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Depuis sa tendre enfance, Gladys adore les voitures. Dans sa boite de jouets, il n’y a que des petites voitures qu’elle casse et répare. Pendants que les fillettes de son âge jouent Á la poupée, elle s’occupe de ses petites voitures et apprend Á monter Á vélo. «J’ai toujours eu comme ambition de devenir chauffeur ou encore de réparer les appareils électromécaniques. Mais le plus souvent, j’avais un penchant pour la réparation de voitures », raconte Gladys Nzimbu.
«DéjÁ au secondaire, lorsque je m’apprêtais Á passer en troisième, je pensais Á la mécanique comme option. Quand j’en ai parlé Á mon entourage, plusieurs personnes se sont moquées de moi. Mais quoi qu’en pensaient les autres, mon choix était fixé. Personne n’a pu me faire changer d’avis. Mon père a été le premier Á soutenir ma décision. Certains pensaient que j’allais me détourner de cette voie un peu plus tard. Ils ont eu tort. Ils n’en reviennent pas quand ils voient que je suis capable de réparer une voiture », avoue la mécanicienne.
Après avoir obtenu son diplôme d’Etat Á Mbanza-Ngungu, une localité de la province du Bas-Congo, Á l’ouest de la RDC, Gladys Nzimbu débarque dans la capitale pour parfaire ses études en mécanique générale. Cette fois, c’est Á l’ISTA qu’elle complètera sa formation.
«Une fois diplômée, j’ai cherché du travail auprès des petits garages dans le quartier. Mais ils n’étaient malheureusement pas viables. Lorsque j’ai appris qu’AFRIMA embauchait, j’ai postulé au plus vite. Comme c’est une entreprise aux assises solides, je me suis dit que j’avais toutes mes chances. Après m’avoir fait passer plusieurs tests, j’ai été retenue et je travaille pour cette boîte jusqu’Á aujourd’hui », dit Gladys.
Elle a eu du mal Á se faire accepter en tant que mécanicienne qualifiée. Certains clients doutaient de ses aptitudes et hésitaient Á lui confier des tâches. Lorsqu’ils ont réalisé qu’ils se trompaient et qu’elle fournissait un travail de qualité, ils ont fini par l’accepter.
Dans ce métier, reconnaît Gladys Nzimbu, il y a pas mal d’inconvénients. Mais le principal, selon elle, est l’insatisfaction du client. Malgré cela, elle ne se décourage pas car elle sait que pratiquer la mécanique est une activité très exigeante.
Elle parvient Á concilier sa vie professionnelle Á sa vie privée. «Mon travail ne gêne aucunement ma vie privée. De nombreuses femmes croient que les femmes mariées ne sont plus en mesure de travailler ou ne peuvent pas le faire en raison du poids des tâches ménagères. Mais en sus de la situation économique qui contraint les femmes Á travailler et Á contribuer au budget familial, ces dernières sont autant capables que les hommes et peuvent gagner leur vie aussi bien qu’eux. Il suffit de renforcer les capacités de la femme et de les émanciper », assure cette mécanicienne.
Elle croit fermement que la femme contribue autant que l’homme au développement économique d’un pays et qu’il n’y a pas de métier qui convienne davantage aux hommes qu’aux femmes. «Il n’est nulle part écrit que certains métiers sont pour les hommes uniquement. Il n’y a pas de métier unisexe au monde. Certaines personnes sont encore ignorantes de ce qui se passe dans le monde aujourd’hui. Dans les pays industrialisés, les femmes n’ont plus Á démontrer qu’elles sont égales aux hommes au niveau professionnel. Elles contribuent autant au développement de leur pays », estime Gladys Nzimbu.
Contrairement Á l’adage congolais qui dit «Mwasi atongaka mboka te », ce qui signifie qu’une femme ne construit pas, Gladys Nzimbu pense au contraire que la femme est capable de construire. «Elle peut facilement accomplir ce que fait l’homme. Je ne vois pas pourquoi elle ne serait pas capable de construire. Je dirais même qu’elle fait plus que l’homme car en sus de ses compétences professionnelles, elle est capable de donner la vie et d’assurer la descendance des générations futures ».
Gladys Nzimbu encourage toutes celles qui veulent devenir mécaniciennes Á persévérer. «Allez de l’avant et démontrez vos capacités », déclare cette femme, qui n’est pas peu fière de son parcours.
Elda Along est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on Gladys Nzimbu: Une Congolaise qui défie les stéréotypes en pratiquant la mécanique