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Le changement climatique augmente les privations pour les mères africaines
Date: January 1, 1970
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Le changement climatique augmente les privations pour les mères africaines
Par Dingaan Mithi
La hausse des prix des denrées alimentaires de par le globe est un casse-tête quotidien pour beaucoup. Dans la plupart des sociétés vulnérables en particulier, le changement climatique a déjà un lourd bilan, menaçant les récoltes et augmentant l’insécurité alimentaire. Trouver des solutions à long terme et qui seraient durables contre cela est devenu une urgence mondiale. Le monde entier en ressent les pincements qui affectent davantage les plus pauvres, en particulier les femmes et les enfants.
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et de l’agriculture (FAO), l’agriculture, la foresterie et les pêcheries sont les secteurs les plus sensibles aux changements climatiques. Les changements de tendances dans la pluviométrie contribuent à de sévères manques d’eau ou à des inondations, et la montée de températures occasionne des modifications dans les saisons des récoltes.
Dans plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne comme le Malawi, l’agriculture alimentée par la pluie est la principale source de revenus des régions rurales et des économies nationales. Une recherche menée par Action Aid a trouvé que depuis 1970, le Malawi a vécu une escalade de désastres liés au climat, avec une sècheresse suivie d’une inondation en 2002, qui a occasionné une crise alimentaire historique. Depuis, ce pays a subi des crises alimentaires causées par des pluies erratiques et des inondations régulières subséquentes.
Dans le district de Phalombe, situé au sud du Malawi, tout près de la frontière avec le Mozambique, les femmes marchent de longues distances pour avoir accès au maïs entreposé dans les entrepôts de l’Agricultural Marketing and Development Corporation. Olive Keyala, qui a sept enfants, reconnaît que la pluviométrie imprévisible est en train d’affamer son district.
Elle ajoute qu’il est difficile pour les femmes de se lancer dans la culture sous irrigation car elle est trop chère. La saison sèche l’est encore plus que dans le passé et la digue construite il y a quelques mois est déjà à sec.
C’est la même histoire dans le district de Chiradzulu où les pénuries alimentaires font les femmes parcourir de longues distances à pied jusqu’à la ville commerciale de Blantyre pour vendre leurs légumes et tirer un maigre revenu leur permettant d’acheter du maïs.
Stelia Chimera a trois enfants et marche six heures avec son bébé sur son dos pour vendre ses légumes à Blantyre. Elle perçoit à peu près un dollar. Ce qui est loin d’être suffisant pour acheter quelques balles de maïs et faire survivre les siens.
«Je quitte la maison à 3h du matin avec mon enfant sur mon dos et nous atteignons la ville à 8h. Et avec l’argent que j’obtiens de la vente des légumes, j’achète le maïs qui est très cher», raconte-t-elle.
Dans un papier intitulé «la vulnérabilité liée aux changements climatiques et un aperçu des stratégies d’adaptation et les régions à faible pluviométrie au Malawi », Miriam Sabola de l’Université du Malawi déclare que le changement climatique et la variabilité de la pluie constituent déjà des défis majeurs pour la productivité agricole.
Elle note que les personnes vivant en régions rurales ont développé des stratégies traditionnelles d’adaptation pour pouvoir se débrouiller avec les effets du changement climatique sur la productivité agricole mais qu’elles ont besoin de soutien pour ces pratiques. «La plupart des activités agricoles de survie sont liées aux niveaux de pluviométrie et à leur fréquence qui ont beaucoup varié. Les fermiers ont développé certaines stratégies d’adaptation telles que la diversification des cultures, l’agriculture de conservation et la culture sous irrigation mais manquent de capacités pour leur application», remarque Sabola.
