La Congolaise Cathy Tara Yasimbu vend des Å“ufs pour assurer la survie de ses enfants


Date: November 5, 2009
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Elle achète des poussins de la race des pondeuses dans des fermes, les élève jusqu’Á  ce qu’ils atteignent l’âge adulte et soient Á  même d’assurer la ponte. Puis elle revend les poules quand elles ont vieilli. Nous sommes Á  l’Avenue Nzabi n °3, route de Matadi, commune de Ngaliema Á  Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. C’est lÁ  que se trouve le poulailler Djibo que dirige Cathy Tara Yasimbu.

Le poulailler Djibo abrite 800 poules qui pondent au moins un Å“uf par jour. Ce qui signifie que Cathy Tara Yasimbu a la possibilité de fournir des plateaux d’Å“ufs Á  ses clients dans certains marchés de Kinshasa. Les principaux se trouvent au marché central de Kinshasa mais aussi au marché Gambela, au marché de Matete et d’autres «wenze », petits marchés en lingala, une des langues nationales du pays.

Les clients passent commande avant et la livraison se fait dans un délai convenu entre les deux parties. Le paiement s’effectue soit au comptant, soit Á  crédit. Pour assurer l’entretien de son poulailler, Cathy Tara Yasimbu fait entière confiance Á  une équipe. «J’ai huit employés, tous des hommes. Chacun d’eux perçoit un salaire mensuel de 70 dollars US, soit 61 000 francs congolais, en sus du transport que je leur verse chaque jour. Ils bénéficient également de primes de motivation si la vente est bonne. Chacun de mes travailleurs a une famille et grâce Á  leur salaire, ils arrivent Á  pourvoir Á  tous les besoins de leurs enfants, que ce soit la scolarité ou les autres dépenses », assure Cathy Tara Yasimbu.

Jusqu’en début d’année, tout allait plutôt bien pour elle. Mais c’était sans compter la crise dont les effets se sont fait sentir sur ses affaires. «La crise économique a légèrement affecté mes affaires », reconnaît-elle. «Le nombre de clients qui achetaient mes Å“ufs a légèrement baissé. Si je n’avais pas épargné des sous qui m’ont permis d’acheter des vaccins pour mes poules et d’augmenter leur nombre, la situation aurait été catastrophique », indique Cathy Tara Yasimbu.

Cette dernière est résolue Á  diminuer certaines dépenses, surtout par rapport Á  son personnel. «Je travaille actuellement avec des personnes qui habitent non loin de mon poulailler et cela m’évite de trop lourds frais de transport pour eux au quotidien », explique-t-elle.

Mais malgré les répercussions de la crise sur ses affaires, elle est tout de même confiante que les choses reprendront car elle pense avoir créé une habitude alimentaire. Les Kinois consomment en effet de plus en plus d’omelettes. C’est plutôt bon signe pour ce secteur.

Cathy Tara Yasimbu n’est pas cachotière. Elle estime ses pertes Á  environ 2% de ses bénéfices. «Je m’en sors quand même. Mes fidèles clients viennent toujours s’approvisionner chez moi. Je dois préciser que je joue aussi le jeu car je pratique un prix abordable Á  leur intention. Cela me permet d’écouler plus rapidement mes Å“ufs. Actuellement, le plateau d’Å“ufs se vend Á  4 500 francs congolais, soit 5 dollars US. Mais, Á  mes plus fidèles clients, je propose un plateau Á  4 000 francs congolais, l’équivalent de 4 dollars US », explique-t-elle. Cette manÅ“uvre commerciale lui permet de conserver son réseau de clients réguliers.

Dans son entourage, Cathy Tara Yasimbu est considérée comme un modèle Á  suivre, même si les gens ignorent que cela n’a pas été facile pour elle de s’engager dans ce secteur. «Au début, j’ai été mal vue par mes amies. Elles s’étonnaient de voir une femme comme moi entretenir un poulailler. Pour elles, c’était une affaire d’hommes », se remémore-t-elle.

«Aujourd’hui qu’elles ont vu que mes affaires marchent, mes amies m’encouragent énormément. D’ailleurs, je suis une référence pour beaucoup d’entre elles. Il y a certaines qui veulent même m’emboîter le pas et avoir leur propre poulailler. Elles viennent me voir et me demandent conseils », déclare la patronne du poulailler Djibo.

Ernest Nsimba, client rencontré sur place, dit être content des relations d’affaires qu’il entretient avec Cathy Tara Yasimbu. «Je suis propriétaire d’une boutique Á  Binza Delvaux. Je vends des Å“ufs. Je m’approvisionne chez cette dame car ses Å“ufs sont excellents et mes clients sont de plus en plus exigeants. Ils veulent manger des Å“ufs produits localement et de qualité », confie-t-il.

Une autre cliente, Rachel Takongo, achète des plateaux d’Å“ufs au poulailler Djibo pour préparer des omelettes au petit marché de Binza/UPN. «Je préfère les acheter ici. Ce sont des Å“ufs de bonne qualité et leur prix est abordable. Au quotidien, je peux arriver Á  écouler trois plateaux d’Å“ufs. Je vends une omelette Á  250 francs congolais, soit 0.3 dollars US. Avec cet argent, je fais vivre mes deux enfants et je contribue également Á  leurs frais de scolarité », raconte-t-elle.

Grâce aux revenus générés par le poulailler, Cathy Tara Yasimbu a ouvert deux dépôts où elle vend des sacs de farine et de sucre. Elle compte en faire davantage Á  l’avenir. «J’ai également initié une de mes filles aux affaires car je voudrai qu’elle prenne le relai ».

Génie Mulobo Mwadi est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.


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