas prêtes Á changer, estime Sara. L’excision chez les MasaÁ¯ du Kenya, se pratique sur des jeunes filles de 14 Á 16 ans. Cela se fait avec un rasoir et dans des conditions d’hygiène déplorables. Elle est suivie la plupart du temps par un mariage arrangé dans lequel l’adolescente n’est qu’un objet d’échange entre deux familles. La jeune fille est donc condamnée Á un mariage précoce et forcé, qui la prive de son droit Á l’éducation.
Les femmes masaÁ¯ sont un exemple de soumission, de courage et de détermination. Malgré son exil volontaire de sa tribu, Sara, qui est certes partie en raison des incompréhensions et de ses idées modernes, n’en demeure pas moins masaÁ¯. C’est une chose qu’elle ne peut et ne veut changer. «Malgré tout, je reste fière de mes origines et de ma culture ».
Julie Prisca Stephen étudie Á Nairobi. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on Femmes Masai: femmes courage…..