Les chômeuses mauriciennes rêvent Á  devenir entrepreneurs


Date: June 19, 2010
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Une école de marketing est actuellement synonyme d’espoir pour de centaines de Mauriciennes qui se trouvent dans cette épineuse situation. Clarel Puttay et sa femme Pamela, ont lancé il y a trois ans YST Marketing, une entreprise qui forme gratuitement des femmes aux bases essentielles du marketing. A ce jour, le couple Puttay a formé plus de 500 personnes dont la majorité est constituée des femmes.

«Elles sont rejetées par tous, par la société, par un système favorisant les hommes, par leur manque d’éducation. Ma femme et moi avons décidé qu’on devait faire quelque chose pour ces femmes qui n’ont rien, Á  part leur détermination, » explique Clarel Puttay, directeur d’YST Marketing.

Wedsha Joly vient de terminer trois mois de cours intensifs en marketing chez YST. Cette femme de 29 ans, habitant Roche-Bois, est mère de deux enfants. Wedsha veut devenir une femme entrepreneur. Elle a fait des études jusqu’Á  la Form V. Pourtant, elle a commencé Á  travailler dans une firme de comptabilité mais n’a pas réussi et s’est retrouvée au chômage par la suite. Son rêve, c’est d’ouvrir une boulangerie Á  Roche-Bois.

La détermination est lÁ  mais Wedsha affirme qu’elle ne sait pas comment s’y prendre. «Quand on veut faire des affaires et monter son entreprise, la seule chose qui nous vient en tête, c’est où trouver de l’argent pour financer notre projet. Mais l’argent qui est important ne déterminera pas le succès ou non de notre entreprise. Il faut monter une entreprise qui soit viable et pour cela, j’avoue que je ne savais pas grand-chose jusqu’Á  ce que je suive ces cours gratuits de marketing. En les suivant, j’ai appris comment m’y prendre, comment vendre mes produits et assurer la survie de mon business. Mon mari est au chômage lui aussi et ce n’est pas évident car on a deux enfants Á  élever. Mais par la grâce de Dieu, je sais que je réussirai. Ce cours de marketing m’a donné l’assurance en moi et je crois désormais que je peux faire des grandes choses, tout comme le font les hommes. »

Une autre femme courageuse Á  se distinguer lors de ces cours a été Marie Claire Fanchon. Cette veuve de 63 ans habite Gookhoola Á  Piton, village situé au le nord du pays. Depuis la mort de son époux, il y a 15 ans, Marie-Claire a élevé seule sa fille. Cette dernière souffre de troubles mentaux et ne peut rester seule. Sans mari, elle s’est battue pour survivre.

«A 63 ans, on pense normalement Á  la retraite mais moi, je ne peux penser Á  cela. Je dois vivre et prendre soin de ma fille. Je dois m’occuper de ma maison, des factures Á  payer mensuellement et ce n’est pas avec la pension de retraite que je perçois que j’arriverai Á  faire tout cela. Ensuite j’ai entendu parler de ces cours gratuits délivrés Á  Port-Louis, la capitale, et je m’y suis inscrite et je ne regrette pas l’avoir fait. J’ai un certain niveau d’éducation car j’ai été scolarisée jusqu’en Forme 1. Mais cela remonte Á  bien longtemps et le monde a changé. En tant que femme, c’est difficile de s’adapter Á  ce monde qui est si rapide. Mais j’ai essayé. J’ai suivi ce cours car je suis couturière et je veux monter ma propre affaire et fabriquer des vêtements pour bébés ».

Ce cours, explique-t-elle, lui a appris comment attirer, traiter et garder ses futurs clients. «Je ne dispose pas de suffisamment de fonds pour le moment et Á  mon âge, c’est très difficile d’obtenir un emprunt. Mais je suis confiante d’y arriver car je fais des économies. Et je compte aussi apprendre l’anglais. Le directeur de YST Marketing m’a promis de m’aider sur ce point ».

Marie-Claire Fanchon est très déterminée Á  réussir et Clarel Puttay le reconnaît. «Sa détermination nous a tous surpris. Venir tous les jours ici en autobus depuis Piton demande un courage hors du commun pour une sexagénaire. Mais au bout du compte, ce cours l’a non seulement émancipée mais a aussi été une source de joie dans sa vie. Il n’y a rien qui me rende plus heureux », souligne Clarel Puttay.

Suchita Boodhun, 48 ans, a le même rêve que Marie-Claire Fanchon et Wedsha Joly: celui d’être la patronne de sa propre entreprise. Suchita a connu des années difficiles comme employée de la zone franche manufacturière et ne souhaite pas y retourner. Elle veut monter une entreprise qui confectionnera des plats surgelés pour végétariens. Elle l’a déjÁ  fait dans le passé mais sur une petite échelle et maintenant, elle veut que son projet prenne de l’ampleur. «Maurice avec ses différentes religions et cultures, a une grosse clientèle végétarienne et je veux travailler pour cette clientèle-lÁ . Mais je ne savais pas par quel bout commencer. Grâce Á  cette formation en marketing, j’ai su comment je vais vendre mes produits et comment professionnaliser mon travail. Des fois, on dit que pour qu’un travail soit bien fait, il faut le faire avec amour. Je le crois mais le professionnalisme demeure un atout majeur dans toute réussite. »

Et comme Wedsda Joly, Suchita a le soutien de son mari, qui a visiblement déjÁ  postulé pour être employé dans la future entreprise cuisinant des surgelés végétariens.

Outre l’apport d’YST Marketing, ces cours gratuits sont dispensés grâce Á  un apport financier de Hotel Le Marina et de l’entreprise Tropical Cubes. Clarel Puttay espère former un plus grand nombre de femmes cette année. «Vous savez, ces cours ne durent que 13 semaines. Puis, elles sont soumises Á  un examen. Ces 13 semaines changent leur vie car elles ne croyaient plus en elles. Ces cours sont également ouverts aux hommes, même si les femmes, qui sont plus vulnérables économiquement, méritent d’être privilégiées, » soutient-il.

VoilÁ  une entreprise qui apporte une lueur d’espoir Á  toutes ces femmes qui ont perdu leur emploi et qui ne savent plus Á  quel saint se vouer…

Leevy Frivet est journaliste Á  Maurice. Cet article fait partie du service de commentaires et d’opinions de Gender Links.

 


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