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Ces derniers ne sont rien d’autre que des habits déjÁ portés par des Congolaises qui, en butte Á telle ou telle difficulté, se voient dans l’obligation de les proposer aux vendeurs qui vont, Á leur tour, les revendre moyennant une marge de bénéfices.
Veuve et mère de trois enfants, Germaine Muila pratique cette activité depuis 1993 au marché de Gambela. «Mes fournisseuses sont les femmes de directeurs d’entreprises et les femmes d’affaires qui font souvent la navette entre l’Europe et les Etats-Unis. A chaque fois qu’elles veulent se débarrasser de leurs vieux habits, elles viennent me les vendre Á un prix abordable. Ce qui me permet d’avoir un petit bénéfice. Lors d’une de leurs visites, je peux acheter jusqu’Á 10 Á 20 vêtements encore en bon état. Ainsi, j’ai une marge de bénéfice variant entre cinq et dix dollars US par vêtement ».
En sus de ces femmes, il y a également d’autres qui éprouvent des difficultés, notamment pour faire face Á une rentrée scolaire ou Á une maladie. «Celles-ci viennent avec un ou deux vêtements dits super wax de manière Á les revendre avec une marge n’excédant pas dix dollars US par pièce. Elles viennent vers moi et vantent la qualité de leurs tenues et l’originalité des motifs ».
Ces habits n’étant pas toujours en bon état, les vendeuses de «Buaka nzoto » prennent soin d’apporter une touche particulière Á leur étal. Après une lessive et une modification des coutures, ces habits sont repassés et exposés.
C’est avec les bénéfices provenant de ces ventes que Germaine Muila arrive Á arrondir ses fins du mois et couvre les besoins de ses trois filles et son loyer de 50 dollars US. Le seul problème est qu’une fois ces dépenses encourues, elle n’a pas de quoi économiser.
De son côté, Marie Moseka soutient que son commerce est d’un apport considérable pour son ménage. Mariée Á un fonctionnaire, celui-ci est incapable de subvenir seul aux besoins de sa famille. D’où son apport dans le budget familial.
Elle note qu’une pièce super wax neuve, achetée Á 120 dollars US, est proposée Á la vente Á 50 dollars US puis revendue Á 55 ou 60 dollars US, offrant ainsi l’opportunité de gagner 10, voire 15 dollars US. Dans le passé, confie-t-elle, les «Mamu », commerçantes qui venaient de Brazzaville et de Pointe Noire, achetaient d’un seul coup 40 Á 50 pièces qu’elles allaient revendre Á leur tour. Ce qui n’est plus le cas actuellement.
Avec son capital de 700 dollars US et ses gains, elle dit contribuer aux besoins de son ménage. Toutefois, explique Marie Moseka, au foyer, les tâches sont bien reparties. Son mari assure le paiement du loyer et les frais scolaires des enfants, et elle n’intervient que pour l’achat de l’alimentation.
Une autre commerçante, Jeannette Ngalula exerce ce métier depuis 17 ans. C’est avec cette activité qu’elle arrive Á subvenir aux besoins quotidiens de sa petite famille. Elle précise qu’il y a aussi la main de Dieu dans tout cela. Ses clients sont généralement des femmes incapables de réunir 120 dollars US pour s’acheter un pagne super wax très prisé et dont les frais de couture d’une camisole coÁ»tent 25 dollars US.
Pour pouvoir tout de même s’habiller, elles se rabattent sur les «Buaka nzoto » qui se négocient Á un prix relativement abordable. Même chose pour d’autres catégories de pagnes. Il faut préciser que le rôle de l’homme dans cette activité n’est pas moindre. «Nous leur servons de courtiers. Nous allons Á la recherche d’éventuels fournisseurs de vêtements que nous acheminons vers les mamans vendeuses », déclare José Liyolo.
Francine Umbalo est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links.
Comment on La Congolaise achète des vêtements de seconde main