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C’est la mort durant la première semaine de juillet d’un quinquagénaire habitant de Rivière du Rempart, village situé dans le nord de l’île, dans une clinique privée, qui a remis le débat sur le tapis. Ce cadre de propriété sucrière y avait été admis dans un état grave et ne vivait plus jusqu’Á son décès que sous respirateur artificiel.
Lorsque la présence du virus AH1N1 a été confirmée dans les analyses sanguines du défunt, sa famille s’est dite «révoltée et indignée » par l’attitude du ministère de la Santé qui avait jusque-lÁ maintenu qu’il n’y a aucun cas de Grippe AH1N1 Á Maurice depuis le début de l’année. «Est- ce que les médecins ont été alertés par le ministère de la présence du virus Á Maurice? » s’est demandée son épouse.
«Nous étions tous malades Á la maison. Je pensais que c’était une grippe saisonnière. Mon mari a commencé Á transpirer abondamment. Il disait avoir envie de vomir et qu’il n’avait plus faim Les autorités n’ont pas pris contact avec moi pour savoir si d’autres membres de ma famille auraient pu avoir contracté le virus de la grippe A », explique cette femme en plein désarroi.
Quelques jours après ce premier décès, la grippe AHINI a fait une deuxième victime. Il s’agit d’une femme de 51 ans, Ramawtee Dig Dig, qui a été admise Á l’hôpital pour complications liées Á une grippe saisonnière. Elle est décédée trois jours après son admission. «Elle souffrait de troubles respiratoires. Les médecins ont immédiatement diagnostiqué une infection aux poumons. En dépit des efforts du personnel hospitalier, son état de santé s’est détérioré et elle est morte.
Les résultats des tests effectués en laboratoire par la suite ont confirmé qu’elle avait effectivement contracté le virus AH1N1 », a finalement expliqué la ministre de la Santé.
Maya Hanoomanjee s’est surtout attardée sur la stratégie de communication élaborée par son ministère pour tenir la population informée de manière continue sur l’évolution de la maladie. Par ailleurs, la ministre a annoncé pour bientôt la construction d’un site web informatif sur ce sujet, actuellement en voie de finalisation par les cadres de son ministère.
Les syndicats ont commencé Á protester. La fermeture des écoles! C’est ce que réclame le syndicat des enseignants, la Government Teachers Union, dirigé par Vinod Seegum. Selon lui, les enfants sont surexposés au virus de la grippe AH1N1. Du côté du ministère de l’Education, les grands moyens sont déployés pour lutter contre cette maladie. Les écoles se tiennent prêtes Á toute éventualité. Des salles d’isolements sont prévues et des désinfectants sont disponibles. Le ministère mise aussi sur une vaste campagne de sensibilisation.
«Pourquoi est-ce que le laboratoire de virologie n’a pas communiqué les chiffres disponibles depuis six mois afin d’avertir la population du danger qui la guette? », se demande Suttydeo Tengur, le président du Government Hindu Teachers Union, autre syndicat éducatif.
«Un fonctionnaire du ministère aurait-il bloqué cette information? La ministre de la Santé doit impérativement ouvrir une enquête et sévir contre les irresponsables qui agissent comme des amateurs en menaçant ainsi la santé publique”, a-t-il commenté.
La ministre Maya Hanoomanjee s’est voulue rassurante au Parlement en indiquant qu’avec le taux de personnes infectées par le virus de la grippe AH1N1, Maurice n’a pas encore atteint le seuil où l’on peut parler d’épidémie comme défini par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Jusqu’Á l’heure, si l’on en croit les statistiques disponibles, il y a eu 124 cas avérés de grippe A pour une population de 1,2 million d’habitants.
En se basant sur les explications de l’OMS, elle a ajouté qu’il n’y a pas eu de mutation du virus. Mais cela ne veut nullement dire que les risques ont été minimisés pour autant.
Le personnel médical public et privée, ainsi que la population, ont été invités Á se faire vacciner et Á prendre des précautions.
La ministre de la Santé aurait toutefois dÁ» avoir communiqué plus tôt sur la présence du virus Á Maurice et ne pas attendre qu’il y ait mort d’homme pour le faire. Mais blâmer Maya Hanoomanjee ne résoudra rien. En misant davantage sur une communication accessible, la ministre permettra aux Mauriciens d’accéder aux informations en temps réel pour mieux se protéger. Il faudrait sans doute aussi adopter un protocole d’action Á la mauricienne dans de telles situations d’urgence. Maya Hanoomanjee a donc du pain sur la planche.
Le conseil exécutif de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a l’intention de se réunir prochainement pour décider si l’on peut parler de la fin de la pandémie de grippe A (H1N1) ou pas. Une décision sera prise en fonction du comportement du virus. Or, rien n’indique que le taux de mortalité ait augmenté ou que le virus se soit adapté aux traitements prodigués.
C’est il y a un peu plus d’un an, soit le 11 juin 2009 que l’OMS a déclaré l’état de pandémie par rapport Á la grippe A (H1N1). Ce qui a donné lieu Á une mobilisation générale des services de santé Á travers le monde et Á des achats massifs de vaccins, dont une grande partie n’a pas été utilisée. Alors que l’hypothèse de plus de 500 000 morts Á travers le monde a été avancée, en avril dernier, on estimait que ce virus n’était responsable que de 17 919 décès. La grippe saisonnière cause quant Á elle entre 250 000 Á 500 000 morts par an, selon les statistiques de l’OMS. D’où son intention de reconsidérer la classification pour la grippe A (H1N1).
Jimmy Jean-Louis est journaliste Á Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links, qui apporte des perspectives nouvelles Á l’actualité quotidienne.
Comment on Grippe A Á Maurice…gestion complexe et alerte maximale!