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Avec les pillages, son mari a perdu son emploi. Il a par la suite trouvé un autre travail mais celui-ci étant sous payé, il n’a pu prendre seul la charge de son foyer. Face aux difficultés du couple, la famille de Mamie Liumu lui a alors donné l’équivalent de cinq dollars US pour démarrer une petite affaire et parer aux temps durs.
”Mon mari gagne irrégulièrement 112.000 francs Congolais, soit environ 132 dollars US », explique Mami Liumu, «et cette somme ne suffit pas Á couvrir toutes les dépenses, la scolarité de nos quatre enfants, le loyer, et les autres besoins de la famille. Il ne faut pas oublier que nous les Africains, vivons en famille élargie”.
Selon elle, c’est pour combler ce déficit budgétaire qu’elle a décidé de quitter sa maison chaque jour Á 5 heures du matin pour se rendre Á l’état major de la police spéciale des roulages au centre ville de Kinshasa où elle cuisine et vend des omelettes. «J’ai opté pour le centre ville car c’est ici qu’il y a de l’affluence”, précise-t-elle.
En effet, dans la capitale congolaise, toutes les activités commerciales et les autres bureaux sont concentrés dans le centre ville. Ce qui fait que le matin, tout le monde ou presque se rend dans la même direction. ”Et comme le transport est difficile le matin, les gens sont pressés et n’ont pas le temps de petit déjeuner chez eux”.
Elle précise avoir des clients fidèles qui viennent acheter ses omelettes tous les jours. Elle doit donc être lÁ tôt pour qu’elle puisse les servir dès qu’ils se présentent Á elle et ainsi ne pas perdre sa clientèle. Mais si elle doit impérativement s’absenter pour cause de force majeure, elle avise toujours ses clients la veille de son absence du lendemain.
Mama Liumu dépense en moyenne 5000 francs congolais, soit six dollars US par jour, pour l’achat de ses Å“ufs et autres ingrédients et son bénéfice journalier varie entre 7000 et 8000 Francs congolais, environ entre sept Á neuf dollars US.
Ce petit profit lui permet de prendre Á sa charge le budget alimentaire de la famille. De ce fait, du lundi au vendredi, elle dépense près de 5000 francs congolais, soit près de cinq dollars US par jour, pour nourrir les siens. Son mari s’en charge le week-end car elle reste Á la maison pour faire le ménage et aussi parce que le samedi et le dimanche, la plupart des bureaux sont fermés.
André Luyeye, époux de Mama Liumu, est reconnaissant Á sa femme pour sa contribution dans le budget familial. «Dans la conjoncture difficile que traverse notre pays, elle m’aide beaucoup. Je réalise maintenant que Dieu a eu raison de créer la femme aux côtés de l’homme car sans l’aide de cette dernière, je ne sais pas ce que ma famille deviendrait” ajoute-t-il.
Mama Liumu explique comment elle dépense son argent. «De mes bénéfices, j’enlève 2000 francs congolais, près de deux dollars US par jour pour la tontine et chaque mois, je m’achète quelques présents tels que des bijoux fantaisie et des habits pour compenser mon labeur journalier’.’
Avec ses économies du mois d’aoÁ»t, Mama Liumu a acheté des uniformes scolaires pour ses enfants. A la fin du mois de septembre, elle compte participer aux frais médicaux de l’une de ses nièces qui va subir une intervention chirurgicale.
Soucieuse de l’avenir de ses enfants, elle a ouvert un compte bancaire qu’elle compte approvisionner régulièrement pour assurer les études supérieures de son fils cadet.
Comme ce travail l’expose chaque jour Á la chaleur, elle compte, si ses affaires tournent bien, engager une personne pour cuisiner les omelettes Á sa place. Elle envisage aussi de trouver une place dans l’un des marchés de la ville pour y vendre des habits de seconde main communément appelés friperies. Elle est convaincue que sans son petit commerce d’omelettes, sa famille ne survivrait pas.
Evelyne Luyelo est journaliste en République Démocratique du Congo. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.
Comment on La survie des siens grâce Á la vente d’omelettes