Selon Alex Saka, manager de la gestion du programme du changement climatique au département des Affaires Environnementales au Malawi, le dioxyde de carbone contribue mondialement à 66% des émissions de gaz à effets de serre, les Etats-Unis étant le pollueur majeur émettant jusqu’à 30.3% de ces émissions. Dans une tentative de réduire leurs émissions de carbone, des pays tels que le Brésil déblaient de vastes étendues de terres pour y faire pousser de la canne à sucre qui donne de l’éthanol, biocarburant représentant l’alternative aux carburants fossiles polluants.
Charles Jumbe qui est chercheur principal au Centre for Agriculture Research and Development (CARD), basé au Collège Bunda de l’Agriculture, déclare que la production de biocarburant offre des opportunités aux pays en voie de développement en raison de la disponibilité abondante de terres et de la main d’œuvre à bon marché.
Jumbe ajoute que la demande agricole croissante peut augmenter les revenus des fermiers ruraux si des biocarburants sont utilisés en complément avec la technologie avancée qui se concentre actuellement sur l’utilisation de résidus de récoltes tels que l’herbe et des morceaux de bois.
Cependant, Jumbe met aussi en garde contre le développement non-contrôlé des biocarburants qui peuvent causer d’immenses dégâts à l’environnement et détourner des ressources naturelles déjà insuffisantes telles que l’eau et les terres, vers la production de biodiesel.
En 2006, la totalité de la récolte de maïs des Etats-Unis a été dévolue à la production d’éthanol mais ce biocarburant n’a été utile à l’industrie automobile qu’à 2%. En éliminant l’essence, il faudrait peut-être doubler la culture de millions d’acres de terres. Nous devons faire très attention avant de développer des stratégies de biocarburants », a-t-il dit lors d’une présentation au cours de la deuxième conférence internationale sur les changements climatiques, organisée par le African Network for Agriculture Agro Forestry and Natural Resources.
Emile Van Zyl, chef de la microbiologie et des ressources naturelles à l’université de Stellenbosch en Afrique du Sud note que l’Afrique a un potentiel énorme pour la production de biocarburants du fait que l’énergie joue un rôle clé dans son développement économique.
«L’Afrique a le potentiel de produire un quart des biocarburants. Ce continent utilise 49% des énergies renouvelables et il peut booster la production agricole et contribuer à réduire les émissions de gaz à effets de serre », souligne Van Zyl.
Il minimise aussi les arguments à l’effet que les hausses des prix des denrées alimentaires résultent du développement des biocarburants. «Nous devrions avoir une production de biocarburant durable et se serrer les coudes pour que le biocarburant fonctionne. Commençons par connaître nos propres récoltes et apprendre à mieux les gérer », a-t-il dit.
Dans un papier intitulé «Placer le carbone et les biocarburants avec l’agroforesterie dans l’éducation », Arthur Jokela, directeur de Mafuwa, une organisation non-gouvernementale environnementale du Malawi, souligne que des pays situés en Afrique tropicale sont avantagés pour booster la sécurité alimentaire et les biocarburants dans un monde plein de défis et aux ressources limitées.
Jokela recommande que l’Union Africaine et le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique convoquent une réunion de haut niveau comme ils l’ont fait dans le passé, pour que la biotechnologie explore les moyens stratégiques de renforcer les capacités scientifiques de l’Afrique et mettent au point une règlementation et une gestion régionale des biocarburants, du carbone et d’adaptation aux changements climatiques mondiaux.
Bien que de telles conférences de haut niveau soient vitales, l’accès approprié aux informations simples et essentielles sur le changement climatique et ses variantes, de même qu’à propos des stratégies permettant aux plus affectés de se débrouiller, est essentiel pour l’adoucissement de l’impact. En aidant les pays les plus affectés à s’adapter à ces changements et à y répondre, allègera non seulement le poids placé sur les épaules des mères africaines mais aidera aussi ces pays à développer des stratégies à long terme pour la stabilité du continent en entier.
Dingaan Mithi est un journaliste et écrivain au Malawi. Cet article fait partie du service d’opinions et de commentaires de Gender Links qui apporte des perspectives nouvelles à l’actualité quotidienne.
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